email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Bouli Lanners • Réalisateur

"La nostalgie comme moteur de l’histoire"

par 

- Conte initiatique, déracinement familial, importance de la nature : le cinéaste belge évoque ses thématiques favorites au coeur de son 3ème long, Les Géants.

Rencontré à Cannes quelques heures avant la projection de son film Les Géants [+lire aussi :
critique
bande-annonce
making of
interview : Bouli Lanners
fiche film
]
qui a fait la clôture de la Quinzaine des Réalisateurs (en remportant deux prix au passage), le comédien et réalisateur belge Bouli Lanners évoque les thématiques qui lui sont chères et qui se retrouvent naturellement dans ce conte tourné en Belgique et au Luxembourg.

Cineuropa : Quelle était votre intention avec l’écriture des Géants ?
Bouli Lanners : Je voulais travailler avec des adolescents et raconter un conte initiatique sur ces jeunes qui doivent s’assumer parce qu’ils n’ont pas le choix : leur mère les a abandonné. Pourtant, je ne voulais pas d’un film plombé où la thématique sociale était mise en avant. On m’a dit que le film se situait entre Mark Twain, Délivrance et Stand By Me. Je suis très flatté de ces références, mais je n’y ai pas vraiment pensé, ni à l’écriture, ni durant le tournage.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Est-il vrai que vous n’êtes pas cinéphile ?
Je ne regarde pas beaucoup de films et je n’ai jamais cherché à faire du cinéma à tout prix. Je suis arrivé à ce média par hasard et il se trouve que c’est, pour l’instant, un moyen qui me permet de raconter mes histoires. Je ferais peut-être autre chose ensuite. Je n’ai pas de plan de carrière. Côté influence, c’est la littérature qui a le plus d’impact sur mon contenu et la peinture qui influence ma notion de l’image.

La famille ou plutôt l’éclatement familial est un thème récurrent de votre filmographie.
Après quatre courts-métrages et trois longs, je me rends compte que c’est effectivement un thème qui revient à chaque fois, mais c’est inconscient. Dans mon prochain film que je suis en train d’écrire, il y a de nouveau cette absence de structure familiale qui fait que les personnages sont un peu en déroute. Le déracinement familial revient naturellement et ça doit être obsessionnel chez moi. Malgré tout, mes personnages essaient toujours de se reconstruire. Je pense qu’actuellement, nous vivons dans une société où la famille est un peu éclatée et pour moi, la structure familiale est la base d’une société saine. J’ai bénéficié de cette structure saine lorsque j’étais enfant. J’étais très entouré, très heureux au sein de ma famille. Aujourd’hui, je n’ai plus cette structure parce que des gens disparaissent, d’autres se séparent géographiquement et j’ai peut-être une grande nostalgie de ces années où nous étions tous ensemble. Cette nostalgie d’une époque où je me sentais totalement rassuré dans ma famille est sans doute le moteur dramatique récurrent de mes histoires.

On retrouve aussi une continuité dans les environnements. Ultranova [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Bouli Lanners
fiche film
]
était un film urbain, mais Les Géants prolonge l’éloignement vers la nature initié avec Eldorado [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
.

Je viens de la campagne et c’est plus simple pour moi de raconter des histoires qui se passent dans ce cadre. C’est un processus de transposition. Mes thématiques deviennent plus fortes dans ce cadre parce qu’elles se doublent d’une confrontation avec la nature. Nous ne sommes pas dans un contexte qui prête à ce type de propos et cela donne un décalage qui, pour moi, est intéressant. La nature gonfle l’universalité de mes personnages. Elle me permet de me recentrer sur eux.

Et la rivière est comme le fil rouge du film ?
Oui, on peut dire ça. J’ai habité 18 ans sur un bateau et je navigue toujours sur les cours d’eau intérieurs. Dans Les Géants, la rivière a quelque chose de maternel qui pallie à l’absence qu’éprouvent ces adolescents. Elle a une dimension intra-utérine. C’est l’eau qui porte et il y a quelque chose d’extrêmement rassurant à se laisser porter par les flots. C’est aussi une route vers le voyage pour ces jeunes. Le courant les amène vers l’horizon, vers ce qu’il y a de meilleur et vers la vie finalement.

Vous faites vos repérages après l’écriture ?
Non. J’écris tout en faisant mes repérages et mes décors influencent le scénario. J’écoute aussi beaucoup de musique en écrivant.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy