email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2018 Panorama

Marysia Nikitiuk • Réalisatrice

“Le principe était de combiner les trois mondes de façon naturelle”

par 

- BERLIN 2018 : La réalisatrice ukrainienne Marysia Nikitiuk parle de son premier film, When the Trees Fall, et de comment le réalisme romancé peut être source d’espoir

Marysia Nikitiuk  • Réalisatrice

Nous nous sommes entretenus avec la réalisatrice Marysia Nikitiuk, qui présente son premier long-métrage, When the Trees Fall [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Marysia Nikitiuk
fiche film
]
, dans la section Panorama du Festival de Berlin

Cineuropa : Votre premier film combine plusieurs intrigues, thèmes et lieux. Quelle a été votre inspiration ? Une image, un personnage ou un état d’esprit en particulier ?
Marysia Nikitiuk :
L’histoire de la fillette, Vitka, est venue en premier. Il y a quelques années, je discutais avec un ami et j’essayais de révéler quelque chose sur moi à travers une anecdote d’enfance. Pendant que je la racontais, j’ai ajouté plein de détails imaginaires, et j’ai fini par raconter une fausse histoire. J’essayais de lui expliquer comment, plus jeunes, on a été élevés dans une société post-soviétique où on n’était pas autorisés à ressentir quelque chose. En général, quand on pleure, on doit finir de le faire, et ensuite essayer de déterminer la raison de ce chagrin. En grandissant, analyser ce mécanisme peut vous permettre d’apprendre à comprendre vos émotions, mais quand on est enfant, on ne peut pas savoir et décrire cela, on ne peut que ressentir le plus grand chagrin du monde. J’ai vu plusieurs personnes à Kiev qui étaient dans un tel état de stress que quand ils voyaient un enfant pleurer, ils lui ordonnaient de s’arrêter, parce qu'ils ne souhaitent pas voir l’enfant manquer de confiance en société. L'enfant qui vit cela est marqué à jamais, et si beaucoup de gens fonctionnent comme cela, cela peut faire du mal à la société. Mon ami était très surpris d’entendre cette histoire, et je me suis précipité pour commencer d'écrire ce film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Comme on peut le voir dans votre film, des émotions qui sont enfouies chez l’enfant remonteront à la surface plus tard dans sa vie. Larysa et Scar font beaucoup de choses étranges.
Oui, mais ils restent des adolescents. J’ai remarqué qu’il existe deux types d’adolescents : ceux qui ont un trop plein d'émotion et ceux qui ont un tempérament artistique. De même, il y a deux manières de passer à l’âge adulte : soit on le fait d’une manière très ouverte et active, soit on le fait de manière renfermée et défensive. Je voulais faire un film sur ce premier groupe de gens, qui sont ouverts et n’ont pas de carapace. Il y a de la beauté dans leur côté sauvage, ils sont plein de vie, mais hélas, au fur et à mesure, la vie les cantonne à une cage. C’est la pire chose que j’ai vécue dans mon pays. 

Pourquoi y a-t-il si peu d’espoir dans le monde que vous montrez ?
En fait, je voulais parler d’espoir dans un endroit qui n’en a pas. En général, je constate que le temps et la société cassent les gens. Il n’y a qu’un petit pourcentage de la population qui peut prétendre avoir réussi dans la vie, peu importe la manière – que ce soit par le travail ou à travers l’éducation qu'ils ont donnée à leurs enfants. Je voulais dire que ça doit changer, mais je recherchais une manière honnête de le faire : je ne voulais pas ajouter de scène qui donne de l’espoir mais qui à mon avis ne serait pas réaliste. J’ai décidé que le meilleur moyen de conserver l'élément d'espoir était d’introduire des éléments romancés. La meilleure chose que l’on puisse faire, sans doute, c’est protéger l’enfant qui sommeille en nous.

When The Trees Fall est une coproduction entre trois pays : l’Ukraine, la Pologne et la Macédoine. C'est un film est très visuel. Comment avez-vous établi son esthétique avec votre chef-opérateur polonais, Michal Englert ?
Mon film est un mélange de genres, j’ai donc décidé d’utiliser trois choses qui les relieraient entre eux : le cheval, qui apparaît tout au long de l’intrigue ; les performances, qui restent au même “niveau” d’une séquence à l’autre ; la photographie, à travers laquelle je voulais présenter un “portrait”. Nous avons discuté avec Michal du sentiment d’espace, de la longueur des scènes, des plans, etc. Pour les scènes “magiques”, je voulais transmettre le même sentiment de continuité et d’élongation du temps que celui que Bela Tarr crée dans ses films. Michal a ri quand je lui ai parlé de retrouver l’état d’esprit des films d’Hayao Miyazaki mais plus tard, sur le plateau, on a commencé à appeler ça le “filtre Miyazaki”. Il y a des éléments visuels qui diffèrent, mais l’idée principale était de combiner les trois mondes de façon naturelle, pour ne pas se retrouver avec un mélange des genres trop déroutant.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Florian Etcheverry)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy