email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Stefano Rulli • Président de "100autori"

La réduction des aides à la Culture comme symptôme d'une "myopie économique"

par 

Ces derniers mois, les rapports entre le ministre de la Culture Sandro Bondi et le monde du cinéma se sont envenimés, suscitant souvent un conflit ouvert entre le ministre et l'association 100autori, constituée en 2008 par un mouvement de réalisateurs et scénaristes pour le renouvellement des structures publiques qui régissent le cinéma italien.

100autori a entrepris des batailles importantes qui ont rallié au mouvement, puis à l'association, de très nombreux cinéastes confirmés pour les associer dans la discussion à une masse de jeunes auteurs moins établis. 100autori compte à ce jour plus de 380 membres, dont Paolo Sorrentino, Marco Bellocchio, Ferzan Ozpetek, Giuseppe Piccioni et Liliana Cavani.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Au-delà des polémiques, l'objectif de 100autori est de mettre fin à l'état de permanente précarité du cinéma en plaidant pour l'approbation d'une loi sur le Centre expérimental de la cinématographie qui est en discussion depuis longtemps au Parlement. "Nous sommes prêts à contribuer en donnant des idées et à discuter d'une organisation du Centre qui lui donne une forte autonomie par rapport au ministère, un programme et encore beaucoup d'autres choses à préciser", a souligné pour Cineuropa Stefano Rulli, le président de 100autori.

Cineuropa : Il y a indubitablement une dispersion des ressources et des financements, mais Cinecittà Luce, établissement créé en mai 2009, n'est-il pas déjà censé les coordonner ?
Stefano Rulli : Cinecittà Luce est une boite vide, comme l'a décrite le ministre lui-même, et la menace de démission de son président Roberto Cicutto en témoigne. Il faut viser à la mise en place d'un centre national de la cinématographie qui soit représentatif des différents métiers du cinéma et propose des mécanismes de financement clairs.

Entre temps, le Fonds unique pour le spectacle s'amenuise de plus en plus.
Les financements au cinéma annoncés n'aideront pas la production, mais nous ne défendons pas à outrance le FUS non plus. Le cinéma italien doit être financé par ceux qui l'exploitent. Il est faux de dire que peu de gens voient nos films, et même ils n'ont jamais été plus vus - sur DVD, sur les chaînes payantes, les plateformes numériques, les fournisseurs d'accès Internet... Des entités exploitent le cinéma italien et en tirent des revenus qui ne le financent pas.

Il y a eu certains changements : les crédits d'impôts, introduits récemment, fonctionnent bien.
Ces formes de financement peuvent être intéressantes quand elles n'aboutissent pas à avantager le duopole RAI - Mediaset. Les crédits d'impôts servent à aider les producteurs indépendants. Si les deux colosses sont aussi de la partie, il ne reste plus de place pour les plus petits.

RAI Cinema a un rôle fondamental.
Le succès du cinéma italien à l'étranger est la preuve que globalement, cette entreprise a une démarche intéressante. De fait, nous ne comprenons pas pourquoi la décision a été prise de remplacer sa directrice Caterina D'amico, qui a répondu avec passion à une série de demandes que nous avons formulées en plus de s'acquitter d'aspects normaux, comme de restituer une transparence. Nous avons justement demandé de discuter de questions éditoriales, y compris pour la fiction télévisée. Nous ne sommes pas corporatistes, mais en cette période de crise, nous voulons analyser les réductions de budget imposées dans notre secteur. Les secteurs productifs ne subissent pas de réductions et l'innovation est financée. Les crises économiques doivent nous engager à inventer de nouveaux modèles pour la production.

Il y a eu au mois de juin des manifestations contre la diminution des aides publiques, du cinéma à l'université.
Nous nous sommes unis à ces protestations parce que ces diminutions, en plus de causer d'énormes dommages à un secteur important comme celui de l'audiovisuel et de la culture en général (qui participent à la construction d'un imaginaire et d'une identité nationale), représentent un problème de myopie éonomique : ces hommes politiques, qui se disent si attentifs au libre échange, ne comprennent pas l'importance et l'impact central d'un secteur qui touche pourtant également le tourisme. Diminuer le budget accordé à notre secteur est un geste suicidaire, surtout sur plan économique.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy