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ARRAS 2019

Nadia Paschetto • Directrice, Arras Film Festival

"Nous positionner différemment des autres festivals"

par 

- Rencontre avec Nadia Paschetto, directrice du Arras Film Festival dont la 20e édition se déroule du 8 au 17 novembre

Nadia Paschetto  • Directrice, Arras Film Festival

Directrice du Arras Film Festival dont la 20e édition démarre aujourd'hui (lire l’article) et qu'elle a fondé avec le délégué général Eric Miot, Nadia Paschetto évoque la ligne éditoriale de la compétition européenne, la conjoncture des cinématographies d’Europe Centrale et Orientale, la place des femmes et la philosophie des Arras Days.

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Cineuropa : Avec le recul de vingt éditions du Arras Film Festival, quelle est votre plus grand motif de fierté ?

Nadia Paschetto : La satisfaction la plus importante, c’est notre compétition européenne. Il y a un vrai travail de prospection de nouveaux films que personne n’a encore vus et qui n’ont pas encore de distribution en France. Cette année, nous sommes particulièrement contents d’avoir une première mondiale (Negative Numbers [+lire aussi :
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de Uta Beria) et deux premières internationales (Free Country [+lire aussi :
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de Christian Alvart et The Iron Bridge [+lire aussi :
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de Monika Jordan-Mlodzianowska) sur les neuf longs métrages inédits en France qui sont en lice pour l’Atlas d’Or 2019. Quand nous avons mis en place cette compétition il y a dix ans, nous n’avons pas voulu le faire pour créer une compétition de plus : nous avons décidé de nous positionner différemment des autres festivals. Une compétition reprenant des films présentés à Cannes ou ailleurs, ce n’était pas intéressant pour nous. Notre ligne éditoriale, c’est la recherche de nouveaux auteurs qui ne sont pas encore vraiment connus en dehors de leurs pays et les mettre en lumière chez nous. Cela s’est accompagné de notre volonté d’aider ces films à sortir dans les salles françaises et c’est pour cette raison que nous avons créé deux prix d’aide à la distribution. Ce n’est pas un travail aisé car il faut être présent très en amont, voir beaucoup de films et avoir constitué tout un réseau, ce que avons réussi à tisser au fil du temps. Tout cela porte ses fruits : beaucoup de professionnels nous font confiance et nous envoient des films en primeur qu’ils veulent nous faire découvrir, ce qui nous permet d’avoir un très bon niveau de compétition.

Au cœur d’un programme très dense et diversifié, vous avez une prédilection pour le films d’Europe de l’Est. Quelle est votre analyse de la conjoncture de la production dans ces pays ?

Il y a de vrais auteurs et des jeunes cinéastes talentueux qui méritent d’être davantage connus. Mais en Europe Centrale et Orientale, la coproduction internationale est quasiment incontournable car les budgets ont du mal à se monter dans un seul pays. On a donc des professionnels qui créent des réseaux, qui traversent facilement les frontières et qui proposent des sujets très européens car ils ont une vision beaucoup plus large que celles de leurs homologues d’autres pays, comme la France par exemple, où l’on peut produire assez facilement des films 100% nationaux. Certains territoires d’Europe Centrale et Orientale ont néanmoins réussi à se structurer, même si il y a parfois des problèmes liés à des choix politiques au niveau culturel. Et il y aussi des vagues cinématographiques en fonction des pays et des rythmes de production, comme la flambée du cinéma croate il y a quelques années qui s’est maintenant un petit peu atténuée.

C’est très compliqué pour un jeune cinéaste d’Europe Centrale et Orientale d’arriver dans les salles françaises et c’est pour cela que nous menons notre travail de prospection. Je trouve cela très dommage que le public français n’ait pas accès à ces films car quand on les montre à Arras, les salles sont pleines et les spectateurs ravis de les avoir découverts : il y a donc bien un intérêt, ce qui démontre que ces œuvres pourraient bénéficier d’une exposition plus large. Mais ce n’est pas si simple car les distributeurs ne s’engagent sur les films que s’ils peuvent bénéficier du soutien de la presse ou d’aides spécifiques.

Quid des femmes réalisatrices à Arras ?

Il y a une émergence des réalisatrices talentueuses dans tous les pays d’Europe qui est la conséquence logique d’un accès des femmes aux écoles de cinéma qui s’est complètement ouvert partout. La Géorgie par exemple compte actuellement une génération formidable de femmes cinéastes. Même si à Arras, nous n’avons jamais revendiqué le fait de mettre en avant le cinéma féminin, 22 films de notre sélection 2019 ont été réalisés par des femmes, notre invité d’honneur est Nicole Garcia et l’ouverture est assurée par un film de femme (Notre Dame [+lire aussi :
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de Valérie Donzelli). Cependant, nous n’avons pas de quota et nous refusons cette pratique, nous allons chercher avant tout des talents, des films qui d’abord nous plaisent avant de regarder ensuite qui les a réalisés.

Quelle est la philosophie des pitchings des Arras Days (lire la news sur les projets) avec vos Bourses d’aide au développement ?

Le suivi des auteurs. Quand on a repéré un projet comme The Father [+lire aussi :
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interview : Kristina Grozeva, Petar Va…
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des Bulgares Kristina Grozeva et Petar Valchanov qui a remporté la bourse principale aux Arras Days 2016 et que le film gagne cette année le Globe de Cristal à Karlovy Vary, c’est une grosse satisfaction, cela veut dire d’une part que nous avons eu le nez creux et d’autre part que nous avons donné un petit coup de pouce à une étape cruciale car cette bourse arrive à un moment où les cinéastes sont dans un no man’s land et elle leur permet d’aller chercher d’autres aides et de continuer à développer leur projet. Au stade des Arras Days, les projets sont tous neufs et on a envie de les porter et de les accompagner. Quand ils obtiennent des prix à l’international, nous avons le sentiment d’avoir apporté une petite pierre à l’édifice. On aime voir grandir les auteurs et Kristina Grozeva et Petar Valchanov sont d’ailleurs de nouveau présents cette année à la fois en compétition et avec leur nouveau projet aux Arras Days. Nous n’aimons rien tant que d’accompagner l’évolution des auteurs, découvrir leurs films suivants, et si certains auteurs nous échappent, c’est tant mieux car ils vont plus haut, plus loin.

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