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ZAGREB 2018

Marianne Slot • Productrice

"Je trouve les coproductions très enrichissantes"

par 

- Cineuropa a rencontré la productrice primée Marianne Slot à Zagreb, pour parler de son expérience de différents types de coproductions

Marianne Slot  • Productrice

La productrice française d’origine danoise Marianne Slot et Slot Machine, la société de production qu’elle a créée, sont considérées comme un phénomène dans l’univers des productions et co-productions cinématographiques européennes. Par le biais de sa société, Slot a collaboré avec quelques-uns des plus grands réalisateurs au monde, parmi lesquels Lars von TrierLucrecia MartelLisandro AlonsoNaomi KawaseSergei Loznitsa et Benedikt Erlingsson. Cineuropa l'a rencontrée à l’issue de la masterclasse intitulée "Co-production : une histoire d’amour" qu'elle a donnée dans le cadre du Festival international du film de Zagreb

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Cineuropa : Votre masterclasse s'intitulait "Co-production : une histoire d’amour". Est-ce toujours une histoire d’amour ?
Marianne Slot : Oui, quelquefois c’est une belle histoire, mais pas toujours.

Vous avez, tout au long de votre carrière, coproduit dans des conditions diverses. Certaines de vos coproductions ont été très compliquées. Faites-vous souvent ce genre de coproductions ? Comment vous y prenez-vous et quel sentiment cela vous procure-t-il ? 
L’ensemble des films que j'ai produits depuis mes débuts, il y a 25 ou 30 ans, ont été des coproductions internationales. Dans un premier temps; c’était par pure nécessité. En effet, les films produits par Slot Machine sont tous des films d’auteur d’une grande exigence. Pour récolter des fonds pour ce genre de films, il est indispensable d’avoir des partenaires internationaux. C’est donc purement pragmatique au départ, mais c'est aussi que je trouve les coproductions très enrichissantes. Une [+lire aussi :
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est un cas à part : pour parvenir à rassembler les 2,2 millions d’euros qui étaient nécessaires pour faire ce film, nous avons fait appel à sept pays partenaires et à une équipe technique représentant une multitude de nationalités. À un moment donné, c’est donc devenu très compliqué. Les questions relevant du droit du travail international et du droit fiscal étaient très épineuses. Au-delà de cela, travailler en contact avec toutes ces nationalités et toutes ces cultures différentes est une véritable richesse.

Les projets que vous choisissez de coproduire sont-ils toujours le résultat d’une décision créative ? Vos choix se fondent-ils sur l’amitié qui vous lie à un réalisateur (la connaissance que vous avez de son travail, de son expérience, etc.) ou sont-ils au contraire purement pragmatiques ?
Nous commençons toujours par nous asseoir autour d’une table avec le réalisateur et nous passons en revue tous les choix artistiques, et nous les chefs des différents départements. Nous commençons par définir ce qu’ils souhaiteraient faire, l’endroit où ils aimeraient travailler et la façon dont ils voudraient travailler… Nous partons ensuite à la recherche de partenaires. Le point de départ est toujours artistique. Ensuite, en accord avec le réalisateur et au regard des choix faits, il faut faire des compromis et ce dans l’intérêt du film. Si votre collaboration avec telle ou telle personne a été fructueuse, vous allez à nouveau vous adresser à elle. On ne change pas une équipe qui gagne.

Vous avez travaillé avec des réalisateurs de renom, mais vous avez également découvert de nouveaux talents à travers le monde. Vous avez produit des films à gros budgets et d’autres plus intimes. Que pourriez-vous nous dire à ce sujet ?
Travailler avec des talents reconnus et en découvrir de nouveaux, c’est là tout le défi. Les nouveaux doivent être vraiment nouveaux et en tant que productrice, mon rôle est simplement d’accompagner les réalisateurs et de les aider à faire le meilleur film possible. Les talents sont différents selon les personnes, chacun a ses forces et ses faiblesses. Mon objectif est de déceler tout cela, d’en tenir compte et de leur apporter mon aide là où c’est nécessaire. Le travail est toujours le même en somme. 

Les opportunités de coproductions ne manquent pas en Europe, mais vous avez également travaillé au-delà des frontières européennes. Quelle différence y a-t-il entre une coproduction européenne et une coproduction non-européenne ?
En tant que producteurs européens, nous avons un gros avantage : nous pouvons nous assurer que notre film sera indépendant et sans interférence de ceux qui le financent. J’ai travaillé à l'extérieur de l'UE, mais toujours en tant que productrice européenne, avec des fonds européens et avec les mêmes organisations. Par exemple, quand je travaillais sur des projets latino-américains, je collaborais toujours avec Les Cinémas du Monde, le Berlinale World Cinema Fund, etc. Voilà le genre d’argent que vous pouvez réunir pour des projets étrangers. L’idée reste la même : il s'agit d'accompagner le travail des réalisateurs en faisant en sorte qu’ils conservent leur indépendance.

De quelle façon envisagez-vous l’avenir des coproductions ? Aujourd’hui omniprésentes, elles sont peut-être la seule façon de financer des films d’auteur plus exigeants, plus difficiles à produire.
J’espère juste que la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, où la culture est bafouée, ne durera pas, et que nous avons la volonté et les institutions nécessaires pour inverser la tendance. Nous devons maintenir en vie les structures qui soutiennent le cinéma. C’est primordial. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve. Aujourd’hui nous avons des organismes avec lesquelles nous pouvons travailler, des programmes importants, l’environnement évolue, et nous devons nous adapter à ces changements sans perdre de vue nos objectifs.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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