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Daniela Fejerman • Réalisatrice

“Mon film est un peu comme un conte de Noël raconté par Kafka”

par 

- Cineuropa a rencontré Daniela Fejerman, qui a conjuré une difficile expérience personnelle dans La adopción, magnifiquement interprété par Nora Navas et Francesc Garrido

Daniela Fejerman  • Réalisatrice

La réalisatrice argentine installée en Espagne Daniela Fejerman a conjuré avec La adopción [+lire aussi :
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une expérience personnelle difficile vécue en Europe de l'Est. Ce film dramatique, magnifiquement interprété par Nora Navas et Francesc Garrido, est en lice à la 60ème Seminci de Valladolid. À cette occasion, Cineuropa a rencontré Fejerman.

Cineuropa : La adopción est un film qui reste très pondéré. Comment êtes-vous parvenue à éviter ainsi tout débordement dramatique ?
Daniela Fejerman :
Il fallait maintenir un certain ton pour ne pas tomber dans le mélodrame, car on peut être tenté de le faire, ou avoir du mal à l'éviter. Pour ma part, j'avais une perpective tellement crue sur cette expérience que je n'aurais pas pu en faire un film au son des violons – parce qu'en vrai, je peux vous dire qu'il n'y avait de violons nulle part.

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Vous êtes tellement impliquée émotionnellement dans cette histoire : n'avez-vous pas été tentée d'exorciser votre expérience à travers ce film, d'en faire une entreprise thérapeutique ?
Quand j'ai décidé d'écrire ce scénario, la première chose que j'ai faite, c'est appeler mon co-scénariste Alejo Flah, qui est un ami et qui connaissait toute l'histoire – je suis restée en lien avec lui pendant tout mon voyage en Ukraine, pour adopter un enfant. Il connaissait parfaitement les faits, mais nous avons décidé de construire sur cette base un récit fictionnel. Nous voulions nous servir de ce que nous savions de la situation, mais aussi ajouter d'autres éléments, puiser dans d'autres histoires similaires pour "fictionnaliser" le récit, sans pour autant tomber dans l'excès de zèle – la trame est tellement crue et proche du réel que nous n'aurions pas pu y ajouter des mafieux le revolver au poing, cela nous aurait conduit à faire un film de genre alors que ce n'est pas l'idée. Nous voulions créer de la tension, des attentes, que le spectateur se demande ce qui va arriver à ces pauvres gens qui se retrouvent comme ça, dans un monde qu'ils ne contrôlent pas, mais sans effets de manche.

Vous ne dressez pas un tableau très flatteur de l'Europe de l'Est. Cela n'a-t-il pas rendu difficile la collaboration avec la Lituanie ?
Dans le film, on ne nomme pas le pays où l'histoire se passe. Les Lituaniens y reconnaîtront leur langue et leur capitale, mais cela n'a pas posé de problèmes. D'ailleurs, l'adoption internationale n'est pas pratiquée en Lituanie. En outre, comme Gerardo Herrero, notre producteur en Espagne, avait déjà tourné un autre film là-bas (Silencio en la nieve [+lire aussi :
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), il a convaincu sans difficulté son partenaire lituanien Ramünas Skikas (Lietuvos Kino Studija) de se joindre de nouveau à lui. Le fait que nous travaillions en Lituanie, en plusieurs langues (en anglais, castillan, lituanien, russe, catalan...), a transformé le plateau en véritable Tour de Babel. Parfois, nous nous sentions un peu dans la même situation que les personnages, sauf que l'accueil qu'on nous a fait a été formidable, vraiment.

Les scènes d'intérieur ont-elles aussi été tournées en Lituanie ?
On a tout filmé là-bas. Ça a été six semaines très intenses. Les appartements qu'on voit dans le film sont de vrais logements lituaniens, avec leurs vrais meubles. Cela a aidé Nora Navas et Francesc Garrido à se plonger dans cette expérience de manière très authentique.

Avez-vous eu du mal à trouver des financements pour faire un film dramatique, au moment même où le public espagnol favorise les comédies ?
Oui. Ces cinq années ont été très dures. Au début, nous avions un autre producteur, mais il s'est défaussé. Heureusement, Tornasol Films a repris le flambeau et sauvé le projet. Comme je dis toujours : ce film est comme un conte de Noël raconté par Kafka, parce que ce qui s'est passé en vrai est si fort que si on l'avait mis dans scénario, le film n'aurait pas été crédible. La réalité dépasse la fiction, certes, mais il était important que le film soit véridique.

Le casting de La adopción est un des ses aspects les plus importants. Aviez-vous ces acteurs précis en tête en développant le projet ?
Nora Navas oui, parce que c'est une actrice magnifique, mais je ne savais pas à qui j'allais confier le rôle de son compagnon. J'ai auditionné plusieurs acteurs, mais avec Francesc Garrido, l'entente a été immédiate. Les personnages secondaires sont interprétés par des comédiens lituaniens aguerris, dont la plupart viennent du théâtre, puisque la Lituanie ne produit pas beaucoup de films à part quelques récits historiques. Dans La adopción, je montre l'aspect le plus laid d'un endroit autrement très beau.

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(Traduit de l'espagnol)

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