email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Sergio Caballero | • Réalisateur

"Le cinéma souffre sous le joug de la narration"

par 

Sergio Caballero | • Réalisateur

L'artiste catalan Sergio Caballero, primé au Festival de Rotterdam en 2011 pour son premier long-métrage, Finisterrae [+lire aussi :
interview : Sergio Caballero |
fiche film
]
, est en compétition au Festival international du film fantastique de Sitges avec The Distance, un film qui défie, de nouveau, les limites cinématographiques.

Cineuropa : Après avoir vu votre nouveau film, certains spectateurs l’ont adoré tandis que d'autres vous en ont voulu. Etes-vous stimulé à aller dans de telles extrêmes ?

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Sergio Caballero : Nous vivons dans une ère  de la narration : les films doivent vous faire passer un message ; ça a toujours été le cas. Nous avons moins de liberté que dans les années 70, à cause de la distribution et de l'industrie, alors qu'il  n’a jamais été aussi facile de distribuer des films grâce à Internet. Mais les gens sont catalogués ; ils veulent qu'on leur explique les choses sans avoir à réfléchir. The Distance est un monde qui existe dans mon esprit et c'est ce que je montre. Lorsque je présente un film de ce genre, je conseille aux spectateurs de ne pas réfléchir, de se relaxer et de s'imprégner du film. S'ils ne le font pas, ils ne comprendront pas sa subtilité. En fait, un film est composé de différentes couches de subtilité, comme le vin : certains vins ont beaucoup de corps et d'autres, qui n'ont pas l'air généreux, ont en fait un arrière goût très prononcé. C'est la même chose pour The Distance : certaines personnes y pensent encore après plusieurs jours, car il a atteint des parties de notre cerveau que nous n’avons pas l'habitude d'utiliser.

Dans votre travail, vous utilisez souvent les sentiments et les stimuli…

Il y a également une histoire, mais ce n'est pas important. Pour mon premier film, Finisterrae,  j’avais l’excuse du "road movie", du voyage. Mais pour The Distance, je suis passé au niveau suivant concernant le style : tourner dans un décor fixe m'a permis de mieux travailler ; et ajouter des dialogues signifiait que je devais filmer en mode champ contre-champ, mais toujours à l'aide d'un trépied pour la flexibilité et le son. Il n'y avait pas de scénario, mais plutôt des scènes que je voulais tourner : comme lorsque je fais de la musique et quand je pense à certaines choses, je les écris. Les acteurs ne sont pas des acteurs, ils servent d'acteurs, c'est pourquoi ils sont toujours excellents.

Le lieu de tournage est une centrale électrique… L'aviez-vous découverte par hasard ou l'aviez-vous recherchée ? Vous a-t-elle inspiré le film ?

J'étais à la recherche d'un site abandonné en vue de créer les scènes que j'avais imaginées, mais c'est après avoir vu l'apparence du bâtiment que je me suis rendu compte que le protagoniste de The Distance est cet endroit incroyable : en le visitant, les pièces d'un puzzle se sont rassemblées pour former l'histoire. C'est vraiment incroyable de pouvoir travailler de manière si flexible, dans un endroit où les différents éléments vous emportent. Tout est réel : le son, le lieu, les personnages ; c'est ce qui fait la force du film. 

L'humour est un autre élément important dans The Distance.

Apparemment, les films d'auteurs ne s’accordent pas avec l'humour : les grands cinéastes sont légèrement abstraits. Mais je me moque de moi-même et de ma transcendance : mon film est un mélange de Tarkovsky et de Kung Fu Panda. En effet, mes filles me donnent des idées pour mes films : l'aîné m'avait proposé d'ajouter des fantômes dans Finisterrae.

Etiez-vous libre de filmer comme vous le souhaitiez, étant donné que vous êtes votre propre producteur ?

Quand j'étais jeune, j'ai été expulsé de l'école et depuis que j'ai 18 ans, je suis autonome. Je pense que les gens devraient s'ouvrir davantage car ils ont l'esprit de plus en plus fermé. C'est comme admirer une peinture ou écouter de la musique : de nos jours, toutes les chansons doivent être chantées, mais il n'y a pas de chanteur dans ce film, qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce toujours du cinéma ou peut-il s'agir de musique ?

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy