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FEBIOFEST 2019

Juraj Šlauka • Réalisateur de PUNK NEVER ENDS!

"Je considère, dans une certaine mesure, que mon film est une parodie de drame social"

par 

- Le scénariste slovaque Juraj Šlauka a parlé à Cineuropa de son premier long-métrage derrière la caméra, PUNK NEVER ENDS!, un travail vraiment "fait maison"

Juraj Šlauka  • Réalisateur de PUNK NEVER ENDS!
Le réalisateur Juraj Šlauka (à droite) avec le coproducteur tchèque Jordi Niubó (© Festival international de Prague)

Le scénariste slovaque Juraj Šlauka, connu pour son travail sur les documentaires de Miro Remo, a dévoilé son premier long-métrage en tant que réalisateur, PUNK NEVER ENDS! [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Juraj Šlauka
fiche film
]
, au festival national Febiofest 2019. Ce drame, qui se passe dans les marges de la société, interprété par des acteurs non-professionnels, des gens de ce milieu, suit un héros incapable de réconcilier son style de vie impulsif avec les normes sociales. Šlauka évoque pour Cineuropa les conditions de travail de ce film "fait main". Il explique aussi pourquoi ce film n'est pas un drame social comme les autres, et parle de la fusion qu'on trouve ici entre les méthodes de la fiction et du documentaire.

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Cineuropa : PUNK NEVER ENDS! est une continuation de votre projet de doctorat, qui a commencé comme un documentaire et s'est graduellement transformé en fiction. Comment s'est opérée cette transition ?
Juraj Šlauka :
Honnêtement, le film n'a à aucun moment été conçu comme un documentaire. C'est une fiction depuis le début. Comme j'ai embauché pour le faire des acteurs non-professionnels, nous avons dû imaginer une manière de les diriger devant la caméra qui n'affecte pas leur authenticité. C'est peut-être cela qui rend le film plus proche du genre documentaire. Cette désinformation sur le projet qui en fait un documentaire vient du fait que je craignais d'être rejeté par le comité Fictions du Fonds slovaque pour l'audiovisuel. J'ai supposé qu'une expérience basée sur les sables toujours mouvants de la réalité ne serait pas facilement comprise, de sorte qu'au début, je suis allé vers le comité Documentaires du fonds pour un soutien financier. En fait, j'ai dû recourir à la fraude dès le départ, mais il faut dire que je suis convaincu, encore aujourd'hui, que c'était la seule manière possible d'obtenir au moins un minimum de financement. Le temps passé à réaliser ce film a fini par s'étirer sur huit ans compte-tenu des difficultés du travail avec des acteurs non-professionnels, la majorité étant soit des toxicomanes, soit des alcooliques.

Vous travaillez depuis longtemps avec le documentariste slovaque Miro Remo, et ce premier long métrage à des similarités avec son documentaire sur les récidivistes. Y a-t-il un lien ?
Depuis mes études, je m'intéresse aux méthodes de travail impliquant des acteurs non-professionnels ou la réalité qui font que le produit final ressemble à un travail de fiction au sens académique du terme. Quand Miro m'a demandé de le rejoindre sur Comeback, c'était pour moi une occasion unique de mettre ces idées en pratique. Miro badinait avec des idées similaires, et c'est ce qui nous a connectés. Comeback est un documentaire qui évoque un film de fiction en terme de format, alors que dans le cas de PUNK NEVER ENDS!, c'est l'inverse, probablement parce que j'ai commencé comme scénariste et que de fait, j'ai toujours tendance à virer vers la fiction, ou vers un modelage de la réalité qui prenne la forme d'une fiction. Miro est un pur documentariste, mais l'influence mutuelle est certainement très forte, principalement sur le plan humain. Naturellement, quand je travaille comme scénariste pour Miro, je respecte entièrement sa perspective. Je tends à me mettre en retrait de manière à soutenir ses choix d'auteur. Travailler sur mes propres projets dans le même temps m'a aidé à ne pas défouler mes ambitions là où je ne le devais pas.

Vous dites que le film a été "fait main". Qu'entendez-vous par là?
Cela signifie que le film a été fait sans aucun soutien financier. Pendant une phase du tournage, nous avons même collecté de la ferraille à revendre pour obtenir l'argent liquide dont nous avions besoin ce jour-là. L'équipe du film était un cercle réduit : il y avait moi, un chef-opérateur, un preneur de son et le responsable de production. Pour les scènes les plus difficiles, l'équipe grossissait en fonction. Nous avons tourné le film sur la caméra d'un appareil photo. Le chef-opérateur a fait ses propres éclairages – mais je ne crois pas que cela soit si extraordinaire. Je pense que beaucoup de réalisateurs ont fait des films dans des conditions très rudes. C'est possible, mais peut-être seulement une fois.

On sent PUNK NEVER ENDS! habité par les codes et conventions du drame social. Cependant, vous retournez complètement la chose à travers une manière de styliser qui ne cadre pas avec ce schéma.
Comme je l'ai mentionné avant, c'est surtout parce que je viens de l'écriture de scénario, qui ne peut jamais complètement s'accorder avec le pur documentaire. J'ai remarqué que certains publics ont du mal à l'accepter, alors que d'autres accueillent la démarche à bras ouverts. Nous avons une vague assez forte de drames sociaux en Slovaquie. Dans une certaine mesure, je considère mon film comme une parodie de ce genre, avec des éléments criminels en plus.

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(Traduit de l'anglais)

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