email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Babak Najafi • Réalisateur

Le désir de créer un lien avec le public

par 

- Babak Najafi • Réalisateur Le désir de créer un lien avec le public

Babak Najafi, 35 ans, d'origine iranienne mais installé en Suède depuis l'âge de douze ans, a gagné le prix du meilleur premier film de la 60ème Berlinale pour Sebbe [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
. À quelques jours de la sortie du film sur les écrans suédois (distr. SF), il s'est entretenu avec Cineuropa.

Cineuropa : Que représente pour vous ce prix à Berlin ?
Babak Najafi : Quand on fait un film, on ne sait pas s'il intéressera les gens ou pas. Quand on gagne un tel prix, on se rend compte que son film a su toucher les gens. En outre, pour un réalisateur débutant, il n'est pas facile de trouver des financements ; ce prix facilitera, je l'espère, les choses pour mon deuxième film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Quand avez-vous décidé de devenir cinéaste ? Qu'est-ce qui a influencé ce choix ?
Je suis né en Iran et j'y ai vécu jusqu'à mes douze ans. En 1980, la guerre entre Iran et Irak a commencé. J'avais un voisin qui a réussi à acheter un magnétoscope – nous habitions dans un immeuble composé de plusieurs appartements – alors pour oublier les bombes, nous appelions les autres voisins et nous réunissions pour regarder des films étrangers qui ne passaient pas à la télévision. Toutes les après-midi, après l'école, je passais de bons moments devant ces films.

Quand nous avons déménagé en Suède, à Uppsala, il y avait un centre média où ils organisaient des ateliers. Je m'y suis retrouvé par hasard et y ai découvert la réalisation. J'ai par la suite étudié à l'Institut d'art dramatique de Stockholm, où j'ai rencontré beaucoup d'amis avec lesquels je travaille toujours, dont mes producteurs Rebecka Lafrenz et Mimmi Spång.

Sebbe montre une Suède qu'on voit rarement au cinéma, celle de la classe ouvrière pauvre…
Je voulais raconter une histoire de séparation. C'est un sentiment important dans ma vie et quelque chose de très complexe et j'ai pensé que c'était un bon point de départ pour une histoire, une chose qui pourrait arriver à n'importe qui. Pour ce qui est du thème de la pauvreté, j'avais l'impression que la plupart des films que j'avais vus ne traitaient pas de ce sujet. Quand on vit en Europe de l'Ouest, on a une vie si confortable qu'on oublie l'autre versant de la société, ou peut-être ne veut-on pas le voir, parce que c'est plus facile. Pour moi, il était important d'en parler.

Est-ce parce que vous vouliez que tout le monde puisse s'identifier au personnage principal que vous avez choisi un non-professionnel (Sebastian Hiort) pour le rôle de Sebbe?
Quand je vois des films américains, la plupart reposent sur une bonne histoire et sont très bien faits, mais j'y vois aussi Robert de Niro ou Julianne Moore et pas les êtres humains qui sont dépeints dans le film. Je respecte totalement les acteurs, mais pour ce film, il me fallait un acteur inconnu afin que le récit reste ancré dans le réel.

Sebbe a été comparé au réalisme social de Ken Loach et Andrea Arnold. Qu'en pensez-vous ?
C'est naturellement un grand honneur, mais en même temps, nous avons tous des parcours différents et donc des univers créatifs différents. Quand on a une histoire, il faut être honnête avec soi-même, pas essayer d'imiter quelqu'un d'autre. Pour moi, un des plus grands cinéastes qui aient existé est Stanley Kubrick. Tous ses films sont très différents entre eux. En tant que réalisateur, qu'on fasse un film de science-fiction ou un drame ou autre chose, ce qui compte c'est de créer un lien avec un public.

Quel sera votre prochain projet ?
Je suis en train d'écrire un nouveau scénario. Pour moi, le processus d'écriture est long et ardu. De nouveau, j'espère que l'histoire aura un attrait universel. Elle évoquera un thème politique, une autre chose qui m'est très importante.

Puisque vous mentionnez la politique, que pensez-vous de l'arrestation de Jafar Panahi en Iran?
J'en ai grand honte. Quand j'étais à Berlin, j'ai rencontré un autre grand réalisateur iranien et quand je lui ai demandé ce qu'il faisait, il m'a dit : "Rien ! 60 ou 70 millions d'Iraniens s'attendraient à ce que je fasse un certain type de film avec une histoire forte, le genre de film que je ne pourrais justement pas faire parce que cela me vaudrait la prison ou la mort". Cela m'a rendu très triste. Pour un réalisateur, la question c'est : "Est-ce la peine de prendre un tel risque, de se mettre en danger et surtout de mettre en danger sa famille ?". Il est très difficile de trouver une réponse à cette question.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy