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Masterclass Série Series 2016: Nathaniel Méchaly

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- Le compositeur Nicholas Jorelle rencontre le compositeur Nathaniel Méchaly lors du festival Série Series 2016

Masterclass Série Series 2016: Nathaniel Méchaly

(© Sylvain Bardin & Philippe Cabaret)

Nicolas Jorelle est heureux d’accueillir sur scène Nathaniel Méchaly, compositeur de nombreuses musiques de films et séries, ainsi que d’habillages sonores pour la télévision ou pour des évènements organisés par de grands groupes de mode.

Écrire une musique qui n’existe pas 

Nathaniel Méchaly entre au Conservatoire National de Marseille où il étudie le violoncelle et la musique de chambre pendant quinze ans ; puis il entre à l’IRCAM de Paris pour y étudier la composition électroacoustique. Dès 1993, il signe les habillages sonores de plusieurs chaînes comme Paris Première, Ciné Cinéma ou TF1 Jeunesse. ‘’J’ai eu cette chance, car j’estime qu’il s’agit d’une chance, de pouvoir créer et écrire une musique qui n’existe pas’’. Par ‘’musique qui n’existe pas’’, Nathaniel Méchaly entend une identité sonore ; ‘’une musique qu’on ne pourra pas entendre dans une série ou un film’’. Cette expérience a été une école formidable, autant d’un point de vue créatif que sonore. Nathaniel Méchaly n’avait pas une formation d’écriture musicale. Ce premier emploi lui a offert l’opportunité de produire de la musique. ‘’J’ai appris en faisant’’.

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Après avoir composé des génériques pour France 3 (le Soir 3), Nathaniel Méchaly a été contacté par Jean-Marie Cavada pour écrire la musique du générique de La Marche du Siècle. Pendant deux ans, il a composé, chaque semaine, un générique différent adapté au thème de l’émission (soit 70 génériques au total).

À la même époque, Gabriel Yared, Alexandre Desplat et Jean-Claude Petit ont créé, à l’initiative de Jean-Pierre Arquié, une association – Academy Pléiade –, dans laquelle de jeunes compositeurs avaient l’opportunité de présenter leur travail. Nathaniel Méchaly a été sélectionné, sur une centaine de candidats, pour son travail sur La Marche du Siècle. Il a ainsi collaboré pendant dix ans, en tant qu’assistant, avec Gabriel Yared, son « maître de musique ». C’est en quelque sorte lui qui, l’ayant pris sous son aile, lui a ouvert les portes du cinéma.

Composer pour le cinéma vs composer pour les séries

En 2004, Nathaniel Méchaly débute au cinéma en composant la musique du film Avanim de Raphaël Nadjari. Il collaborera avec de grands réalisateurs comme Guy Ritchie ou Richard Berry et travaillera sur plusieurs films produits et/ou écrits par Luc Besson (Revolver, La Boîte noire, la trilogie Taken, Colombiana…).

Nicolas Jorelle interroge en l’occurrence Nathaniel Méchaly sur les spécificités de la composition de musique pour les séries, et selon lui, dans une série, hormis le générique qui doit être extrêmement identitaire, l’espace créatif est celui de l’instant. On ne peut pas, comme au cinéma, développer une idée en profondeur ou un thème trop complexe. La musique de série se doit d’être immédiate et réactive. ‘’Le cinéma offre une poésie que la série ne peut pas complètement atteindre’’.

Jour Polaire

Nathaniel Méchaly a composé la musique de la série Jour Polaire, la nouvelle série originale de CANAL+, une coproduction franco-suédoise. L’action de ce thriller se déroule aux confins de la Laponie, dans le pays des Samis. Leïla Bekhti interprète Kahina Zadi, la capitaine de l’Office central pour la répression des violences aux personnes, envoyée à Kiruna pour enquêter sur le meurtre violent d’un Français. Pour trouver le mystérieux tueur, elle fait équipe avec le procureur Anders Harnesk, incarné par Gustaf Hammarsten (Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes).

