email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Suisse

Gitta Gsell • Réalisatrice de Beyto

“Nous avons chorégraphié la scène de manière à ce que les mouvements deviennent comme une danse”

par 

- Nous avons interrogé la réalisatrice suisse sur son film, dont le personnage central est un jeune homme déchiré entre sa famille et ses désirs

Gitta Gsell  • Réalisatrice de Beyto

Nous avons discuté avec la réalisatrice suisse Gitta Gsell de Beyto [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Gitta Gsell
fiche film
]
, un film émouvant sélectionné à l’European Film Market (EFM) de la Berlinale. Après une projection en avant-première au Festival de Zurich, Beyto a rejoint les Journées de Soleure où il a remporté le Prix du public. Dimitri Stapfer, qui incarne Mike dans le film, a retenu l’attention du comité en charge du Prix du cinéma suisse, qui l’a nominé dans la catégorie meilleur second rôle masculin.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Pourquoi avoir choisi d’aborder une relation homosexuelle dans une famille d’immigrés turcs en Suisse ? Êtes-vous proche de la communauté LGBTQI+ (Moyen-Orient) ?
Gitta Gsell : L’histoire est inspirée du roman d’un de mes amis, Yusuf Yesilöz. Le titre est “Hochzeitsflug,” et l’histoire a été publiée en 2011 (Limmatverlag). Quand j’ai lu le roman, j’ai immédiatement pensé que c’était une histoire pour le cinéma. À l’époque, j’animais des ateliers pour de jeunes adultes et j’étais confrontée à l'argot discriminant de leur langue, mais aussi aux problèmes de ces jeunes issus de l’immigration en Suisse. L’homosexualité est toujours un sujet important dans les cultures patriarcales. Et comme cette famille est originaire d’un petit village turc, elle essaie de maintenir les traditions et rêve encore des montagnes de l’Anatolie. Elle refuse d’accepter un mode de vie moderne et libre et a du mal à s’intégrer dans un monde libéral. Beyto, le fils de la famille, est tiraillé entre les liens familiaux et la liberté du monde occidental.

Pourquoi avoir choisi Burak Ates pour interpréter Beyto ? Où l’avez-vous déniché ?
Je cherchais un acteur qui parle suisse-allemand et turc. Dans la tranche d’âge de 18 à 25 ans, nous n’avons pas d’acteurs professionnels avec ces qualités en Suisse. Nous avons donc organisé un casting sauvage sur les réseaux sociaux et dans les établissements scolaires, etc. J’ai auditionné environ 40 jeunes athlètes d’origine turque. La moitié d’entre eux a refusé dès qu’ils ont appris qu’ils devraient interpréter un jeune homosexuel. Généralement, la raison était que leurs parents ne seraient pas d’accord ou qu’ils seraient déçus s’ils le faisaient. Les raisons de certains étaient religieuses. Mais dans l’autre moitié, j’ai pu, après un long processus de casting, trouver Burak Ates. Ses parents n’étaient pas contents de tout cela, mais il l’a quand même fait. C’était sa chance de devenir acteur et il a fait un travail formidable.

Comment vous y êtes-vous prise pour que les deux héros partagent une intimité aussi intense, spontanée et forte ? Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Les scènes intimes sont toujours compliquées à tourner. D’autant plus pour un amateur. Cela demande beaucoup de temps et de préparation pour que les acteurs se sentent en confiance et à l’aise. Dimitri Stapfer, qui joue Mike, a été d’une aide précieuse. Nous avons pris les choses les unes après les autres : avec quels gestes ou quels contacts physiques étaient-ils à l’aise ? Quelles étaient leurs limites ? Qu’aimait-il chez l’autre et de quelle façon pouvions-nous l’intégrer ? Nous avons chorégraphié la scène de manière à ce que les mouvements deviennent comme une danse. C’est comme cela qu’ils ont pu s’amuser et n’ont jamais eu à craindre que des contacts auxquels ils ne s’attendaient pas ou des gestes embarrassants puissent troubler leur intimité.

En tant que réalisatrice, comment gérez-vous cette période difficile ?
Notre film était à l’affiche quand les cinémas ont fermé. Nous avons constamment dû reprogrammer les projections. Beyto a été projeté aux Journées de Soleure où il a remporté le prix du public. Tout s’est passé en ligne, ce qui est difficile pour un réalisateur, parce que cela nous prive des contacts directs avec le public et de ses réactions.

Mais en tant que réalisatrice, je dois m’adapter. Notre voyage de recherche à Buenos Aires a été repoussé pendant des mois et nous ne savons pas quand il pourra se faire. Mais ce genre de choses arrive dans notre milieu, même hors période de pandémie. Je profite donc de ces moments de calme pour écrire et pour faire des recherches sur le net. Mais dans l’ensemble, je suis très reconnaissante de pouvoir travailler et profiter de cette liberté que nous avons. Je vis dans un pays où nous n’avons pas vraiment à nous plaindre, où les gens mangent à leur faim et ne sont pas à la rue. Je suppose que, d’une manière ou d’une autre, il est important d’intégrer une expérience comme celle que nous vivons actuellement dans notre travail. Cette expérience a une dimension internationale, elle n’épargne personne, et parle donc à tout le monde.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy