email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Cyril Mennegun • Réalisateur

"L’ambition, ce n’est pas uniquement l’argent et le casting"

par 

- Cyril Mennegun décrypte l’étonnant succès de Louise Wimmer et évoque son second long métrage La rencontre

Révélé à la Semaine de la Critique à Venise, Louise Wimmer [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Cyril Mennegun
fiche film
]
a enregistré un joli succès en salles dans l’Hexagone et remporté le César 2013 du meilleur premier film et le prix Louis Delluc 2012 du meilleur premier long métrage. Retour sur ce parcours très remarqué avec son réalisateur qui prépare actuellement son second opus, La rencontre avec Alexandre Guansé et Céline Salette en tête d’affiche.

Cineuropa : Au-delà de la qualité du film, comment expliquez-vous le succès de Louise Wimmer sur un sujet (une femme de presque 50 ans se débattant à la lisière de la pauvreté) qui n’était pas à priori très "glamour" ?
Cyril Mennegun : c’est évidemment le fruit du travail de toute une équipe, de la production (Zadig) à la distribution (Haut et Court). Mais je pense aussi que le film a une forme de résonnance avec notre époque, avec la problématique générale de la crise et le besoin des spectateurs d’avoir accès à des œuvres portant un regard sur des questions qui nous concernent tous au quotidien, un regard plus sensible que le travail journalistique qui traite ces problèmes de manière chiffrée et un peu déshumanisée.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Quelle influence a votre passé de documentariste sur votre approche de la fiction ?
Je suis autodidacte, je ne viens pas d’une école de cinéma, donc je n’ai pas un parcours nourri de références théoriques fortes et j’ai construit ma cinéphilie sur le tard. Je me suis formé à travers le documentaire et ce qui m’en reste, plus que la captation du réel, c’est le respect de la personne qu’on filme, qu’elle soit réelle ou non, le respect du personnage qu’on écrit dans un scénario et qu’on décrit à l’intérieur d’une fiction.

Quelles ont vos préférences cinématographiques ?
J’aime entre autres les néo-réalistes italiens, John Cassavetes, des cinéastes anglo-saxons comme Lodge Kerrigan qui sont majeurs à mes yeux même s’ils sont mineurs du point de vue du box-office, Laurent Cantet, Bruno Dumont.

Sur quoi repose votre fidélité à votre producteur, Bruno Nahon ?
Il est très cohérent sur ces goûts et ses valeurs, ce qu’il veut faire et avec les outils à sa disposition pour financer et fabriquer les films. Cela fait dix ans que nous travaillons ensemble et il est très représentatif d’une génération de producteurs qui arrive, des personnalités très concernées par le monde actuel. Il s’est battu pour Louise Wimmer car c’était un premier long, sur un sujet qui n’était pas simple, sans stars et d’un réalisateur inconnu.

Que pensez-vous du débat récent sur l’émergence compliquée des jeunes cinéastes français au stade des premiers et des seconds longs métrages ?
Quand je travaillais sur Louise Wimmer, on me disait : "c’est quasiment impossible de faire un premier long métrage aujourd’hui". Maintenant, on me dit parfois, que le second long est beaucoup plus dur. Il y a toujours quelque chose qui vient vous refroidir (rires). Mais je pense qu’il n’y a pas de vérité absolue, que tout dépend du film que l’on veut faire, de l’énergie qu’on y met et du scénario. De toutes façons, c’est toujours difficile de faire un film. Personne ne mesure le temps, les efforts et le travail qui ont été nécessaires pour que le parcours de Louise Wimmer existe. Mais c’est aussi un parcours qui peut donner du courage à ceux qui veulent faire des films : on n’est pas obligé der âcher quoi que ce soit pour y parvenir.

Où en est votre prochain projet ?
Je suis en fin d’écriture et je devrais tourner l’hiver prochain La rencontre (titre provisoire), une histoire d’amour sur fond de crise et de questionnement sur la marge du monde. Mon travail est toujours axé sur le portrait et faire émerger des personnages forts. Le film sera interprété par Céline Salette, mais je vais également de nouveau faire le pari d’un acteur absolument inconnu avec Alexandre Guansé. Je suis convaincu que le cinéma français a besoin de nouveaux visages et si cela ne passe pas par des gens comme moi, je ne vois pas par qui cela pourrait passer. Ce ne sera pas un film compliqué à financer car je tiens garder ma liberté pour l’instant. Je pourrais faire un film avec davantage d’argent, mais je ne vais pas faire de hold-up. L’ambition, ce n’est pas uniquement l’argent et le casting, c’est de rester cohérent avec ce qu’on est, de travailler dans cette veine et sur sa manière de raconter. Et malgré tous les prix gagnés par Louise Wimmer, je me considère encore comme un apprenti cinéaste.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy