email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SAN SEBASTIAN 2020 Compétition

Sharunas Bartas • Réalisateur de Au crépuscule

“Ce mouvement partisan est une histoire très importante pour la mémoire de notre nation”

par 

- Cineuropa a rencontré Sharunas Bartas pour parler de Au crépuscule, de l’histoire soviétique, de résistance et du fait qu’avoir la bonne race de mouton est nécessaire à l’authenticité historique

Sharunas Bartas • Réalisateur de Au crépuscule
(© Montse Castillo/Festival de San Sebastián)

Le neuvième long-métrage de Sharunas Bartas, Au crépuscule [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Sharunas Bartas
fiche film
]
, sélectionné en compétition au Festival de San Sebastian, raconte l'histoire d'un mouvement de partisans résistant contre l'occupation soviétique en Lituanie en 1948. Nous avons exploré ce film plus avant en compagnie du réalisateur.

Cineuropa : Pourquoi avez-vous voulu faire un film qui se passe en Lituanie juste après la Seconde Guerre mondiale ?
Sharunas
Bartas : Cette situation était particulièrement importante pour la Lituanie à l’époque. Il n’y avait pas de résistance directe organisée par le gouvernement lituanien contre l’occupation soviétique, en conséquence de quoi beaucoup de gens issus de l’armée ont créé leur propre mouvement de résistance souterrain. Les partisans se cachaient dans les forêts pendant leur combat pour l’indépendance lituanienne contre l’Union soviétique, et le projet était de ressortir au grand jour une fois obtenue l’indépendance. Cela ne s’est jamais produit, enfin si mais cinquante ans plus tard, grâce à un autre mouvement complètement différent. Cependant, l'histoire de ce mouvement de partisans est très importante pour la mémoire de notre nation, parce que la résistance soviétique qui s'est opposée à eux a été très cruelle. Tous ces gens sont morts. Bien sûr, il y a aussi eu beaucoup de gens tués dans les goulags et en Sibérie. Cette résistance armée a duré deux décennies. C’est important, car cela a rendu clair dans l'esprit des Lituaniens que nous devions nous battre pour notre territoire.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le film commence comme un drame familial. Il est déjà question de meurtre et d’adultère dans cette ferme avant qu’on apprenne l'existence du mouvement des partisans. Pourquoi avez-vous abordé cette histoire de cette manière ?
Le drame familial est partout. Les familles existent dans toutes les situations et on leur parle de tout. Ce qui se passe en dehors de chez nous ne compte pas tant que ça, car la famille passe avant tout le reste, et c’est pour cela que je donne une place aussi importante au drame familial dans le film.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les éclairages dans le film, car il est parfois très sombre, et vous usez beaucoup de la lumière et de l'ombre ?
Je voulais que les éclairages soient ainsi parce qu'après 1919, quand nous avons obtenu l'indépendance face à l’Empire russe, il y a eu une réforme du territoire. Les grands propriétaires terriens se sont vu retirer des terres et on leur a ordonné d'en céder à des paysans. Tout le monde était censé recevoir 10, 20 ou 30 hectares. Les nouveaux propriétaires ont construit des maisons sur leurs terrains, parce que tout le monde voulait vivre sur ses champs. À cet égard, la Lituanie était un cas assez singulier, avec beaucoup de maisons de particuliers séparées du village le plus proche. Même aujourd’hui, on voit des champs avec des jardins et de vieilles ruines en plein milieu, et on comprend que c'était auparavant des endroits habités par des familles ayant voulu vivre sur leurs propres terres. Ces bâtiments sont tombés en ruine parce que l’électricité n'allait pas jusque là, et que personne n'a voulu ensuite s’installer dans des maisons n'ayant pas l'électricité. Alors ces maisons étaient éclairées à la chandelle et à la lampe à huile. L’idée, pour les éclairages du film, était de reproduire cette esthétique.

A-t-il été difficile de reconstituer les années 1940 en général ?
Ça a été très dur. Nous n’avons plus de maisons comme celles de l’époque maintenant, donc nous avons dû les construire nous-mêmes. Nous avons dû amener des moutons. À l’époque, même les moutons étaient différents, et il n’y a presque plus de moutons de la race qui était la plus répandue à l’époque. Ainsi, nous avons dû amener nos propres moutons, et ils se sont mis à procréer sur place. Aussi, chaque petit bout de papier qu’on voit dans le film était en circulation avant 1948.

La Lituanie semble hantée par la peur d'être prise par la Russie. Est-ce encore une constante, même aujourd’hui ?
Être envahi par la Russie est une chose qui est survenue plus d’une fois dans l’histoire du pays, donc cette peur est compréhensible. L’Empire russe l'a fait. Plus tard, les Soviétiques ont pris le contrôle de tous les pays baltes, pas parce qu’ils voulaient les terres, mais à cause de leur position stratégique au bord de la mer Baltique, face à l’Ouest. Toutes les guerres ont dû passer à travers la Lituanie. Personne ne sait ce qui se passera à l’avenir. Trois jours seulement avant la récente guerre en Ukraine, personne ne se doutait que ça se produirait.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy