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IFFR 2019 Limelight

Kenneth Mercken • Réalisateur de Coureur

“Il était capital d’avoir une intrigue authentique”

par 

- Cineuropa a rencontré le réalisateur belge Kenneth Mercken pour parler de Coureur et de la fictionnalisation qu'il y propose de son histoire personnelle, tout en conservant son authenticité

Kenneth Mercken • Réalisateur de Coureur
(© Toon Aerts)

Le réalisateur belge Kenneth Mercken a dévoilé son premier film, Coureur [+lire aussi :
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, un récit semi-autobiographique, en avant-première internationale au Festival International du Film de Rotterdam. Cineuropa a discuté avec lui de la manière dont il a romancé sa vie réelle, tout en restant fidèle à son authenticité.

Cineuropa : Votre premier long-métrage Coureur, produit par Koen Mortier et Eurydice Gysel, est consacré au cyclisme. Koen Mortier a, lui aussi, récemment réalisé un film sur le cyclisme, Un ange [+lire aussi :
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. Est-ce une coïncidence ?
Kenneth Mercken : Oui, c'est drôle que nous ayons tous les deux décidé de faire des films sur le vélo. Je pense que c'était une coïncidence. Koen s'est impliqué dès le début dans le projet de Coureur, car il est vraiment passionné par le cyclisme. J'ai commencé à écrire Coureur il y a six ans ; Koen a lu le livre pour Un ange quelques années après que j’aie commencé à développer mon film.

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Vous avez des styles différents. Vous a-t-il en quelque sorte influencé ?
Koen a suivi le projet de très près. J'avais réalisé un court-métrage sur la face sombre du cyclisme comme projet de fin d'études et quand il en a vu les images, il a tout de suite été intéressé. Notre collaboration remonte donc à très loin. Son influence est telle qu'il est toujours parvenu à me faire obtenir ce que je voulais, sans pour autant imposer son point de vue. Koen a fait en sorte de ne pas trop m'influencer. Il comprenait ma vision et m'apportait son aide. Il avait également la fonction de coach pour l’élaboration du scénario, et il était donc aussi lié à Coureur sur le plan créatif. 

Coureur est un mélange de réalité et de fiction. Comment avez-vous trouvé l'équilibre entre les deux ?
Je voulais vraiment raconter ma propre histoire, car j'ai vécu toutes ces expériences. Toutefois, je me suis rendu compte que pour en faire un film, il fallait que je les fictionnalise et que je prenne de la distance. Et cela n'a pas été simple. Au début, tout était assez anecdotique. Je ne voulais pas que mon personnage et celui de mon père aient une empreinte trop documentaire, ça ne correspondait pas au reste de la narration. Au fil du tournage, j'ai réussi à appréhender le personnage avec un regard extérieur. Pareil au montage : il y a toujours le risque qu'on s'attache trop à ce que l'on filme. Il faut du temps pour s'en détacher et vraiment voir le scénario.

Comment avez-vous sélectionné les acteurs – puisque les personnages sont inspirés de gens réels ?
Tout d'abord, pour le rôle principal, il fallait choisir entre un acteur ou un véritable cycliste. Les producteurs et moi penchions vers le vrai cycliste, mais nous avons gardé un esprit ouvert lors du casting. Il fallait que l'acteur soit cycliste de toute façon, car il devait avoir le physique adéquat et connaître le jargon – surtout que je travaille beaucoup avec l'improvisation. J'ai eu l'impression que beaucoup de jeunes acteurs prétendaient être des cyclistes, mais Niels Willaert en était vraiment un. J'ai été impressionné par l'expressivité de son corps.

Le film a deux intrigues cruciales : celle qui tourne autour de la relation père-fils et celle qui montre le milieu compétitif et dangereux du sport, cette dernière étant une sorte de dénonciation. Quelle est le lien entre les deux ?
Je vois les choses de manière dualiste. À mes yeux, l’intrigue père-fils est la plus importante des deux, mais je voulais aussi illustrer ce monde interdit dont j'ai fait partie, en tant qu'ancien cycliste professionnel. Il était capital d’avoir une intrigue authentique afin de briser l'omerta. C'était aussi une façon pour moi de m’exprimer librement.

Ne craignez-vous pas que votre représentation peu flatteuse de ce sport et votre discours sur les drogues dopantes qui améliorent la performance ne suscitent la réaction du milieu du cyclisme professionnel ?
Je savais dans quoi je m'embarquais. J'ai travaillé sur le projet pendant si longtemps : j'espère qu'il y aura une réaction au film. Ce serait bien qu'il soulève une discussion sur le dopage et la pression que subissent les jeunes athlètes.

Avez-vous tourné une fin différente au clip vidéo ?
Non, c'est ainsi que je voyais la fin du film. C'était peut-être instinctif de ma part, mais je devais révéler que c'était mon histoire.

Le clip est en quelque sorte une garantie d’authenticité.
Bien sûr, mais ça reste délicat. D'un côté, c'est réel, mais la scène de la transfusion sanguine, par exemple, que je considère assez symbolique, n'a jamais vraiment eu lieu. Cela dit, je suis sûr que mon père l'aurait fait pour moi.

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(Traduit de l'anglais par Loubna Mairfate)

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