email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2019 Compétition

Angela Schanelec • Réalisatrice de J'étais à la maison, mais...

"Mon humour n'a pas de chute"

par 

- BERLIN 2019 : Nous avons interrogé l'Allemande Angela Schanelec sur son film-essai polarisant J'étais à la maison, mais..., programmé dans la compétition principale à Berlin

Angela Schanelec  • Réalisatrice de J'étais à la maison, mais...
(© Joachim Gem)

L'assez abstrait J'étais à la maison, mais... [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Angela Schanelec
fiche film
]
d'Angela Schanelec avec Maren Eggert, Jakob Lassalle et Franz Rogowski, en compétition à Berlin, a déjà divisé le public du festival par son rythme lent et ses trames dénouées, tournant autour d'un pré-adolescent du nom de Phillip (Lassalle) qui, après avoir disparu pendant une semaine, retourne enfin chez lui.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : La plupart des interactions montrées dans votre film sont tellement gênantes qu'elles en deviennent presque drôles. Comme la scène qui ne semble jamais avoir de fin où deux personnages [dont Astrid jouée par Maren Eggert] se disputent à propos d'un vélo cassé.
Angela Schanelec
: C'est le genre d'humour qui n'a pas vraiment de chute. Ces scène n'en ont certainement pas, ce qui veut dire qu'elles sont presque sans fin. Ces personnes ne peuvent juste pas s'arrêter ! C'est pour cela qu'elles ont besoin de temps pour se dérouler. J'enseigne le cinéma dans une école d'arts [l'Université des Beaux-Arts à Hambourg], donc ça a moins à voir avec une écriture de scénario classique telle qu'on l'a décrite dans mille livres différents. Quand j'enseigne, au début, j'écoute ce que mes étudiants pensent, ce qu'ils veulent faire et ce qu'ils ont déjà fait. Dès le départ, j'essaye de les faire penser à ce qu'une image ou un son est en réalité, et ce que cela veut dire quand, au lieu de tenir une photo, on voit en fait quelque chose qui bouge. 

Ou qui ne bouge pas du tout – il y a une certaine immobilité dans vos scènes avec des enfants, qui sont montrés ici en train de réciter des passages de Hamlet. Ça paraît tout de suite étrange, parce qu'on a l'habitude de les voir courir partout, pleins d'énergie. Est-ce que c'était votre intention ?
Je pense que parfois, les adultes peuvent être beaucoup plus sans défense que les enfants. Aussi, pour les voir courir partout, il suffit de sortir dans la rue, pas la peine d'aller au cinéma. C'est intéressant, ce que les enfants sont capables de faire : ils peuvent être immobiles, ils peuvent réciter du Shakespeare. Mon but, et je pense que c'est clair avec ce film également, n'est jamais de reproduire la réalité. Se contenter de pointer sa caméra quelque part et de faire penser aux gens "Oh, c'est exactement comme ça que je le vois également", ce n'est pas assez. 

Vous avez commencé votre carrière en tant que cinéaste à la DffB-Académie du Cinéma et de la Télévision de Berlin, où vous avez rencontré Christian Petzold et Thomas Arslan. Ensemble, vous êtes considérés comme les initiateurs de la première vague de la fameuse École de Berlin. Est-ce que vous avez le sentiment d'en faire toujours partie ?
Ça n'existe plus vraiment. Ça a commencé avec Thomas, Christian et moi, et maintenant, ça plus de 20 ans que nous faisons des films. Nous avons développé et bifurqué dans d'autres directions très différentes. Ça nous a aidé à un moment, parce qu'au cinéma, il est parfois plus facile de faire certaines choses en travaillant sous une sorte de label. Mais comme dans d'autres groupes comparables, après un certain moment, les choses changent.

Dans J'étais à la maison, mais... vous n'avez certainement pas peur de troubler les spectateurs. Comme l'idée du film est née ?
La première chose à laquelle j'ai pensé était cette image d'un garçon de 13 ans, pas un enfant mais pas encore un adulte, réapparaissant à la maison sale et revenant de la nature sauvage. Je n'ai pas peur de semer le trouble, parce que je crois réellement que c'est possible de simplement voir les choses. La confusion s'insinue seulement si vous commencez à penser. Au cinéma, c'est assez, de juste voir. Bien sûr, si quelqu'un sort de mon film insatisfait d'une manière ou d'une autre parce que cette personne a le sentiment d'avoir interprété mal quelque chose, alors ça veut dire que j'ai échoué – je ne veux laisser personne mécontent. On filtre forcément ce qu'on voit à travers sa propre expérience, et cette expérience est la vôtre, et la vôtre seulement. Nous avons tous des vies différentes, alors pourquoi ne devrions-nous pas faire des associations différentes ?

Est-ce pour cela que vous commencez le film avec des scènes dans la nature - parce que avec les animaux, contrairement aux humains, personne ne perd son temps à se demander quels sont leurs motivations ?
Ça serait bien, si on pouvait regarder les animaux et peut-être en retirer cette manière de regarder les choses et la conserver quand les êtres humains apparaissent à l'écran. Le fait est qu'un animal ne ferait jamais quelque chose qui va à l'encontre de ce que son corps lui dit. Pour les gens que je montre ici, chaque situation leur arrive simplement, ils ne peuvent rien y faire. Ce n'est pas une action – c'est une réaction. Ils font ce que leur corps leur dit de faire, alors oui, c'est possible de les voir comme des animaux également.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy