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Philippe Le Guay • Scénariste-réalisateur, France

"Dans le chaos du monde, les œuvres nous offrent de découvrir la possibilité d’un sens."

- Cineuropa s’associe au 5ème Forum d’Avignon en publiant les interviews de plusieurs personnalités du secteur culturel et créatif.

Sur le thème "Culture : les raisons d’espérer. Imaginer et transmettre", le 5e Forum d'Avignon (du 15 au 17 novembre) a choisi d'opposer des raisons d'espérer au pessimisme ambiant.

Chaque année, le Forum organise et soutient des rencontres internationales à Avignon et à Essen - avec le Forum d’Avignon-Ruhr. Les propositions issues de ces échanges entre les acteurs de la culture, des industries de la création, de l’économie et des médias sont relayées dans les instances nationales et internationales.

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Votre raison d’espérer ?
Philippe Le Guay : Tous les jours, j’allume la radio spontanément à mon réveil : c’est le déluge habituel des mauvaises nouvelles, effondrement économique, attentats, cyclones… Et puis je sors dans la rue, j’observe la lumière sur les toits de Paris. J’essaie de jouir de l’instant présent, de ce moment de vie qui m’est offert. Espérer, c’est une décision qu’on prend.
Tout compte fait, je me rends compte que j’ai tort de réduire l’actualité aux mauvaises nouvelles. L’époque nous apporte tous les jours des nouvelles raisons de s’étonner. Et les temps de crise suggèrent de réviser les vieux modèles, d’inventer autre chose. Le pétrole est en voie d’épuisement ? Il va falloir limiter la circulation automobile, trouver d’autres ressources naturelles. Et s’inventer des règles inédites, une nouvelle présence au monde.

Quel serait le projet qui concrétise cette raison d’espérer ?
Mon métier est de raconter des histoires. On peut décider une fois pour toutes que tout a été dit, ou bien au contraire on peut s’étonner de voir que des milliers de situations sont encore vierges de toute description. La lecture des journaux est un formidable stimulant : des jeunes rockeuses envoyées en camp de travail, une milliardaire abusée par un dandy, des nationalistes américains attachés à leurs armes comme au temps de Buffalo Bill… On n’en finirait pas de compter les sujets nouveaux, impensables il y a seulement une décennie.
Non, tout n’a pas été raconté une fois pour toutes. Il nous appartient à chacun de puiser en nous une façon inédite de percevoir le réel, et de le faire percevoir autour de nous.
Souvent en écrivant une histoire, je songe à une partie d’échec. Rien de plus familier que l’échiquier et les pièces qui le composent, et cependant chaque combinaison nous entraîne dans un récit particulier…
A cet égard, les grands peintres nous donnent des leçons inépuisables. Songeons à cette façon d’explorer inlassablement les mêmes thèmes, le nu, la nature morte, le portrait… il n’y a rien de commun entre Rembrandt et Bacon ! Et pourtant, si. Ce mystère de la création, que je ne cesse de visiter et d’explorer, me donne des raisons d’espérer.
Mais peut-être existe-t-il une chose plus belle que l’espérance ? Je songe à cette phrase qui clôt La place royale de Corneille : « Je cesse d’espérer et commence de vivre ».


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