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LES ARCS 2020

Pierre-Emmanuel Fleurantin • Directeur général, Les Arcs Film Festival

"Il a fallu sortir des pistes et trouver des itinéraires"

par 

- Le directeur général des Arcs Film Festival, Pierre-Emmanuel Fleurantin, détaille la stratégie d’adaptation de la 12e édition, exceptionnellement Hors Pistes, qui débute le 12 décembre

Pierre-Emmanuel Fleurantin • Directeur général, Les Arcs Film Festival
(© AFOM-Les Arcs Film Festival)

A deux jours de l’ouverture du 12e Les Arcs Film Festival (exceptionnellement en ligne du 12 au 19 décembre 2020 – lire l’article), Pierre-Emmanuel Fleurantin, directeur général et co-fondateur de l’événement (qu’il pilote avec le délégué général Guillaume Calop) dessine les contours d’une édition où l’inventivité est de mise dans le contexte mouvant de la situation sanitaire.

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Cineuropa : Quel processus a abouti à cette édition exceptionnellement Hors Pistes des Arcs Film Festival ?
Pierre-Emmanuel Fleurantin : Nous sommes des skieurs et nous nous sommes mis en mode "free ride". À un moment, il a fallu sortir des pistes et trouver des itinéraires, des voies pour arriver à passer, à descendre cette montagne de la situation sanitaire. Nous avons assez rapidement imaginé tous les plans et ce qui pouvait être le plus tout-terrain possible. Dans cette conception, il nous semblait une évidence qu’il nous fallait le support d’une plateforme, pour au moins être capable de digitaliser le festival dans le pire des cas et pour proposer notre sélection en ligne avec des jauges de séances à 300-500 places. Nous avons mis cela en place avec l’aide de Festival Scope. Ce Hors Pistes Digital sera lancé le 12 décembre et pendant 15 jours, les spectateurs pourront visionner près de 80 % de notre sélection 2020, notamment toute la compétition.

Mais c’était important de ne pas faire que du digital car pour nous, la salle est le point de départ incontournable de la découverte d’un film. Nous donc avons monté le Hors Pistes Cinéma : une centaine de salles vont choisir des films dans une liste de dix oeuvres que nous leur avons proposée. Dès la réouverture, ces salles insèreront dans leur programmation des films du festival, labellisés par le festival et accompagnés de contenus que nous avons enregistrés, de présentation des films et de rencontres avec les réalisateurs, les comédiens.

Nous avons dû aussi nous adapter pour les événements professionnels car il a très tôt évident que nous n’arriverions pas à rassembler autant de personnes que d’habitude, quelles que soient les décisions et la situation sanitaire au 12 décembre. Dès fin octobre, au moment du reconfinement, nous avons décidé de passer tout de suite en digital le Sommet Distributeurs/Exploitants (du 18 novembre au 18 décembre) en nous disant que puisque les salles étaient fermées, il fallait absolument créer une agora, un lieu d’échanges, de rencontres, où les distributeurs allaient parler de leurs line-up, montrer leurs films à venir, où des ateliers seraient organisés en ligne, etc. Et alors que le Sommet compte habituellement 250 participants aux Arcs, il y a cette fois plus de 750 inscrits dont plus de 550 salles. C’est déjà un vrai succès et nous avons reçu énormément des message très chaleureux de professionnels nous remerciant d’avoir créé cet espace leur permettant de se retrouver et d’avoir la possibilité de se projeter vers l’avenir.

Quant à l’Industry Village (news), nous avons décidé de l’organiser courant janvier à Paris quand nous pourrons, car c’est ce que nous espérons, faire venir la trentaine de personnes qui portent les projets en développement et tenir aussi le Work in Progress qui s’annonce excellent. Car on a la chance d’avoir à Paris des représentants de sociétés internationales importantes, des distributeurs, beaucoup de producteurs impliqués dans la coproduction en Europe. Pouvoir organiser des rencontres pour les porteurs de projets, ce serait déjà bien et ensuite nous assurerons une partie digitale pour ceux qui sont à l’étranger. Évidemment, si la situation sanitaire ne permet pas l’organisation physique, il est possible que tout passe en digital, mais ce serait dommage car l’humain aux Arcs est essentiel. C’est vrai que les folies sur les pistes ou dans les igloos la nuit, les huitres au soleil, les soirées et les saunas, ce n’est pas pour cette année, mais arriver au moins à avoir un petit peu d’humain, ce serait formidable, car on en a vraiment besoin aujourd’hui. Je crois d’ailleurs qu’on ne s’est jamais autant rendu compte du besoin de festivals et de marchés. Je vois par exemple à quel point un événement comme Cannes manque cruellement, c’est comme s’il y avait un métronome qui ne fonctionnait plus, un tempo de marché à la fois pour la vente, l’achat, la promotion des films qui n’existait pas. Donc si on y arrive, ce serait formidable, sinon ce sera vraiment à mon grand regret l’année du digital.

A titre personnel, avec Paprika Films, vous avez produit Deux [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Filippo Meneghetti
fiche film
]
de Filippo Meneghetti, désigné candidat français à l’Oscar 2021. Un film très européen avec son jeune réalisateur italien et l’une de ses deux actrices principales, Barbara Sukowa, qui est allemande.
C’est aussi une coproduction avec la Belgique et le Luxembourg. Ce film n’aurait pas existé sans la coproduction européenne et sans le système français. Quand on voit les réactions de la presse italienne sur le fait que Filippo puisse représenter la France et aussi qu’il ait eu accès à l’avance sur recettes du CNC ! Pour les Italiens, les Français d’habitude si chauvins nous prouvent là de quoi ils sont capables ! Certes, Filippo vit en France depuis dix ans et avec une Française, et il fait des films en langue française, mais c’est un très beau signal. Ce film, c’est l’idée qu’on peut faire des films ensemble en Europe et les faire exister.

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