email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

IDFA 2020

Maya Zinshtein • Réalisatrice de ’Til Kingdom Come

“Je vois mon métier comme consistant à mettre en évidence le côté obscur de la pièce”

par 

- Cinema Femme a discuté avec la réalisatrice et journaliste israélienne Maya Zinshtein de ce qu’il y a derrière le documentaire ’Til Kingdom Come

Maya Zinshtein  • Réalisatrice de ’Til Kingdom Come
(© Tomer Appelbaum)

Des chrétiens évangéliques qui prennent la Bible au pied de la lettre croient, comme l’annonce l’Apocalypse, qu’Israël est le dernier espoir avant la fin du monde. Sur la base de cette croyance, de grosses sommes d’argent sont destinées à Israël. Ce qui, de l’extérieur, peut être perçu comme un signe positif d’unité et d’amour, se révèle être une intention politique mensongère, appuyée par le président américain Donald Trump. Devant ces sommes envoyées à Israël, Maya Zinshtein a décidé de réaliser un documentaire ’Til Kingdom Come [+lire aussi :
interview : Maya Zinshtein
fiche film
]
, qui doit aujourd’hui être présenté au IDFA, dans lequel elle se demande "Pourquoi ? Pourquoi ces évangélistes nous "aiment-ils" autant ?"

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cinéma Femme : Comment vous êtes-vous retrouvée à travailler sur ce projet ?
Maya Zinshtein : Je suis israélienne, et je suis également cinéaste et journaliste. On m’avait demandé de me pencher sur un autre projet dont faisaient partie ces évangélistes. Je pense que de nombreux Israéliens, dont je fais bien sûr partie, sont concernés par la politique en Israël. C’est ce qui m’intéresse. Quand je suis tombée sur ce phénomène, cet engagement des chrétiens évangéliques en Israël, je m’y suis intéressée. C’était en juillet 2017, et Trump était déjà au pouvoir. Mais ces événements se sont produits avant que tout ce qui sera montré plus tard dans le film ait lieu.

J’ai commencé à contacter les différentes organisations basées en Israël qui étaient impliquées auprès des chrétiens évangélistes. C’est amusant, car l’un des responsables de ces organisations m’a dit : "Écoutez, si vous êtes patiente, d’ici la fin 2019 ou le début 2020, vous verrez peut-être Trump reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël", et c’est ce qui s’est passé 6 mois plus tard.

C’est comme ça que ça a commencé à l’échelle politique. Il va sans dire qu’en ce qui me concerne, raconter une histoire c’est comme faire un gâteau à étages. Quand vous le coupez, vous voyez les différentes couches. Je voulais commencer par ces gens, ces évangélistes guidés par la foi. J’avais entendu parler de ces églises qui, à travers les États-Unis, arborent le drapeau israélien et de ces enfants qui prient pour Jérusalem avant de se coucher. Vous devez comprendre que pour nous, ces actions sont étranges, elles dépassent notre entendement.

Qu’espérez-vous que le spectateur retienne de votre documentaire ?
Je pense que cela dépend de quel spectateur nous parlons. Je rêve que les évangélistes chrétiens soient nombreux à voir le film. Je pense qu’une grande partie de leur "amour" vient de ce qu’ils aiment ce texte ancien. Mais la réalité est tout autre dans ce pays.

Je répondrai à votre question par une anecdote. Nous étions à un sommet de chrétiens israéliens et je discutais avec de jeunes membres. J’ai voulu leur parler après avoir vu qu’ils préconisaient de réduire l’aide apportée aux réfugiés palestiniens, alors même que cette aide leur est indispensable. La communauté israélienne considère ce plaidoyer comme dangereux. Je leur ai dit :" Écoutez, mon frère est réserviste dans les forces spéciales. Il partira au combat lors du prochain conflit. Pourquoi pensez-vous avoir votre mot à dire dans ma prochaine guerre ? "Quand vous discutez avec certains Américains, ils vous disent que la Russie a une grande influence sur le gouvernement américain. Selon moi, chaque pays a le droit de décider de son avenir. Je leur ai donc dit : "vous êtes là à Washington et vous pensez pouvoir avoir une influence sur mon avenir. Vous ne ferez pas cette guerre, mais mon frère oui. " Et l’un deux m’a regardée et a dit : "effectivement, je n’avais jamais vu ça sous cet angle." 

Et puis, il y a une communauté juive qui, je l’espère, sera nombreuse à voir le film, je sais qu’on en parle beaucoup. Leurs membres se demandent s’ils doivent coopérer sur ce point ou quelle réponse apporter. Selon moi, mon travail consiste à éclairer ces zones d’ombres. Je veux souligner le côté sombre, mettre le sujet sur la table et dire : "voilà, réfléchissez-y."

Des conseils pour les jeunes réalisatrices ?
Trouver vos alliés. L’un des producteurs du film, qui est également le directeur de la photographie (Abraham [Abie] Troen) a été un précieux allié. J’utilise ce mot en particulier car, si vous voulez vous lancer dans un projet qui n’a pas de financement, vous devez trouver quelqu’un d’aussi fou que vous et d’aussi téméraire pour découvrir avec vous, comme à Middlesboro, dans le Kentucky. C’est la deuxième fois que j’apprends cela, c’est vraiment la clé. Et vous devez ensuite constituer votre équipe, et choisir les meilleures personnes que vous puissiez trouver. Trouver des alliés pour vous accompagner est essentiel. Vous ne pouvez pas réaliser de films seule.

L’interview complète est disponible ici.

En collaboration avec

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy