email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2019 Compétition

Tiago Guedes • Réalisateur de The Domain

"The Domain est l'histoire d'un homme qui veut que son héritage reste intact"

par 

- VENISE 2019 : Cineuropa a bravé la pluie pour rencontrer le réalisateur portugais Tiago Guedes, qui a présenté son nouveau film, The Domain, à Venise avant de rallier Toronto

Tiago Guedes  • Réalisateur de The Domain

Dans The Domain [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Tiago Guedes
fiche film
]
, avec l’aide d’Albano Jerónimo dans le rôle du propriétaire terrien João, qui se bat pour sa terre et les gens qui lui sont proches sur une période de 45 ans, Tiago Guedes réfléchit à l’Histoire du Portugal, sans jamais perdre de vue ce qui lui a donné envie de faire ce film au départ : la famille. Son travail a été projeté en compétition à la Mostra de Venise.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : C’est une vaste histoire qui se déploie sur 45 ans. Pourquoi avez-vous décidé de parler de cette époque en particulier ?
Tiago Guedes :
C'est lié à l’histoire de mon pays, particulièrement à la révolution qui a commencé en 1973. Après, je voulais m’attaquer directement au moment où le capitalisme a commencé de tout contrôler de manière différente. J’ai toujours voulu que cette famille soit en toile de fond, ou plutôt au centre, car pour moi, le sujet principal du film, c’était l’héritage, c'est-à-dire quelque chose qu’on obtient de ceux qui nous ont précédé. Et ce qu’on décide de transmettre soi-même. Dans The Domain, le pays fait ça aussi. Il essaie de tirer des conclusions sur l’héritage de son passé et de lui faire face, d’une certaine manière.

Vous montrez que cet héritage peut parfois être un cadeau doux-amer. Ça peut vous faciliter la vie, mais ça peut aussi être un fardeau. Entourés par tout cet espace, vos personnages semblent malgré tout avoir du mal à respirer.
Tout cela a à voir avec le personnage principal, qui est plein de défauts et de problèmes. C’est son monde, et il veut qu’il reste comme il est. C’est pour cela qu’il essaie de s’adapter à tous les régimes successifs qui essaient de le lui enlever. C’est l’histoire d’un homme qui essaie de maintenir son leg intact.

En même temps, il porte un fardeau : tout un héritage d’émotions étouffées, de pertes, qu’il va ensuite transmettre à ses enfants. Parfois, on peut avoir tout ce pouvoir, mais on ne se connecte pas aux autres. Je pense que la fin du film montre qu’il essaie de dégager le sens de tout cela. Il ne comprend pas comment il en est arrivé là. Mais ce qu’on voulait vraiment montrer, c’est la manière dont la vie, parfois, échappe à la compréhension qu'on en a. On essaie de faire ce qu’on estime juste, et puis la vie trouve une manière de vous contourner. On ne peut pas la contrôler.

En parlant avec l’acteur Albano Jerónimo, comment voyiez-vous cet homme ? C’est un type fort et taiseux qui semble tout droit venu d'un western, mais qui peut aussi être charmant si besoin, assez pour que sa femme reste ?
Nous voulions dès le début dépeindre ce genre de personnage, c'est-à-dire un type qui a tout, parce qu'on ne voulait pas en faire un héros, mais on ne voulait pas non plus que ce soit un méchant. C’est une combinaison très humaine : il est fort et lâche en même temps. C’est ce qui le rend complexe. D’un autre côté, par rapport à sa femme et la raison pour laquelle elle reste, eh bien cela tient à cette époque dans cette société, mais aussi parce qu’il y a de l’espoir à l’intérieur de cette relation. On peut pas se l’expliquer, mais c’est le cas. Quand on voit les choses de l’extérieur, c’est facile de juger et de dire : "Comment peux-tu être encore avec cet homme ?". Mais les gens sont dans ce genre de relation, et il y a des raisons pour cela, mais mon intention n'était pas de donner une réponse claire. Parfois, dans les films, on note cette tendance à rendre les choses tellement claires, mais comme je le vois moi, elle-même ne sait pas. On ne sait pas toujours pourquoi on reste et pourquoi on part, ou pourquoi on fait souffrir les gens qu’on aime. Avec João, au début du film, son père essaie de lui enseigner une leçon, mais au lieu de ça, il le marque à vie. Il ne sait pas gérer la douleur. Son père pensait probablement qu’il allait le rendre plus fort, mais il ne fait que répéter aveuglément ce cycle avec son propre fils. Ce n’est pas logique, ce n’est pas prémédité, il essaie simplement de faire de son mieux. À aucun moment il ne voit la valeur de son propre enfant, parce qu’il est trop occupé à projeter quelque chose d’autre. C’est la vie. Je voulais capturer tout ce mic-mac et l’impossibilité à communiquer qui est, j’en ai impression, ce sur quoi sont bâties bien des relations.

Et bien des familles - ce qui, je suppose, rend cette histoire plus universelle.
Je n’ai jamais voulu que ce film soit juste un drame historique sur certains événements qui sont survenus au Portugal, sur un propriétaire terrien qui a survécu au fascisme, au communisme et puis aux banques. Je voulais montrer comment une famille gère tout cela. C’est là que j’ai trouvé mon thème parfait.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy