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Radu Mihaileanu • Réalisateur

La culture : la seule, l'unique raison d'espérer

- Cineuropa s’associe au 5ème Forum d’Avignon en publiant les interviews de plusieurs personnalités du secteur culturel et créatif

Sur le thème "Culture : les raisons d’espérer. Imaginer et transmettre", le 5e Forum d'Avignon (du 15 au 17 novembre) a choisi d'opposer des raisons d'espérer au pessimisme ambiant.

Chaque année, le Forum organise et soutient des rencontres internationales à Avignon et à Essen - avec le Forum d’Avignon-Ruhr. Les propositions issues de ces échanges entre les acteurs de la culture, des industries de la création, de l’économie et des médias sont relayées dans les instances nationales et internationales.

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La culture et la création vous donnent-elles des raisons d’espérer ?
Radu Mihaileanu : La culture est l'unique, la seule raison d'espérer ! Le savoir, la sagesse et le développement d'une pensée, d’un libre-arbitre et d'un humanisme étendu pourront répondre aux problèmes complexes de notre époque. Il faut arrêter de tout simplifier. Or si tout se complexifie, seule la culture, dans toutes ses dimensions peut répondre, aider, soulever les bonnes interrogations. Cependant je reste assez pessimiste sur la capacité à prendre le taureau par les cornes. Mon espoir serait que tous les politiques, les acteurs culturels et économiques s'en emparent. Toutes les crises (économiques, climatiques, ...) montrent l'incapacité de l'homme à réfléchir le monde dans sa globalité et dans son mouvement. Nous sommes en fin de cycle, nous sommes forcés de nous réinventer ! C'est toute l'histoire de l'humanité ; c’est parfois angoissant, mais c'est une belle raison d'espérer...

Qui incarne le mieux votre raison d'espérer ?
J'ai plusieurs héros dans mon panthéon des porteurs d'espoir : Nelson Mandela pour son incroyable capacité de faiseur de paix ; Aung San Suu Ki pour son courage, sa clairvoyance, sa volonté, sa sagesse, sa capacité à être 'au dessus du bruit', de la peur ... Tous ceux qui arrivent à concilier l'harmonie, l'équilibre entre le ying et le yang, le bien et le mal, l'analyse et la vision. Il y a malheureusement de nos jours beaucoup de gestionnaires et très peu de visionnaires...

Quelle serait l’initiative personnelle / projet / œuvre qui concrétise votre raison d’espérer ?
J’essaie à travers mes films, sans être certain de réussir, de donner à réfléchir, à donner de nouveau de l'espoir pour relever les défis de notre époque. Dans Vas, vis et deviens [+lire aussi :
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interview : Radu Mihaileanu
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, sorti en 2005 qui raconte l'histoire des Juifs Ethiopiens, immigrés en Israël et plus particulièrement de ce jeune garçon éthiopien qui quitte sa mère et son pays pour fuir la mort, la métaphore de ces quatre mères qui se donnent la main pour sauver un enfant est celle de la volonté de sauver notre « enfant planète ». Dans Le Concert [+lire aussi :
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interview : Radu Mihaileanu
fiche film
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, j'ai voulu montrer qu'un jour, on pourrait arriver à une certaine harmonie, comme celle entre un violon solo et un orchestre, métaphores du rapport entre l’individu et la collectivité. Dans la Source des femmes [+lire aussi :
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fiche film
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, je m'interroge sur notre capacité d'amour et sur le droit des femmes. J'ai également de nombreuses activités pour défendre la politique culturelle et le droit d'auteur à travers mes activités à l'ARP ou à la SACD. J’ai été également ambassadeur européen du Dialogue Interculturel, puis l’année suivante ambassadeur européen de la Création et de l'Innovation. Mon rêve est d'organiser une ARP européenne, je réfléchis à un manifeste de la culture où l'éducation tient aussi un rôle central.

Comment transmettez-vous cette raison d’espérer aux générations futures ?
A travers mes films, mes actes politiques, mes conférences sur la politique culturelle, des interventions dans les écoles et les universités, je tente à chaque fois de défendre, pour l’avenir, la liberté d’expression, la diversité et l’indépendance. J’espère m’inscrire dans un dialogue, dans un échange de réflexions, de combats. Par l'éducation des mes enfants (18 et 21 ans), pour qu'ils deviennent des membres actifs, intelligents, complexes, libres, de la communauté mondiale. Je pense profondément qu’en période de crise, de fin de cycle, c’est le moment idéal pour innover, se réinventer, se remettre debout, redoublant d’énergie. L’éducation est indispensable : les jeunes doivent se former comme acteurs. Pas comme spectateurs. Chacun apportant son point de vue, une forte opinion, diverse. Chacun contribuant au mouvement et à l’intelligence du monde.


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