Nathaniel Méchaly avoue que cette série est un cas particulier et contredit tous les propos qu’il a tenus jusqu’à présent. Jour Polaire a été créé par le duo Måns Mårlind et Björn Stein et a donc la particularité d’être une ‘’série d’auteur conçue comme un long métrage de huit heures’’. L’histoire, très forte, se développe comme dans un livre de huit tomes.

Projection du générique de Jour Polaire

Le générique reprend un chant traditionnel sami, un peuple du nord de la Suède dont l’oppression est dénoncée dans la série. Cette chanson, d’une incroyable pureté et aux sonorités très mystérieuses, est l’un des thèmes principaux de la série. Elle est devenue l’identité de Jour Polaire.

Projection d’un extrait du premier épisode

Un extrait de six minutes du premier épisode de Jour Polaire est projeté. Les sons et les dialogues ont été supprimés, seule la musique demeure. Dans cette séquence, Leïla Bekthi, qui incarne le personnage principal, est confrontée à son fils. La scène est remplie de tension. Plus loin dans l’extrait visionné, l’actrice déambule dans les rues de Paris, presque hagarde. Elle fond en larmes, puis se blesse volontairement à la main en écrasant sa paume sur un clou. La douleur semble lui apporter du réconfort. Dans la dernière partie de l’extrait, elle est dans un taxi. Elle apprend par téléphone qu’un meurtre a été commis en Suède et que la victime est française.

Nathaniel Méchaly aime particulièrement cet extrait. La musique lui semble y être ‘’à sa place’’. Dans la première partie, Kahina Zadi revoit son fils. La musique est discrète, ‘’elle arrive par derrière’’. Pendant le long travelling dans les rues de Paris, la musique gagne au contraire en intensité, jusqu’à ce que le personnage se blesse, la composition accompagne et exprime sa douleur profonde. Dans la dernière partie, la musique se veut plus modeste. Elle a pour fonction d’accompagner les dialogues, d’exprimer une humeur, de poser un climat.

Jour Polaire marque vraiment la rencontre entre Nathaniel Méchaly et Leïla Bekthi qui, pour lui, porte la série de bout en bout. ‘’Elle était tellement belle et puissante que je me devais de l’accompagner, de lui offrir un support et de lui rendre l’énergie incroyable qu’elle développait’’. Principale inspiratrice de Nathaniel Méchaly, Leïla Bekthi est comme ‘’le fil conducteur’’ de la musique qui la suit dans toutes ses émotions. Plus généralement, ‘’on ne peut pas faire une bonne musique sans de bons acteurs’’. Le musicien est le premier spectateur de la série, il réagit à ce qu’il voit.

La création de la musique de Jour Polaire a été une expérience incroyable, souligne Nathaniel Méchaly. Il s’est rendu dix-huit fois en Suède, sur une période de six mois, pour composer sur place (la production lui avait installé un studio). ‘’La musique a été composée dans une forme d’interactivité totale’’. Måns Mårlind et Björn Stein (également réalisateurs des huit épisodes) étaient constamment présents, réagissaient en direct. Pendant six mois, Nathaniel Méchaly s’est consacré entièrement à ce projet. ‘’L’énergie créatrice était telle que je me suis pris au jeu sur cette série’’. ‘’Je me suis mis sous bulle’’, confesse-t-il. Il est encore aujourd’hui hanté par la série.

Composer la musique d’une série télévisée est toujours une expérience forte et engageante. Nathaniel Méchaly indique qu’il faut parfois composer jusqu’à 40 minutes de musique en une semaine. C’est toujours un défi qui exige une forme de ‘’dépassement de soi’’. Pour Jour Polaire, la musique est constamment originale et ‘’il n’y a jamais eu de redite’’. ‘’Je ne pouvais pas me le permettre’’, ajoutet-il, ‘’l’actrice était si formidable’’.

En conclusion, Nathaniel Méchaly apporte quelques conseils aux compositeurs. Il faut toujours être prêt, et donc, ne jamais s’arrêter de composer. Car ‘’le jour où vous démarrez un projet, la composition ne peut pas être un problème’’: la création doit pouvoir jaillir instantanément.

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