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CINEMED 2019 Cinemed Meetings

Urska Djukic • Réalisatrice de Good Girl

"L’impression de regarder un bouquet de vierges prêtes à exploser"

par 

- Rencontre avec la jeune réalisatrice slovène Urska Djukic, qui parle de projet de premier long métrage Good Girl, à l'occasion des Cinemed Meetings

Urska Djukic • Réalisatrice de Good Girl

Rencontre avec la réalisatrice slovène Urska Djukic à l’occasion du 41e Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier où elle a pitché à la Bourse d’aide au développement le projet Good Girl qui sera son premier long après les courts métrages remarqués Bon Appétit, La Vie ! (2016) et The Right One (co-réalisé avec Gabriel Tzafka dans le cadre de la Factory - Southeast Europe et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2019), et qui participe actuellement à la 39e session de la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes. Le projet Good Girl est piloté en production par Marina Gumzi pour Nosorogi, une structure en pleine ascension (Stories from the Chesnut Woods [+lire aussi :
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de Gregor Božič apprécié dans la section Discovery à Toronto cette année et Playing Men [+lire aussi :
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de Matjaž Ivanišin vainqueur du prix Vesna du meilleur documentaire slovène après une première mondiale au FID Marseille et un passage entre autres en compétition à Sarajevo en 2017).

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Cineuropa : D’où vient l’idée de Good Girl ?
Urska Djukic : Avec ma productrice Marina Gumzi qui est aussi ma co-scénariste, nous nous sommes lancées dans l’écriture immédiatement après un concert auquel nous avons assisté l’an dernier. C’était la chorale d’une école catholique de filles. C’était vraiment fascinant : une trentaine de filles de 15 à 17 ans sont montées sur scène, elles portaient des bustiers blancs vraiment très près du corps et de longues jupes blanches. On pouvait déjà ressentir à quel point leurs corps étaient en pleine éclosion. Elles ont commencé à chanter une chanson slovène folk très forte en énergie et c’était une expérience très sensuelle en un sens. J’avais l’impression de regarder un bouquet de vierges prêtes à exploser. Au premier rang étaient assis trois prêtres qui étaient aussi captivés par cette performance, avec des sourires béats sur leurs visages. Et je savais qu’ils voyaient ce que je voyais car c’était tellement évident ! Cela m’a fait réfléchir. Quand j’étais jeune, j’ai parfois eu quelques petits sentiments de honte par rapport aux impulsions sexuelles. Même si ma famille n’était pas religieuse, ma mère respectait les valeurs traditionnelles du christianisme et j’ai été élevée ainsi, comme une "good girl". Plus tard, je suis arrivée à la conclusion que ces valeurs chrétiennes étaient embarrassantes par rapport à la sexualité. C’est un sujet qui m’a toujours intéressée, sur lequel j’ai fait différentes recherches par le passé à travers plusieurs projets dont un court d’animation. A la suite de ce concert, j’ai donc décidé d’explorer le sujet dans mon premier long métrage car je sens que c’est quelque chose d’important que j’ai besoin d’exprimer. L’histoire de Good Girl est celle de Lucija, une fille sensible de 15 ans qui entre dans un lycée catholique de Ljubljana et qui chante dans la chorale. Elle rencontre une belle fille, charismatique et plus ouverte, qui commence à l’influencer. Lucija se rend compte aussi que la pratique du chant la submerge de sensations qui ouvrent la porte à certains fantasmes, mais elle constate vite que l’environnement n’est pas très ouvert et que tout ceci n’est pas très approprié pour des filles, d’où des sentiments de culpabilité et de honte. Elle réprime alors tous ses instincts, mais ce faisant, elle crée à l’intérieur d’elle-même des sensations brûlantes, comme une bombe à retardement… Je veux juste l’amener à ce point pour questionner l’environnement dans lequel on est élevé. Quand on est jeune, on imite ce que font les gens et arrive un moment, je l’espère pour tous, où l’on commence à remettre en cause tout ce qui nous entoure, nos parents, la religion, etc.

Souhaitez-vous faire un portrait en creux de la Slovénie contemporaine à travers cette histoire ?
Aujourd’hui, en Slovénie, on peut vivre de manière très libre, mais les gens font encore beaucoup de choix très conservateurs. Le temps n’a pas encore fait totalement son œuvre. J’ai lu des témoignages de femmes qui vivaient au début du XXe siècle et les relations entre hommes et femmes étaient totalement différentes : le plaisir féminin était un péché mortel. Je pense que les choses s’améliorent de génération en génération, mais dans un environnement catholique c’est évidemment moins rapide avec des règles plus strictes, le mariage et les relations hommes – femmes perçus seulement dans la perspective de la reproduction de l’espèce, en ignorant complètement l’énergie sexuelle qui est aussi une composante essentiel de l’énergie de la vie.

Quel serait le planning parfait pour le film ?
Fin décembre, j’aurais une première version du scénario qui demandera évidemment encore du travail. Avec Marina Gumzi, nous voulons prendre notre temps pour le développer, pour faire des recherches, pour trouver une très bonne jeune actrice ce qui sera très important car je veux créer une expérience très sensuelle et tactile et elle devra porter le film. Tout ce travail et le financement, ce sera pour l’an prochain et j’espère tourner en 2021.

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