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PORTO POST DOC 2017

Daniel Ribas • Directeur, Porto/Post/Doc

"La richesse du contenu des archives nous permet de réécrire l’histoire"

par 

- Cineuropa a rencontré Daniel Ribas, le directeur du Porto/Post/Doc, pour parler de l’importance des archives et de la mémoire lors de sa quatrième édition, qui se termine le 3 décembre

Daniel Ribas  • Directeur, Porto/Post/Doc
(© Renato Cruz Santos)

Le Porto/Post/Doc : Film & Media Festival, qui se déroule du 27 novembre au 03 décembre, célèbre sa quatrième édition. Le festival rassemble dans la seconde plus grande ville du Portugal des films documentaires — dans tous les formats imaginables, proposant du contenu hydride et des thèmes stimulants. Cineuropa a rencontré le directeur du festival, Daniel Ribas, pour parler de l’édition de cette année.

Cineuropa : Porto/Post/Doc célèbre sa quatrième édition. Comment le festival se positionne-t-il dans un contexte sociopolitique qui semble plus réceptif aux projets culturels qu’auparavant ?
Daniel Ribas : En 2014, le festival est né du besoin de ramener le cinéma au cœur de Porto (ce besoin s’est confirmé entretemps). Pendant des années, les évènements cinématographiques se sont concentrés dans les centres commerciaux, et les gens ont perdu l’habitude de regarder un film au cinéma du village. C’est la raison pour laquelle nous avons créé un programme mensuel, en parallèle du festival, que nous avons nommé “Há Filmes na Baixa!” (lit. “Il y a des films au cinéma du coin !”) dans une intention provocatrice. Quatre ans plus tard, nous pensons que cela en valait la peine. Nous avons été témoins de l’émergence d’une nouvelle vague de spectateurs, jeunes et moins jeunes, qui retournent aux cinémas de village. Nos projections régulières sont devenues des évènements importants, et on fidélisé le public. Le festival a quant à lui connu une croissance durable. Le nombre d’entrées a doublé depuis la première édition. En 2016, nous avons accueilli plus de 12 000 personnes. Bien sûr, cela a été possible grâce à la volonté politique à l’échelle régionale — et aux financements privés – qui ont rendu cet évènement viable financièrement. Le Porto City Hall est un partenaire stratégique, et Vinhos Verdes est notre sponsor privé principal.

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Pourquoi avez-vous choisi le thème ‘’Archive et Mémoire’’ pour cette édition ? Quels sont les thèmes principaux de la programmation ?
Le cinéma a plus de 100 ans aujourd’hui. Les images enregistrées durant cette période représentent une quantité énorme d’archives familiales et institutionnelles. La richesse du contenu des archives nous permet de réécrire l’histoire. C’est sur cet aspect que nous voulons nous concentrer : l’utilisation de ce type de contenu ‘’retrouvé’’ a été essentielle pour le documentaire contemporain ; et c’est ce que nous voulons souligner. Le temps qui passe et les changements sociaux qui y sont associés sont des éléments cruciaux qui nous permettent de comprendre le présent. De plus, un festival est aussi un lieu de mémoire. C’est à nous de mettre en avant certains auteurs, comme le réalisateur et anthropologue français, Jean Rouch, né il y a 100 ans et dont les films ont récemment été restaurés. La rétrospective sur Rouch dévoilera des films essentiels pour l’histoire du cinéma – ceux-ci sont en outre fortement liés à la philosophie du Porto/Post/Doc : ils prennent des risques et remettent en question les limites préétablies.

Quelle place occupent les productions européennes cette année ?
Il est particulièrement important pour nous de garantir la présence du cinéma européen, car il fait partie de notre univers de références : le cinéma d’auteur peut nous apporter beaucoup. Dans ce contexte, je voudrais citer l’exemple du réalisateur tchèque Miroslav Janek. Depuis la présentation du travail de Jana Ševčíková en 2016, nous continuons à promouvoir le cinéma tchèque par la présentation du travail d’un auteur qui a beaucoup aidé les communautés locales les plus méprisées en leur offrant une certaine visibilité. Son travail est à la fois poétique et engagé. Nous avons en outre mis en avant le cinéma suisse. Peter Mettler possède une méthode de travail très particulière; avec un style essayiste et une esthétique impressionnante. Par ailleurs, Franz Treichler, des The Young Gods, présentera un spectacle audiovisuel au côté de Mettler. C’est une façon de nous ouvrir aux nouvelles formes d’expression cinématographique.

Pourquoi un festival ‘’du réel’’ (bien qu’il flirte avec la fiction) a-t-il été ouvert à des productions entièrement fictionnelles? Le film d’ouverture, The Beguiled, de Sofia Coppola et l’excellente rétrospective sur les films du duo portugais André Santos et Marco Leão sont deux exemples.
Être un festival ‘’du réel’’ est pour nous une sorte de provocation. La réalité est pleine de contradictions et le cinéma est le résultat ultime de cette ambivalence latente. Ramener l’élément réaliste dans un monde inondé d’images et de fausses informations, signifie qu’il faut promouvoir des films fortement marqués par les caprices d’un monde changeant. C’est pourquoi le fait qu’un film soit un documentaire ou une fiction n’a pas d’importance fondamentale. Il est plus essentiel que celui-ci soit porteur d’une vérité relative à la réalité qu’il représente et qui permet de découvrir notre humanité. Voilà ce qu’est ‘’le réel’’ selon nous, celui qui se retrouve dans le film de Coppola – une représentation historique avec des thèmes actuels – et dans la rétrospective de Santos et Leão. Leur travail possède une force intérieure dans laquelle la fiction est un outil pour se rapprocher de la réalité de personnages intenses et humains.

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(Traduit de l'anglais)

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