email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

John Michael McDonagh • Réalisateur

“Ma révolte, on la retrouve dans le personnage”

par 

- Après des années d’un parcours avorté pour passer à la réalisation, John Michael McDonagh présente L'Irlandais, prix du public au dernier Festival de Sarajevo.

John Michael McDonagh sort enfin son premier film en tant que réalisateur après des années de parcours avortés dans l’univers du cinéma. Son scénario de Ned Kelly, le biopic du célèbre bandit australien, avait en effet été victime de profonds remaniements imposés, sources d'une grande frustration pour Lui. Et, entre temps, son frère Martin a réalisé In Bruges [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, un beau succès européen, aujourd’hui, John Michael McDonagh tient une belle revanche avec L'Irlandais [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : John Michael McDonagh
fiche film
]
(The Guard)qui a dépassé Bons baisers de Bruges au box-office irlandais. Cineuropa a rencontré le réalisateur, très en forme lors de son passage au Festival de Sarajevo où le film a remporté le prix du public en enregistrant le plus haut score de l'histoire du festival.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Votre épouse est productrice associée du film tout comme votre frère, qui, par ailleurs est aussi réalisateur et scénariste. Votre désir de cinéma est-il venu de la famille ?
John Michael McDonagh : Pas vraiment. Il est venu du cinéma lui-même qui a tendance à m’énerver ces derniers temps, surtout en Grande Bretagne où des films complètement nuls sortent en salle chaque semaine. Quelle frustration de se dire que ces gens-là arrivent à trouver l’argent pour de tels déchets décalqués les uns des autres. Ma révolte, on la retrouve dans le personnage de Brendan Gleeson puisqu’elle a été mon principal moteur tout au long de l’écriture... et mon frère est plus jeune que moi. C’est à lui de prendre exemple sur moi et non l’inverse (rires).

Ce personnage de policier et à travers lui, le film, sont d’un politiquement incorrect rarement vu dans le cinéma européen. Le financement a-t-il souffert de cette irrévérence ?
Même pas. Contrairement aux apparences, L'Irlandais est presque une prostituée qui fait tout ce qu’on lui demande. Il a des moments de comédie pure, de l’action, du thriller et même une composante sociale comme dans la plupart des films britanniques. C’est un film nostalgique aussi, une caractéristique qui plaît généralement au public, surtout à nous autres, irlandais. Le film était déjà bien avancé dans son financement avant même d’avoir Brendan Gleeson et Don Cheadle à bord. Bien entendu, lorsque Don Cheadle a associé Crescendo, sa boîte de production, Element Films a rapidement suivi et ils sont allés chercher 40% du budget à l’Irish Film Board. Je m’étais préparé à un long combat financier, mais comme tout a été très vite, il me restait de larges réserves de hargne et d’énergie pour le tournage.

Les choses se sont corsées au montage...
Sur le tournage, on m’a laissé dans une paix royale et financièrement, nous étions à l’aise pour faire le film que nous voulions, mais arrivés à la phase de montage, les notes, remarques et retouches sont arrivées de partout et c’est difficile à gérer quand vous êtes à la fois auteur et réalisateur d’un film, seul capitaine à bord de votre oeuvre jusque là. Je ne voulais rien changer parce que j’adorais tout. Il y avait des références que mes associés ne comprenaient pas et ça me semblait sacrilège de les enlever. J’ai difficilement compris que mon film n’était pas une oeuvre pointue qui s’adresserait à un petit nombre d’initiés, mais bien une comédie noire, mais populaire. Ce film m’aura appris à faire confiance à ce type de remarques. C’est le premier moment où vous commencez à sentir une perte de contrôle et au début, c’est forcément une menace, mais il faut vous habituer parce que, tôt ou tard, le film doit de toute façon vous échapper, livré au public.

L'Irlandais prend à contre-pied les attentes du public. Vous vouliez jouer avec votre audience ?
Je voulais les faire rire, mais aussi dire à ceux qui s’attendent à L'arme fatale à l'irlandaise que, justement, je suis irlandais et que nous faisons les choses un peu différemment par ici. Un "buddy cop movie" où les deux flics se détestent tout le temps, où le personnage qui est censé appeler votre identification est raciste voire psychopathe et qu’il freine ou carrément refuse sans arrêt la collaboration, c’est peut-être quelque chose qui s’est déjà vu, mais rarement des caractéristiques qui accompagnent un personnage jusqu’à la fin du film. La frustration qui m’a poussée à faire L'Irlandais, je ne suis visiblement pas le seul à la ressentir puisque le film marche, les gens s’amusent et comprennent parfaitement où j’ai voulu en venir.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy