email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

IFFR 2019 Compétition Tiger

Ulaa Salim • Réalisateur de Sons of Denmark

"Chaque film devrait avoir l'ADN d'un vrai récit"

par 

- Entretien avec le néo-réalisateur danois Ulaa Salim, qui était en compétition à Rotterdam avec le thriller Sons of Denmark

Ulaa Salim • Réalisateur de Sons of Denmark

Le premier long-métrage d'Ulaa Salim, Sons of Denmark [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Elliott Crosset Hove
interview : Ulaa Salim
fiche film
]
, a été présenté en compétition officielle au 48e Festival international de Rotterdam. Mêlant drame et thriller, Salim se penche sur la question d’actualité très délicate de la radicalisation et de la banalisation de l’extrémisme. Nous avons rencontré le jeune et talentueux réalisateur pour discuter du cinéma de genre, de la manière dont la réalité a rejoint son récit et de ce qui lui a permis de faire, dès la fin de ses études, ce premier long-métrage. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Sons of Denmark aborde des sujets socio-politiques très épineux, mais vous avez utilisé ici une approche qui relève plus du film de genre que du cinéma d’art et d’essai. Pourquoi ?
Ulaa Salim : J’estime que chaque film devrait être avoir l’ADN d’un vrai récit. Je veux pouvoir m’attaquer à des problèmes graves et à des personnages complexes. Je dirais que le genre thriller m’est apparu comme la manière la plus naturelle de véhiculer cette histoire, qui va tellement plus loin que ce que peut porter un film de genre. En fait, je ne voulais adhérer à aucun genre spécifique ; ce qui m’importait, c’était de faire le film que j’avais envie de faire, en utilisant les outils à ma disposition pour raconter cette histoire extrêmement grave. Ces deux aspects se sont rejoints au cours de l’écriture du scénario et tout est venu très naturellement ensuite sans que j'aie encore déterminé le genre du film, car le récit joue aussi de l’élément de surprise. 

Sons of Denmark possède une structure différente des films qu'on voit généralement. Pourquoi avez-vous construit votre récit ainsi ?
Les premières scènes sont capitales. Lorsque le début d’un film parvient à refléter l’essence du récit, c’est très important pour la suite du film. C’est la raison pour laquelle il m’a semblé judicieux de créer une prémisse pour ce récit dès le prologue, car cela m’a permis de montrer dès le début que le monde présenté est celui dans lequel l’histoire va pouvoir se dérouler, et non pas un monde construit pour cette histoire. J’ai également voulu repousser les limites des structures classiques, en m'appuyant sur des thèmes spécifiques, tels que d’où viens-tu ? Où est ta place dans la société ? Qui es-tu ? À quelle communauté appartiens-tu ? Je souhaitais utiliser ces questions pour structurer mon scénario. 

Vous dites que lorsque vous avez commencé à écrire le scénario, les gens ont trouvé l’histoire exagérée. On peut affirmer qu’en quelques années la réalité a rejoint la fiction. Cependant, votre récit se déroule tout de même dans le futur. Pourquoi ?
Pour deux raisons. Tout d’abord, en tant que cinéaste, j’aime pouvoir choisir la façon dont je vais faire mon film. J’estime que les cinéastes doivent utiliser leur imagination pour essayer de nous expliquer comment ils perçoivent le monde et comment ils veulent en parler. Ensuite, je ne voulais pas que mon film génère la discussion sur le motif suivant : s’agit-il ou non de ma propre vision des choses ? En réalité, ce qui m’importait, c’était de faire ce film pour discuter de la société que nous espérons construire pour notre futur. Notre société pourrait évoluer de différentes manières, ce qu'on voit dans le film n'est qu’une d’entre elles. En travaillant ainsi, j’ai eu plus de liberté pour écrire mon scénario. 

Vous avez terminé vos études en été 2017. Six mois plus tard, votre premier long-métrage faisait déjà son avant-première mondiale. Comment êtes-vous parvenu à le réaliser si vite ?
J’ai toujours voulu faire ce film. Le jour où j’ai terminé mes études, j’ai envoyé ma première ébauche pour trouver un financement. À ce moment-là, avec Daniel Mühlendorph, nous avions déjà créé notre société de production, Hyæne Film. Nous étions alors prêts et déterminés à avancer très vite. Au Danemark, il existe un programme de soutien très efficace destiné aux jeunes cinéastes, New Danish Screen, qui a entièrement financé notre film et cru dans notre récit dès le début. Il nous a ensuite fallu six mois pour développer notre projet. New Danish Screen nous a également permis de faire des essais visuels, et donc de faire plusieurs jours de tournage avant, et aussi de trouver des acteurs. J’ai donc travaillé sur le scénario et le film en même temps. J’ai en quelque sorte toujours été en mode pré-production. Le tournage lui-même a duré 45 jours. C’est ce que je voulais : un long tournage. C’était important pour moi, car j’aime aussi qu’il y ait des scènes qui ne soient pas préparées à l’avance. J’ai toujours fonctionné ainsi.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Delphine Tomlins)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy