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BERLINALE 2021 Generation

Igor Drljača • Réalisateur de The White Fortress

"J’ai dû constamment affiner le récit à mesure que le pays était en train de devenir de moins en moins accueillant pour ses jeunes"

par 

- BERLINALE 2021 : Le réalisateur bosnien nous parle du travail qu’il a fait avec ses acteurs, professionnels et débutants, pour son nouveau film, un tableau réaliste de la ville de Sarajevo aujourd'hui

Igor Drljača  • Réalisateur de The White Fortress

Dans son dernier film, The White Fortress [+lire aussi :
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, dont la première mondiale a eu lieu à la Berlinale dans la section Generation 14plus, le réalisateur Igor Drljača dresse un tableau du monde dans lequel vit la jeunesse bosnienne.

Cineuropa : Comment avez-vous transformé cette histoire en scénario et, plus spécifiquement, qu'est-ce qui vous a amené à choisir, au lieu du drame criminel, la voie plus inattendue et rafraîchissante de l'histoire d'amour entre adolescents ?
Igor Drljača : Quand j'ai entrepris de faire ce film, je ne voulais pas être limité par un genre, et puis quand on travaille sur le développement d'un film pendant aussi lontemps, il faut trouver des manières de rendre tout du long ce travail intéressant.

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Quoique j'aime me donner certaines contraintes en créant mes films, je n'aime pas celles qui sont liées au genre ; ce dernier devrait en partie émerger de l'histoire elle-même, c'est-à-dire venir plus naturellement. La contrainte créative que je me fixe le plus souvent, quand je fais un film, c'est de ne montrer aucune violence physique à l'écran. Je trouve que c'est plus puissant et obsédant de voir l'effet de cette violence que sa mise en oeuvre.

J'ai toujours voulu raconter une histoire sur la jeunesse de Sarajevo, et de la Bosnie-Herzégovine en général, en particulier la génération née après la guerre. Ils hériteront du pays, du moins ceux qui y resteront, mais on ne fait presque jamais de films sur les difficultés auxquelles eux font face.

Les personnages paraissent très vivants et réalistes. L'arc narratif lié au personnage de Faruk est particulièrement intéressant. Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont vous l'avez développé ?
Dans mon travail, j'aime combiner acteurs professionnels et non-professionnels. Les interactions entre les deux approches a permis d'arriver plus naturellement à la construction d'un univers, et d'avoir des dialogues plus nuancés et authentiques.

J'ai observé avec beaucoup d'enthousiasme comment Pavle Čemerikić est devenu le jeune acteur le plus impressionnant de sa génération dans la région de langue bosnienne et serbo-croate. Dès la toute première fois que je l'ai vu, dans le second rôle bouleversant qu'il jouait dans No One's Child [+lire aussi :
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, j'ai été ébahi que quelqu'un de si jeune soit à ce point capable d'entrer dans la peau d'un personnage. Très jeune, il a su internaliser l'angoisse, l'espoir et les rêves de tous ses personnages.

Outre Čemerikić, vous avez ici un beau panel d'acteurs, jeunes et expérimentés. Comment les avez-vous choisis, et comment avez-vous travaillé avec eux ?
Si plupart des acteurs ont passé des auditions, dans le cas d'une poignée d'entre eux, c'est moi qui suis allé les trouver pour leur proposer des rôles, notamment Ermin Bravo. Lui faire jouer un méchant était une chose que j'avais en tête dès l'écriture du rôle. Il a une intensité dont je me suis toujours dit qu'elle serait efficace pour incarner un méchant, même si je ne me rappelle pas l'avoir jamais vu en jouer un. Faire jouer au comédien un personnage à l'opposé de son registre habituel est quelque chose que j'envisage systématiquement quand je pense à un acteur pour un rôle.

On a découvert Sumeja Dardagan lors d'essais ouverts à tous, après avoir fait auditionner des centaines de comédiennes pour ce rôle. Elle n'avait jamais joué dans un film, mais elle s'est immédiatement démarquée pour sa manière intuitive de savoir minimiser ses gestes face à la caméra, et d'ajouter de l'authenticité à ses dialogues. C'est un miracle, quand ce genre de chose se produit.

Kerim Čutuna est étudiant à la l'Académie de cinéma de Sarajevo ; il fait partie d'un groupe de jeunes acteurs talentueux de Sarajevo qui s'élargit de plus en plus. Travailler avec tous ces jeunes acteurs a été un cadeau, et la région n'est que plus riche d'avoir tous ces jeunes comédiens de talents qui percent en même temps.

Le tableau social que vous dressez du Sarajevo d'aujourd'hui est extrêmement réaliste, notamment parce que vous montrez avant tout d'autres lieux que le centre-ville. Comment avez-vous développé cet élément ?
Les jeunes de Sarajevo se battent pour un morceau d'avenir qui a été promis, mais qui n'est pas encore venu.

J'ai déjà documenté Alipašino, Dobrinja et les environs dans mes films, tout particulièrement dans le court-métrage Woman in Purple, qui est le cousin spirituel de ce film-ci. J'ai grandi dans ces zones-là de la ville, qui me semblaient de fait plus représentatives du vrai Sarajevo que le centre historique où peu de gens habitent, avec ses repères plus facilement identifiables et ses lieux touristiques.

Woman in Purple est le premier film que j'ai tourné en Bosnie depuis mon départ de Sarajevo, pendant la guerre. Ce film m'a donné l'expérience et la confiance en moi nécessaires pour développer The White Fortress. La première version du scénario de The White Fortress remonte au début de 2013, et comme il a fallu beaucoup de temps pour financer le film, j'ai dû constamment affiner le récit à mesure que le pays était en train de devenir de moins en moins accueillant pour ses jeunes.

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(Traduit de l'anglais par Alexandre Rousset)

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