La scène nous est aussi familière que si nous y avions été : une fête d'anniversaire capturée par un caméscope, un gâteau, des rires et la complicité de ceux qui partagent une histoire. Ainsi s'ouvre le film, au plus près de ces trois sœurs qui n'ont pas le même nom. Qu'est-ce qui lie Shelly, Sian et Linda ? Pour raconter leur histoire, dit Peter Entell derrière la caméra, il aurait fallu commencer il y a sept ans quand Shelly et Linda se sont parlé pour la première fois. Peu importe, retournons encore plus loin, dans le village de Suisse où Sian et Shelly ont grandi. De là, reconstituant par bribes leurs parcours entrecroisés sur plusieurs décennies, de l'Australie à la Suisse, le film déroule les liens qui les unissent - biologiques ou non – en une narration qui ménage le suspense sans jamais se départir de sa délicatesse, laissant çà et là des zones d'ombre d'où émerge la personnalité fantasque et énigmatique de Shelly. Réflexion sur l'amitié, le destin, et sur la capacité de chacun à infléchir le sort, Sisters démontre encore une fois le talent de Peter Entell à saisir l'intime pour le rendre universel.