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TORONTO 2019 Contemporary World Cinema

Pat Collins • Réalisateur de Henry Glassie: Field Work

"La manière dont nous avons tourné le film a fait écho à la manière dont Henry travaillait"

par 

- Cineuropa a rencontré le réalisateur irlandais Pat Collins, dont le documentaire Henry Glassie: Field Work tourne autour du célèbre académique américain

Pat Collins  • Réalisateur de Henry Glassie: Field Work
(© Karlovy Vary International Film Festival)

Nous avons rencontré le réalisateur irlandais Pat Collins et lui avons posé quelques questions sur son nouveau documentaire, Henry Glassie : Field Work [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Pat Collins
fiche film
]
, projeté dans la section Contemporary World Cinema du Festival international du film de Toronto.

Cineuropa : D’où vous est venue l’idée de faire un film sur Henry Glassie ?
Pat Collins : La première fois que j’ai entendu parler Henry, c’était sur une radio irlandaise, dans une émission nocturne, Arts Tonight, présentée par le poète Vincent Woods. Il était question de folklore et d’art, de la vie d’Henry en Irlande dans les années 1970, en Turquie dans les années 1980 et de son enfance en Virginie. Quelques semaines plus tard, je lui ai écrit et cette correspondance a duré de façon plus ou moins régulière pendant plusieurs années. Il a fallu attendre 2016 pour que nous nous rencontrions et c’est là que je lui ai soumis l’idée du film. Glassie est l’une des personnes les plus pertinentes et intellectuellement inspirantes que je connaisse. L’engagement dont il fait preuve pour ses travaux et pour les artistes qu’il accompagne et sa vision philosophique m’ont tout de suite parlés.

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À un moment donné, Glassie affirme : je n’étudie pas les gens, je les accompagne et j’étudie leurs créations […] Que choisissent-ils de me présenter comme emblème de qu’ils sont ?” Comment avez-vous étudié Henry Glassie ?
En 2018, Henry et son épouse Pravina ont publié un ouvrage intitulé Sacred Art : Catholic Saints and Candomblé Gods in Modern Brazil. Nous les avons suivis à Salvador dans l’état de Bahia et dans un petit village appelé Maragojipinho. Là, nous avons rencontré des dizaines d’artistes avec lesquels Henry et Pravina avaient passé beaucoup de temps au cours de la décennie précédente. Nous avons commencé par filmer les artistes à l’œuvre et l’idée nous est venue d’interviewer Henry et de filmer ses conversations avec les artistes. Mais pendant le tournage, Henry était toujours hors-champ. Ça lui convenait davantage et nous ne trouvions pas comment l’inclure de manière satisfaisante. Tout ce qui importait pour Henry était que nous présentions les artistes, pas lui. La manière dont nous avons tourné le film faisait écho à la manière dont Henry travaillait. Il n’était pas question de lui, mais des artistes. Et c’est ainsi que le film s’est construit.

Comment s’est organisée la postproduction ?
Nous avons monté la partie brésilienne à notre retour, pendant l’été 2018. L’équipe a ensuite accompagné Henry et Pravina en Caroline du Nord à la fin de l’été 2018. De là, nous sommes rentrés et avons commencé le montage de cette partie du film au printemps 2019. Au milieu du montage, j’ai tourné en Irlande avec Henry et j’ai finalisé le projet à l’été 2019. Le film suit à peu près l’ordre chronologique du tournage, ça s’est fait comme ça. Nous n’avons jamais vraiment songé à intercaler les différentes parties. Nous avons eu accès à toutes ces incroyables photographies qu’Henry avait prises au cours de ces 50 dernières années et à quelques images d’archive de son périple en Turquie filmé par Tom McCarthy. Tout l’intérêt du montage était d’essayer de restituer la manière dont Henry travaillait afin que sa façon de penser puisse éclairer les artistes que nous observions.

Vers la fin, Glassie déclare : Tout le monde, ou presque, est bon, tout le monde, ou presque, est intéressant. Tout ce que j’ai à faire, c’est d’aller vers les autres. Nous nous croiserons et ils m’apprendront. De quelle façon cette déclaration fait écho à votre expérience de documentariste ?
C’est exactement l’expérience que j’ai de la réalisation. Tout le monde, ou presque, est bon. Mon expérience dans ce domaine est extrêmement positive, si l’on pense aux foyers dans lesquels vous avez été invité, les rencontres que vous avez faites, le temps que les gens vous ont consacré et ce qu’ils vous ont appris. Vous pouvez lire les journaux, écouter la radio et regarder les informations à la télé, si vous ne sortiez jamais, vous auriez l’impression que le monde est le pire endroit.

Qu’est-ce que la réalisation de ce film vous a appris ?
Henry cite Lady Gregory. Elle affirme que les folkloristes ont besoin d’avoir du respect et de la patience. C’est ce que je pense aussi de la façon de concevoir le cinéma. Vous devez rester avec le sujet jusqu’à ce que vous aimiez ce qu’il aime. Si vous faites le portrait de quelqu’un que vous respectez et que vous admirez, il s’agit davantage d’une collaboration. De plus, les personnes qui réussissent ne sont pas généralement plus douées que celles nées dans la misère et qui n’ont pas eu les mêmes chances. Ce n’est quasiment jamais reconnu. Enfin, chaque personne “ ordinaire ” apprécie l’art. Si nous approfondissons notre façon de comprendre l’art, alors, je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui n’apprécie pas.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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