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Burhan Qurbani • Réalisateur

"En tant que réalisateurs, il faut s’ouvrir et élargir nos perspectives"

par 

- German Films s’entretient avec Burhan Qurbani (Shahada, We Are Young. We Are Strong.), qui s’apprête à tourner son prochain film, Alexanderplatz

Burhan Qurbani • Réalisateur
(© German Films)

Même si lui-même ne se définirait pas comme cela, vu de l'extérieur, on peut le dire : Burhan Qurbani est une véritable exception parmi les metteurs en scène allemands.

Le film de fin d’études de Qurbani, Shahada [+lire aussi :
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, a été produit avec la participation du département production télévisuelle de la chaîne publique ZDF, mais au lieu de finir sur le petit écran, ce film à la structure épisodique a été sélectionné au Festival de Berlin. Qurbani se souvient de cette expérience assez bouleversante dont il a mis, dit-il, toute une année à se remettre. 

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Cinq ans plus tard, Qurbani a vu son premier film sortir en salles, et l'oeuvre, We Are Young. We Are Strong [+lire aussi :
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, a été nominée pour le Lola du meilleur film allemand et elle a reçu le prix du scénario aux Prix du cinéma bavarois. Ce ne sont toutefois pas tant ces success stories épatantes qui ont transformé son oeuvre en phénomène remarquable que ses sujets. Shahada présente une réflexion très moderne et inspirée sur l’islam en Allemagne, et We Are Young. We Are Strong. revisite les émeutes démarrées par l’extrême droite en 1992 à Rostock-Lichtenhagen, une tragédie qui a trouvé des échos dans l’actualité : au moment du lancement du film dans les salles, les manifestations Pegida faisaient rage. Peu de réalisateurs dans le pays peuvent prétendre être au diapason de la société allemande comme lui.

Ainsi, Qurbani accepte avec joie l’appellation de “cinéaste engagé” : “Cela ne signifie pas que tout ce qu’on fait doit être automatiquement politique, mais si on présente quelque chose au public, ça devient politique. À partir du moment où un film touche un certain nombre de gens, il n’est plus vraiment à soi. Et on doit assumer cette responsabilité”. 

Et pour lui, ce sens des responsabilités veut aussi dire qu’il a pour mission de dire quelque chose de la vie ici et maintenant, de parler de l’état du monde. “On touche tellement de subventions publiques en tant que réalisateurs en Allemagne, et puis à titre personnel, je pense qu’il serait inconscient de s’en tenir au petit monde des drames interpersonnels”, explique-t-il pour justifier son choix de thèmes. “Évidemment qu’il est aussi important de parler d’amour, de sexe, de tendresse, mais tout en le faisant, on peut aussi s’ouvrir et toucher à quelque chose de plus universel. Je crois qu’en tant que réalisateurs, il faut s’ouvrir et élargir nos perspectives.” 

Dès lors, il n’est pas étonnant que Qurbani préfère se définir comme un citoyen européen plutôt qu’un cinéaste allemand. “J’ai déjà eu l’opportunité de travailler en IsraëI, et avec des collègues de France, d’Espagne, d’Arabie Saoudite ou des États-Unis. Souvent, je trouve que leur production est plus intéressante à regarder que beaucoup de ce que je vois dans ce pays. En Europe en particulier, les pays limitrophes représentent des atouts que l’on se doit d’exploiter, observe-t-il. Bien sûr, on peut également raconter des histoires allemandes comme des histoires plus personnelles, mais il est nécessaire d'en présenter aussi une vue plus large, de façon à ce que les gens puissent les comprendre au-delà des barrières culturelles.”

C’est précisément ce qu’il s’apprête à faire avec son prochain projet, Alexanderplatz, dont le tournage est prévu pour ce printemps. Il s'agit d'une adaptation du roman Berlin Alexanderplatz d’Alfred Döblin, scénarisée par Qurbani avec Martin Behnke, déjà son collaborateur sur We Are Young. We Are Strong.Cela fait environ quatre ans que Qurbani prépare ce film, non seulement chez lui, sur la table de la cuisine de son appartement en colocation, mais aussi sous la supervision du directeur d’écriture roumain Razvan Radulescu (Mère et Fils [+lire aussi :
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interview : Calin Peter Netzer
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) au sein du prestigieux Torino FilmLab, et en résidence à Los Angeles. Le financement et le casting sont bouclés.

Dans cette version d’Alexanderplatz, le criminel à la petite semaine de Berlin Franz Biberkopf sera incarné par Francis, un réfugié africain. “Je veux raconter une histoire qui parle de la communauté des immigrés d’Afrique subsaharienne à Berlin, mais qui force aussi le public allemand à se confronter aux problèmes de sa société, souligne Qurbani pour contextualiser son nouveau projet. Les histoires de réfugiés ne s’adressent qu’aux spectateurs qui sont déjà intéressés par le sujet. Mais si on prend un des romans les plus respectés de l’Histoire de la littérature allemande, et qu’on fait de son personnage central un réfugié africain, j’espère que ce sera regardé de manière différente, et pris au sérieux.”

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(Traduit de l'anglais par Florian Etcheverry)

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