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DOCPOINT 2021

Anna-Karin Grönroos • Réalisatrice de Future Remains

“Il fallait que ce film soit plus qu'un simple portrait de génie bien fait"

par 

- Cineuropa a interrrogé la réalisatrice sur son documentaire, qui pose son regard sur la vie de l'homme auquel on doit le livre Nordic 2030

Anna-Karin Grönroos • Réalisatrice de Future Remains
(© Laura Oja)

Dans le documentaire Future Remains [+lire aussi :
interview : Anna-Karin Grönroos
fiche film
]
, projeté à DocPoint 2021, Anna-Karin Grönroos nous re-présente le designer finlandais Henrik Wahlforss, qui, malgré une carrière réussie, a décidé de tout laisser derrière lui et de se concentrer sur ses prédictions pour un avenir meilleur, dont certaines sont particulièrement actuelles.

Cineuropa : Cette idée de quitter son emploi pour satisfaire d'autres envies, c’est un rêve tellement contemporain, même si Henrik l’a fait dans les années 1980.
Anna-Karin Grönroos :
Oui, il a fait ce que nous appellerions le choix de la "simplicité volontaire". À l’époque, personne ne connaissait ce terme, et les gens ne comprenaient pas sa décision, mais ce qui a vraiment retenu mon attention chez lui, et dans son livre, qui est devenu un projet très important pour lui, c'est qu’il pensait comme les gens pensent maintenant. Il était juste “coincé” dans les années 1980, ce qui fait presque de lui une sorte de voyageur dans le temps. Il se sentait assez seul à avoir l'approche qu'il avait de la société.

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Aujourd’hui encore, si quelqu’un disait vouloir changer sa vie et “créer un nouveau système social”, on tendrait à trouver cela suspect. Il n'a cependant jamais remis en cause son élan, me semble-t-il.
Comme pour beaucoup d’artistes, pour lui, le sens de la vie s’exprimait à travers son travail et son projet. D’après ce que j’ai pu voir, de même que les personnes proches de lui, il était entièrement dévoué à cette entreprise. En tant que mari et père, il n’était probablement pas la personne la plus facile à vivre, mais il pouvait aussi être extrêmement inspirant. J’ai parlé à près de cinquante personnes qui ont travaillé avec lui ou qui l’ont connu d’une autre façon. Tout le monde a une vision différente, mais tout le monde s’accorde à dire qu’il était incroyablement concentré sur la réflexion autour de pures idées. Il pouvait passer des heures et des heures à parler de ce que le monde devrait être. Déjà, en tant que designer, c’était sa mission : comment peut-on améliorer les choses qui ne fonctionnent pas ? Il pensait toujours aux problèmes existants et à leurs possibles solutions.

Le fait que malgré la reconnaissance que lui valait sa carrière, il ait continué à dire que ce n’était pas bon pour l’environnement est assez révélateur.
Je soupçonne que sa décision de partir, et de se consacrer à imaginer une société future où le système économique et politique serait complètement différent, est liée au fait qu’il est devenu père. Je ne pense pas que ç'ait été une coïncidence. Soudain, le futur est devenu bien plus concret : les enfants sont la manifestation du futur et de son imminence. Vous les regardez et vous pensez : “Ils vont vivre avec les conséquences des décisions que nous prenons en ce moment”. Pour lui, ça a dû être une révélation.

Est-ce aussi pour cela que vous montrez Greta Thunberg dans le film ? Ce sont deux personnes différentes, mais les deux disent : “Il n’y a pas de temps à perdre”.
C’est un peu flippant de l’entendre tenir des propos quasiment identiques, propos que maintenant, les gens écoutent enfin ! Henrik a eu du mal à trouver son public. C'est avec joie que je l'ai intégrée au film, même si ce passage n'en est qu'une petite partie. J’ai dû lire le livre de Henrik [Nordic 2030] plusieurs fois avant d'en saisir l’essence. Il contient des prédictions technologiques (il parle d’internet et des énergies renouvelables), mais il y est aussi question de valeurs : manger des aliments produits localement, essayer de ne pas acheter de nouvelles choses chaque année. Il affirmait que la culture de la consommation était complètement dépassée. Mais si on va plus loin, on se rend compte qu’il parle aussi de ce qui rapproche les gens. Pour les générations antérieures, ce qu'on faisait dans la vie était une part énorme de votre identité. C’est en train de changer, dans cette culture numérique. Il y a un vide qu’on ressent tous, et on a besoin d’un nouvel ensemble de valeurs. Henrik suggérait que ce soit la préservation de la planète, que ceci pourrait nous unir. Si on lit entre les lignes, c'est de cela que parle vraiment chacun des chapitres.

Ça peut être dur de grandir avec un tel héritage ; de fait, son fils semble très mitigé par rapport à ses choix de vie. Comment avez-vous convaincu sa famille de se livrer à vous ?
Je suis reconnaissante qu’ils m’aient fait confiance. Je pense que ça fait partie de leur héritage aussi : ils sentaient que ce film devait être plus qu’un simple portrait de génie bien fait. Il fallait qu’il reflète tous ces aspects contradictoires de Henrik, car pour tous ses fils, cela fait partie intégrante de ce qu'il était, comme personne et comme père. Il pouvait être aimant, mais aussi très exigeant. C’est capital pour tout type de film : il faut montrer les gens sous plusieurs jours différents.

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(Traduit de l'anglais par Marine Régnier)

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