email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Xavier Villaverde • Réalisateur

“Un pays qui méprise sa culture a de gros problèmes d'auto-estime”

par 

- À 53 ans, après presque une décennie sans tourner de fiction, le réalisateur galicien revient avec un film très jeune qui constitue un pari risqué en ces temps sombres pour le cinéma espagnol.

Cineuropa : D'où est venue l'idée de The Sex of the Angels [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Xavier Villaverde
fiche film
]
?

Xavier Villaverde : Du constat que les relations émotionnelles et sexuelles ont beaucoup changé ces derniers temps, surtout parmi les jeunes, qui les vivent plus librement, avec moins de préjugés, de tabous et de craintes. Ils prennent plus de risques sur le plan émotionnel. La réalité sexuelle dépasse les normes sociales ou religieuses. C'est un thème qui n'est pas très présent dans le cinéma qui s'adresse aux jeunes, alors qu'il l'est dans leurs vies.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Pourquoi avez-vous attendu neuf ans avant de revenir à la fiction ?
J'ai été producteur associé sur d'autres films, comme Le concurrent [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Rodrigo Cortés, et de toutes façons, je prends toujours mon temps sur les scénarios. Le film devait en outre être une coproduction avec d'autres territoires qui finalement se sont désistés, tandis que d'autres nous ont rejoints. C'est aussi pour cela que les délais se dilatent. Je mets du temps à passer d'un film au suivant, et cela me donne la possibilité de changer de style. J'aime faire des films différents, bien que toutes mes oeuvres parlent d'identité : qui on est et comment on veut vivre. J'ai le sentiment que comme le film n'adopte aucun point de vue moral, certains rouages de la production, comme les chaînes de télévision, se sont trouvés déconcertés. Si le film avait opté pour une morale, il en serait allé autrement.

Le film contient qui plus est un bon nombre de scènes de sexe...
Oui, nous les avons répétées en nous inspirant de la série américaine Tell Me You Love Me, pour qu'elles soient naturelles et crédibles. J'ai voulu les filmer caméra à l'épaule sans que cela se voie, de manière à ce que les acteurs n'aient pas à faire trop attention aux marques.

La jeunesse d'esprit du récit et de l'équipe vous ont-elles semblé contagieuses ?
Je m'entends très bien avec les jeunes et il y a beaucoup de jeunes avec qui je m'entends mieux qu'avec des gens de mon âge, qui peut-être sont passés à autre chose. Je m'intéresse aux générations nouvelles qui vont former notre pays à l'avenir et à cette aptitude à l'audace voire à l'inconscience qu'on a à vingt ans, cette forme de pureté qui n'a pas froid aux yeux et permet de tout oser. C'est quelque chose de très puissant. La nouvelle génération a devant elle une foule de possibilités que les autres n'ont pas eu.

Combien le film a-t-il coûté ?
Un million d'euros et quelques, je ne connais pas le montant exact. Être producteur associé me permet de contrôler mon travail en tant que réalisateur. Nous avons fait appel à des investisseurs privés, comme les chaînes Televisión de Galicia et Canal Plus, et à un coproducteur brésilien. Nous irons aux Festivals de Moscou et Seattle. Je crois aussi que le film a été vendu à l'Allemagne et au Japon, et que nous avons reçu des offres d'Angleterre et des États-Unis. Nous serons de surcroît au Marché de Cannes.

Comment voyez-vous la situation du cinéma espagnol après les importantes réductions de budget qui ont affecté les subventions ?
Un pays qui n'a pas un secteur audiovisuel fort est condamné à perdre son identité culturelle. Les Français ont bien compris que l'audiovisuel était une affaire d'État. Que représentent les subventions destinées au cinéma en Espagne ? Un pourcentage extrêmement mince du PIB. Un pays qui méprise sa culture et ses créateurs a de gros problèmes d'auto-estime. C'est aussi dur et triste que ça.

Il est donc temps d'être ingénieux.
Cette situation oblige en effet à chercher de nouvelles formules, mais pour pouvoir tourner un film, il faut un minimum d'argent. On peut le faire à peu de frais si on exploite son équipe et que personne ne touche de salaire, comme cela se fait pour les premiers longs métrages, mais pas dans le contexte d'une industrie déjà solide. Certains secteurs bien subventionnés rapportent moins à notre société que le cinéma, et personne ne le conteste. De plus, il y a une portion importante du public qui s'intéresse au cinéma espagnol et auquel il faudrait aussi offrir la possibilité de télécharger les films légalement sur Internet. Il faut trouver un compromis, car bien des gens accèdent aux contenus de manière illégale faute de pouvoir le faire légalement. Si j'étais exploitant, je chercherais aussi de nouvelles stratégies, par exemple des formules deux pour le prix d'un de manière à ne pas se retrouver avec des salles vides. Ils pourraient aussi créer des événements qui éveillent la curiosité des gens et attirent le public. Il faut changer nos mécanismes. Parfois, nous sommes pris de panique et nous ne réagissons pas.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy