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SAN SEBASTIAN 2018 Compétition

Tuva Novotny • Réalisatrice

"Le coeur du film est un propos sur nos lacunes s'agissant des maladies mentales"

par 

- SAN SEBASTIAN 2018 : Novotny, une des actrices les plus endurantes de Scandinavie, se lance dans la mise en scène avec Blind Spot. Nous l'avons rencontrée

Tuva Novotny  • Réalisatrice
(© Alex Abril/San Sebastián International Film Festival)

Depuis qu'elle s'est faite connaître, dans les années 1990, la comédienne Tuva Novotny n'a cessé d'explorer de nouveaux territoires avec une aise déconcertante. Après des débuts dans des feuilletons télévisés suédois, elle est passée sur le grand écran et s'est mise à trouver beaucoup de rôles dans des films danois, autour des années 2000, et de même dix ans plus tard en Norvège. Cette comédienne vraiment scandinave (qui parle les trois langues presque parfaitement) se lance à présent dans la mise en scène. Dans cette capacité, elle présente cette année deux titres : le film suédois Britt-Marie Was Here, adapté d'un roman de Fredrik Backman (l'auteur du roman A Man Called Ove, également adapté au cinéma), qui va sortir en décembre, et la production norvégienne Blind Spot [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Tuva Novotny
fiche film
]
, scénarisée par elle. Le film, présenté à Haugesund en août puis à Toronto début septembre, concourt à présent au Festival de San Sebastian. Cineuropa a rencontré Novotny à l'événement norvégien pour réaliser une de ses premières interviews en tant que nouvelle et prometteuse cinéaste.

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Cineuropa : Blind Spot est une expérience forte pour le spectateur. Comment décririez-vous le film à quelqu'un qui ne l'a pas encore vu ?
Tuva Novotny :
Il y a, au premier plan, une grave crise familiale, mais le cœur du film est un récit sur nos lacunes par rapport à la maladie mentale, et par suite aux moyens de la prévenir. C'est comme maintenant, alors que vous êtes sur le point de m'interviewer : j'ai le trac, mais en vous le disant, je me sens déjà mieux.

Vous passe de l'interprétation à l'écriture et la mise en scène avec deux longs-métrages : un film norvégien et bientôt un film suédois. Qu'est-ce qui vous a amenée à opérer ce changement de direction ?
C'est une chose que j'avais déjà en moi, je crois. C'est le résultat d'un processus plutôt que d'une épiphanie. Enfant, je mettais en scène mes frères et sœurs dans le salon. Adulte, j'ai toujours cherché à gagner en connaissances techniques, de manière à me préparer à faire moi-même des films. J'ai fait de la télévision pendant quelques années, notamment des épisodes de Lilyhammer et Dag. Øystein Karlsen, un des créateurs de Dag, a été mon meilleur soutien : il m'a poussée et aidée à me lancer.

Comment décririez-vous votre nouveau “métier” ?
Il est lié, en partie, à l'idée qu'on n'est pas tout seul sur un film : un film est le fruit d'une collaboration. Cependant, dans le même temps, on a un titre et une mission qui impliquent qu'on a aussi le niveau de responsabilité d'un chef d'équipe, la responsabilité de pouvoir être pris au sérieux. Le réalisateur est souvent celui qui décide de la manière dont l'équipe et la troupe vont communiquer, de comment ils vont travailler et quand, etc. Ce climat est est important pour moi, surtout que dans le monde de l'art, souvent plein de tempérament, plus je me sens en sécurité, mieux c'est, car c'est là que je peux exprimer tout mon potentiel. Les journées de 17 heures et toutes les petites crises qui peuvent survenir sur un tournage générent de la fatigue et affectent mes capacités, mais pour ces deux productions, j'ai été entourée d'équipes formidables. Nous avons travaillé tous ensemble, et le résultat est beaucoup plus que la somme des contributions de chacun.

On se rend vite compte que Blind Spot est tourné d'une manière très spéciale, mais faut-il le révéler au lecteur ?
Complètement, je pense qu'il faut. Je préfère parler de récit en temps réel, plutôt que de film en un seul plan-séquence, car cela oblige les acteurs à rester dans l'histoire. Ils ne peuvent pas faire de deuxième prise ou changer d'angle, alors qu'ils en ont la plupart du temps la possibilité, au cinéma et à la télévision. En somme, c'est une expérience authentique. L'idée était là dès la première page du scénario. Il est vrai qu'un petit doute s'est insinué dans mon esprit à un moment : l'exercice technique allait-il faire de l'ombre au thème du film ? Mais je me faisais du souci pour rien : c'est le thème du film qui captive, plus que son style. 

Alors pourquoi procéder ainsi ?
Je l'ai fait pour conserver les temps de pause qui sont généralement coupés, les longueurs, les moments tranquilles. Souvent, quand je regarde un film, cela me manque, de pas pouvoir rester avec le personnage, d'avoir une version éditée. J'adore le montage, et vous verrez du montage dans d'autres de mes films, vous pouvez en être sûr, mais dans le cas de ce film, on vit les 98 minutes que dure l'histoire. Il n'aurait pas pu en aller autrement. 

Combien de tournages pensiez-vous devoir faire, et combien en avez-vous fait ?
Je dois dire que tout s'est passé comme je l'attendais. Nous comptions bien y arriver en trois fois, et il nous a effectivement fallu trois fois. Nous avons envisagé d'aller jusqu'à sept, mais je ne voulais pas qu'on perde notre élan.

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(Traduit de l'anglais)

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