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Christoph Schaub • Réalisateur

“Savourer pleinement chaque période de la vie”

par 

- Après avoir œuvré avec succès dans la comédie, le cinéaste suisse a hérité d'un magistral scénario de Martin Suter scrutant les âges de la vie avec humour et délicatesse

Cineuropa : Dans quelles circonstances le scénario de La disparition de Giulia [+lire aussi :
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interview : Christoph Schaub
fiche film
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(Giulias Verschwinden) est-il tombé entre vos mains?
Christoph Schaub : Martin Suter l’avait écrit pour le cinéaste Daniel Schmid, mais il est décédé en 2006. Marcel Hoehn (T&C Film), qui a produit presque tous ses films et plusieurs des miens, me l’a offert après l’avoir laissé reposer pendant un an et demi. Quand je l’ai lu, j’ai beaucoup ri. L’année dernière, j’ai eu 50 ans – le milieu de la vie! – et c’est peut-être l'une des raisons qui m’ont décidé à me lancer dans l'aventure. Le processus du vieillissement m'intéresse particulièrement, parce que la propre perception que j'ai de mon âge est en constante contradiction avec les comportements dictés par la société lorsqu'on a 20, 30 ou 50 ans.

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En 1989, vous aviez d’ailleurs réalisé un film intitulé Trente ans
C’était un adieu à la jeunesse. A 30 ans, il faut quitter cette période merveilleuse, être raisonnable, assumer des responsabilités. A 50 ans, on ne peut plus y échapper!

Qu’est-ce qui vous a particulièrement séduit dans ce scénario?
Le propos, qui rappelle qu'il faut savourer pleinement chaque période et chaque instant de l'existence et qu'il y a un lien dialectique entre la soif d'expériences propre à tel ou tel âge et la capacité à franchir sereinement l'étape suivante: si l'on pas su profiter de sa jeunesse, il est plus difficile de vieillir. L’originalité de la structure et de la dramaturgie de ce scénario de film choral m'a aussi emballé.

La disparition de Giulia démontre aussi que la jeunesse ne se mesure pas seulement à l’aune de l’âge…
Il est effectivement inattendu de voir des jeunes déjà un peu fanés et des vieux débordant de vitalité! Le film jongle avec les clichés, les conventions et les sentiments en explorant simultanément trois périodes de la vie.

Les dialogues sont époustouflants! Avez-vous retravaillé le scénario avec Martin Suter?
Quand j'ai reçu le scénario, il était terminé. J'ai quand même fait part de mes idées à Martin Suter pour le début et la fin, mais il est écrivain, il aime travailler seul et il a fait ces retouches lui-même. C’est vraiment un maître du dialogue et la collaboration avec lui est très agréable et très ouverte. Il a beaucoup d’humour, d’expérience et d'imagination pour les situations insolites. Ce qui me plaît particulièrement, c’est la tension qu'il parvient à créer en débusquant les failles entre l’être et le paraître.

Corinne Harfouch et Bruno Ganz forment un couple magnifique. Avez-vous tout de suite pensé à ces deux acteurs?
Corinne Harfouch est très connue dans la sphère germanophone et j’ai tout de suite pensé à elle. A 68 ans, Bruno Ganz est un peu une star, mais c’est surtout une personnalité capable de jouer en marge du film. Son charisme était indispensable à la crédibilité du personnage fragile et délicat de John, qui tombe du ciel comme un ange. Quand il rencontre Giulia le soir de son anniversaire, elle accepte de le suivre dans un bar alors qu'elle est attendue ailleurs. Pour que le pouvoir de fascination fonctionne, il fallait vraiment un acteur de l'envergure de Bruno Ganz.

Comment avez-vous travaillé avec les nombreux acteurs et réussi à tenir la tension dramatique de scènes très longues?
Diriger beaucoup de personnages est un vrai défi pour un réalisateur, notamment une scène de neuf minutes avec sept personnages assis à une table! Avant le tournage, j’ai fait des répétitions avec les acteurs pendant quelques jours et c’était un plaisir parce qu'ils aimaient beaucoup les dialogues. Avec le chef opérateur Filip Zumbrunn, nous avons décidé de travailler avec deux caméras sur un seul axe de lumière. C'était la bonne solution pour maîtriser cette scène avec beaucoup de dialogues et pour capter les regards et les sourires qu'échangent les personnages quand ils ne parlent pas. Les acteurs ne savaient pas quand ils étaient à l’image et ils étaient très concentrés, si bien que leur jeu a beaucoup gagné en intensité, en énergie, en rapidité et en vitalité !

Le film a remporté le Prix du public au Festival de Locarno. Comment a-t-il démarré sa carrière internationale?
Pour l'instant, il devrait sortir en Allemagne, en Autriche et en Espagne. Et bien qu'il s'agisse d'une production entièrement suisse, j’ai bon espoir qu'il fasse une carrière internationale satisfaisante.

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