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Sten Hellevig • Réalisateur

"Mon intention n’a pas été de choquer, mais d’être au plus près de la réalité"

par 

- Cineuropa a rencontré le réalisateur norvégien Sten Hellevig, qui présente son premier long-métrage Dryads – Girls Don’t Cry

Sten Hellevig  • Réalisateur

C’est entre deux séances de tournage, sur un banc de Fyrstikktorget, une ancienne fabrique d’allumettes reconvertie en petit centre commercial que le réalisateur norvégien Sten Hellevig a accepté de nous parler de son premier long-métrage Dryads - Girls Don’t Cry, produit par Teréz Hollo-Klausen. Après deux ans de préparation et de tournage, ce film sort ces jours-ci dans les salles norvégiennes. Le studio où travaille Hellevig en cet été se trouve à deux pas. Briques rouges et fenêtres fleuries, tel est notre décor.

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Cineuropa : Nous sommes au coeur d’Oslo...  votre ville natale?
Sten Hellevig :
Pas du tout. Je suis né et j’ai grandi à Kristiansand, tout au sud de la Norvège. J’ai commencé très tôt à aller au cinéma. Mon premier coup de coeur a été pour les films norvégiens Olsenbanden inspirés d’une série danoise, mais ma grande émotion cinématographique, je la dois à E.T. de Spielberg que j’ai vu à dix ans. Un véritable bouleversement qui est à l’origine de ma vocation : ce que je voulais c’était créer un univers, des univers. Ma formation de metteur en scène, je l’ai acquise à Oslo, d’abord à la Westerdals School, puis en produisant et réalisant, en grand nombre, clips publicitaires et vidéos musicales. Dix ans à Oslo, et maintenant bientôt cinq ans que je vis à Los Angeles. Si j’ai choisi de revenir au pays pour tourner Dryads – Girls Don’t Cry, c’est surtout pour des raisons pratiques, car ici je pouvais bénéficier de conditions avantageuses. Et puis il y a en Norvège des gens du spectacle avec lesquels j’avais déjà travaillé, des acteurs par exemple, ou bien l’artiste Thom Hell dont quelques chansons figurent dans le film.

C’est lui qui a composé la musique originale du film ?
Non, c’est Marius Christiansen. Il s’est inspiré des lignes mélodiques que j’avais souvent fredonnées pour lui, et de nos longues conversations sur les ambiances. La musique a été créée parallèlement au scénario, au fur et à mesure. La comédienne Iben Akerlie est par ailleurs l’auteur de quelques chansons du film.

Le tournage s’est fait à Stavanger, je crois.
Oui, et à Asker à proximité d’Oslo. C’est là que se trouve la drôle de vieille maison où se déroule une bonne partie de l’action. C’est elle qui m’a donné l’idée du film. J’ai très vite écrit une ébauche grossière, complétée et affinée par le scénariste Randall Jahnson, qui a écrit entre autre The Doors d’Oliver Stone. Marius Matzow Gulbrandsen est le chef-opérateur de Dryads, mais les scènes de concert je les ai filmées moi-même devant dix mille spectateurs, au Festival de Hove 2014, non loin de Kristiansand. Mes acteurs jouaient entre deux prestations d’artistes, quelques minutes à la fois. Stressant, angoissant pour moi qui aime tout contrôler, ce genre de situation où tout est possible pour le meilleur et pour le pire. Mais on a pris plaisir à relever ce défi et tout s’est bien passé. 

Pourquoi ce fillm ?
J’avais très envie de faire, non pas une comédie musicale, ni un documentaire, mais un film avec beaucoup de musique. Je suis vraiment accro. Je me suis un peu inspiré du film Almost Famous, et surtout des Dryads, un groupe de pop-rock norvégien qui a vraiment existé, avec, comme il se doit, sa panoplie d’enthousiasmes, de doutes, d’ambitions, de situations conflictuelles. C’était des garçons. J’en ai fait des filles avec à leur tête Henriette, une forte personnalité, un ego bien affirmé sous des dehors farouches, rôle tenu par Iben Akerlie entourée de la suédoise Alba August et de quelques autres comédiennes. C’est Randall qui a eu l’idée des scènes dans les bois, allusion directe aux dryades de l’antiquité, ces divinités sylvestres protectrices des arbres. Sur la route d’Henriette va se trouver Hilde, petite jeune fille bien sage fascinée par un milieu qu’elle découvre. Au départ j’avais fait de Hilde, que joue Anneli Aune, une simple blogueuse, mais tout va tellement vite en matière de technologie que j’ai fait d’instagram son outil de prédilection, et un catalyseur pour mon intrigue.

Votre film s’adresse aux jeunes.
Oui, surtout, mais je pense que selon son âge, selon son caractère, on va s’intéresser plus ou moins à certains aspects de l’histoire : l’initiation et l’émancipation d’une adolescente, la trahison en amitié, la jalousie, l’anticonformisme, etc... On peut aussi être sensible aux touches d’humour, à la distanciation ironique. Le sous-titre par exemple, ‘‘Girls Don’t Cry’’, peut être compris de différentes façons: constatation? Injonction? Autodérision? Gardons l’ambiguité. On peut également prendre mon film au premier degré, et se faire un trip musicalement nostalgique en se laissant toucher par les succès pop un peu ringards que j’ai choisis. En tout cas mon intention n’a pas été de choquer, mais d’être au plus près de la réalité. C’est pourquoi j’ai attaché de l’importance aux vêtements portés par les personnages, et, par souci de crédibilité, j’ai souvent utilisé les répliques suggérées par mes acteurs. Je tiens à signaler qu’il y n’y a pas que des femmes dans Dryads : le très sévère père de Hilde est interprété par Morten Abel, un célèbre chanteur norvégien, et dans un rôle de musicien on peut voir le danois Allan Hyde.

Vos préférences de cinéphile?
En vrac, j’aime les acteurs Rooney Mara, Ralph Fiennes, Shailene Woodley, les réalisateurs Kubrick, Tarantino, Le Silence des agneaux de Jonathan Demme... et les Etats-Unis où se fera sans doute mon prochain film.

Vous êtes un précurseur : le premier en Norvège à avoir fait une vidéo musicale en 3D, et le premier au monde à avoir réalisé une vidéo musicale entièrement filmée avec un téléphone portable. Vous êtes sans doute un musicien accompli ?
Pas vraiment. Je pianote juste un peu. Je suis trop impatient pour m’imposer la rigueur, la discipline qu’exige un apprentissage solide, mais la direction artistique me passionne. J’aime dessiner, créer, innover. J’ai conçu par exemple des affiches mouvantes pour la promo de Dryads. J’ai l’imagination fertile. Parfois les idées se bousculent dans ma tête. Alors je vais courir dans les bois, cela me fait le plus grand bien.

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