25/08/2009

Avant même de tourner son premier mètre de pellicule cet été, la société UFA Cinema, petite nouvelle sur la scène de la production allemande, avait déjà fait les gros titres plusieurs fois ces dix-huit derniers mois. La communauté du cinéma s'est montrée intriguée dès la fin de 2007 quand UFA , qui fait partie de FremantleMedia, branche production du groupe RTL, a annoncé la création d'une nouvelle société de production et de distribution orientée sur les longs métrages à destination du marché allemand et du marché international. Cette nouvelle maison, basée à Potsdam et Munich, a immédiatement réussi un tour de force (en avril 2008) en convainquant Thomas Peter Friedl, après 18 ans chez Constantin Film, de rejoindre le DG d'UFA, Wolf Bauer, la DG de teamWorx, Nico Hofmann, et le directeur exécutif chez teamWorx Juergen Schuster à la direction d'UFA Cinema.

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Un moment bien choisi
La décision de fonder UFA Cinema n'aurait pas pu arriver à un meilleur moment, selon la direction de la société. "Bien que le secteur du long métrage continue d'être très variable et dépendant des gros succès, la part de marché des productions allemandes est en augmentation continue, a souligné Wolf Bauer. En 2008, le cinéma allemand a atteint son meilleur niveau depuis 1991, avec une part de marché totale de 26,6%".

"Le modèle de financement (le fonds fédéral DFFF) instauré par le ministre de la Culture Bernd Neumann et les différentes opportunités que la numérisation a ouvert pour les longs métrages ont grandement amélioré les paramètres économiques de leur production et de leur exploitation, poursuit Bauer. En outre, la position du cinéma allemand à l'étranger s'est considérablement renforcée. Les films allemands sont devenus un produit exportable très demandé. En bref, la production à grande échelle est redevenue un modèle viable".

Des projets en tous genres
Sur le fait qu'UFA Cinema a mis en route des productions aux budgets allant de 5 à 30 millions d'euros, Nico Hofmann commente : "l'agenda des productions d'UFA Cinema met clairement l'accent sur un cinéma d'auteur au fort attrait commercial dans une large variété de genres".

Parmi les projets d'UFA Cinema, on trouve des adaptations par le scénariste et romancier David Safier (Lousy Karma et Jesus Loves Me), par le maître de la bande-dessinée Ralf Koenig (Hempel's Sofa et Prototyp), par le scénariste de The Reader, Bernhard Schlink (The Weekend) et par Leonie Swann (Glennkill). La société produira également une version en allemand du thriller politique Vaterland de Robert Harris et une adaptation en anglais, pour le marché international, du best-seller de Noah Gordon "The Physician".

Dans le domaine du divertissement familial, cet été a vu le début du tournage de deux projets : The Devil's Kickers de Granz Henman (adaptation des livres de Frauke Nahrgang) et The O'Sullivan Twins, premier long métrage à s'inspirer des romans d'Enid Blyton.

Le troisième genre vers lequel UFA Cinema se tourne est la comédie car, comme le souligne Friedl, "quand on voit les 180 films allemands qui sortent chaque année, la proportion des comédies est assez faible". De fait, une des premières productions entreprises par UFA Cinema cet été appartient à cette catégorie. Il s'agit de la comédie loufoque Pigeons on the Roof, du scénariste et réalisateur Otto Alexander Jahrreiss.

Puisque le public prend de l'âge et devient plus exigeant, la société s'est aussi donné la mission d'identifier les sujets qui plaisent à cette tranche d'âge. "La France fait beaucoup plus de films politiques, par exemple, et je pense que nous pourrions prendre ce chemin", assure Friedl. Deux projets dans cette veine politique sophistiquée sont en préparation : une adaptation du roman controversé de Robert Harris "Vaterland" et le thriller politique It's God's Will, basé sur le roman éponyme de Christian Schoenborn.

Le cinquième domaine du cinéma auquel s'intéresse UFA Cinema, c'est le cinéma des jeunes réalisateurs émergents, prolongement naturel de l'engagement de Friedl et Nico Hofmann autour des prix annuels "First Steps", à Berlin, ainsi que du rôle de Hofmann en tant que professeur à l'Académie de cinéma de Ludwigsburg.

Un des premiers projets de la nouvelle société dans ce genre sera le premier long métrage du réalisateur oscarisé Toke Constantin Hebbeln, l'histoire d'amour est-ouest Niemandsland, coproduit par la société berlinoise montante Frisbeefilms.

Des partenariats stratégiques
Au mois d'avril, un partenariat stratégique avec Universal Pictures International (UPI) et Focus Features International (FFI) a été annoncé, par lequel UPI devient le distributeur exclusif, au cinéma et sur support vidéo, des productions d'UFA Cinema dans les pays germanophones. FFI pourra choisir de coproduire avec UFA des gros titres destinés au marché international et d'exercer une option sur les ventes internationales de certains films produits par UFA Cinema.

"Bien que nous souhaitions nous concentrer sur des projets en langue allemande, nous avons un bon nombre de projets en anglais en cours et sommes donc ravis d'avoir un partenaire qui a de l'expérience dans la production, les ventes et la distribution sur le marché mondial, déclare Friedl. C'est un partenariat stratégique qui marche dans les deux sens, c'est-à-dire que nous allons travailler ensemble dans tous les cas où ce sera pertinent. Ainsi, nous pourrons aussi participer à des projets entrepris par Focus ou Universal ici en Allemagne, car nous pourrons y apporter notre savoir-faire".

Le chapitre suivant
L'irruption d'UFA Cinema parmi les nouveaux acteurs de l'industrie allemande n'est certainement qu'un début. "L'idée d'exporter le modèle UFA Cinema dans d'autres territoires est la troisième étape de notre stratégie, explique Bauer. Nous sommes convenus avec notre actionnaire de commencer par la production puis de se tourner vers la distribution. Une fois ces opérations réussies, nous songerons à exporter notre modèle à des marchés européens clefs, comme la France, l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni".