email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Helene Hegemann • Réalisatrice

“Je change sans arrêt de métier”

par 

- German Films s’est entretenu avec Helene Hegemann, la réalisatrice du film récompensé à Sundance Axolotl Overkill

Helene Hegemann • Réalisatrice

L’air est doux en ce soir d’été, de sorte qu’Helene Hegemann suggère de conduire notre interview en terrasse, sur Volkspark Friedrichshain, pour qu’elle puisse fumer. En quelques secondes, elle se roule une cigarette, tandis que son chien somnole à ses pieds, sous la table.

Son premier long-métrage, Axolotl Overkill [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Helene Hegemann
fiche film
]
, vient de sortir dans les cinémas allemands, après son avant-première mondiale à Sundance, au moins de janvier. C’est un bel accomplissement, non seulement parce que la réalisatrice n’a que 25 ans et qu’elle n’a jamais fait d’études de cinéma, mais aussi parce que le film est une adaptation d’un roman écrit par elle, Axolotl Roadkill, qui est paru quand elle avait 18 ans et qu’il l’a rendue célèbre immédiatement. Hélas, malgré le succès du livre, ses qualités littéraires incontesables, puisqu’elle y adopte très bien le point de vue subjectif d’une adolescente, se sont trouvées entachées par une vilaine polémique, suite à des accusations de plagiat. Au contraire, le film a fait l’unanimité. Non que Hegemann lise les critiques : elle a cessé de le faire il y a longtemps, pour se préserver.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Peu après la parution du livre, plusieurs adaptations lui en ont été proposées, mais aucun des scénarios ne lui a plu. “Heureusement, j’avais gardé les droits du roman et donc c’est moi qui ai rencontré les gens qui voulaient en faire un film. Je me suis vite rendu compte que leurs idées n’étaient pas meilleures que les miennes, donc je me suis autant l’adapter moi-même”. On pourrait y voir une grande confiance en soi de la part de Hegemann, mais elle tient à préciser que c’était avant tout “un acte de désespoir”.

“Toutes les versions qu’on m’a proposées n’adoptaient pas du tout la bonne approche, c’était des mélanges de Wetlands [+lire aussi :
bande-annonce
interview : David Wnendt
fiche film
]
et de Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée. Ça m’a ulcérée, car je voulais tout le contraire de ce genre d’histoire bizarre sur une teenager qui aime la fête”. Hegemann a aussi réussi à garder un droit de regard sur le montage final du film, pour éviter qu’un distributeur nerveux ne coupe la fin et ne crée ainsi qu’un triste titre grand public. Ce contrôle de l’auteur est tout sauf automatique dans l’industrie du film allemande, mais il a payé : son oeuvre respire la liberté artistique.

Axolotl Overkill est une suite logique au roman : au-delà de la trame, elle a gardé dans son scénario radical très peu d’éléments du récit original. “Après tout, le roman représentait la vie intérieure du personnage. Pour le film, il fallait que je développe un univers extérieur à elle. Au bout du compte, je n’ai gardé du livre que deux scènes”, explique Hegemann.

L’auteur-réalisatrice a fait preuve d’un grand talent dans le casting également : la majorité des acteurs qu’elle a choisis viennent du théâtre et – de la sensationnelle Jasna Fritzi Bauer (dans le rôle de l’héroïne Mifti) à Mavie Hörbiger, Laura Tonke et Bernhard Schütz – ils donnent tous à leurs personnages une vitalité débordante. “C’est parce qu’ils savent tous ce qu’ils font, et qu’ils ont très bien compris le contexte”, assure la réalisatrice avec enthousiasme.

Ce film n’est pas le premier que réalise Hegemann. Deux ans avant le roman, elle avait fait un court-métrage intitulé Torpedo. À l’époque, elle n’avait que 15 ans, et elle avait déjà du talent bien au-delà de son âge. Après une enfance passée à Bochum, après la mort de sa mère, quand elle avait 13 ans, elle est allée vivre à Berlin avec son père Carl Hegemann, le dramaturge en chef du Volksbühne, un des théâtres de langue allemande les moins conventionnels et les meilleurs qui soient. Elle a commencé d’écrire à 13 ans, et deux ans après, elle a gagné le Prix Max Ophüls avec Torpedo. Son livre, publié peu après, a fait d’elle officiellement une enfant prodige doublée d’une enfant terrible.

Pendant les sept années qui ont suivi la parution du roman, et la ferveur ainsi que l’hostilité qui l’ont accompagnée, Helene Hegemann a grandi. De sa personne se dégagent confiance et pondération, elle parle d’elle et de son travail avec une distance réfléchie. “J’ai toujours gardé une saine distance, parce que je change sans arrêt de métier”. À présent, Axolotl Overkill est derrière elle, et elle travaille sur son nouveau roman, son troisième, sur la vie dans les quartiers résidentiels fermés au public. Elle a l’intention de continuer d’écrire comme de faire des films et ne se refuse à refaire qu’une chose : adapter ses propres romans. C’est du moins ce qu’elle dit à ce jour. 

En collaboration avec

 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy