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BIFFF 2021

Mathieu Turi • Réalisateur de Méandre

“Un instinct animal entre en jeu, et on ne sait même pas pourquoi”

par 

- Claustrophobes s’abstenir, car le réalisateur français nous ici entraîne ici dans un parcours à l’intérieur d’un espace étroit et fermé

Mathieu Turi • Réalisateur de Méandre

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, Lisa (Gaia Weiss) se réveille emprisonnée dans un labyrinthe métallique plein de pièges, un bracelet affichant un décompte à son poignet qui la pousse à se dépêcher. Mais tandis qu'elle avance d'un piège mortel à l’autre, il y a une chose qu’elle ne peut pas oublier : le souvenir de sa fille décédée. Nous avons discuté avec le réalisateur, Mathieu Turi, à l'occasion de la présentation de son film au Festival international du film fantastique de Bruxelles.

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Cineuropa : C’est toujours très inconfortable de voir des films dépeignant des situations d'emprisonnement dans des lieux étroits. C’est un type de peur tout à fait universel.
Mathieu Turi :
Je ne suis pas claustrophobe du tout, mais même moi j’aurais peur en regardant ce genre de film. C’est en chacun de nous ; on a tous peur d’être coincé comme ça. Mais ça fonctionne très bien au cinéma, dans des films comme Buried [+lire aussi :
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ou Cube. Je voulais vraiment utiliser cette sensation pour raconter une histoire.

Au-delà de tous ces pièges, je pensais qu’il serait intéressant de se concentrer sur ce qui est à l’intérieur de Lisa. C'est une mère, ou plutôt elle en était une, et à présent, elle doit vivre avec le deuil d'un enfant. Je ne voulais pas être voyeur, et nous en avons beaucoup parlé avec Gaia, même par rapport à son costume – "Ce n’est pas un film où on regarde ton corps ; l'idée est de vivre cette expérience avec toi". Au début, Lisa est une femme qui n'a plus envie de vivre, mais ensuite elle se bat pour survivre. C’est presque illogique, il y a un instinct animal qui entre en jeu, sans même qu'on sache pourquoi.

C’est vrai, elle devient une femme qui se bat presque malgré elle. Cependant, vous n’expliquez pas tant de choses que ça dans le film : pourquoi elle se réveille dans cet endroit, qui donc a natté ses cheveux ? C'est quelque chose qui vous plaît, de ne pas trop expliquer ?
J’ai fait avec moi-même le pacte de garder du mystère, mais j’ai bel et bien écrit toutes les explications : ce que tout cela signifie et pourquoi elle est comme ça. Il y a des indices dans le film, certains si bien cachés que je pense que personne ne va jamais les trouver. C’est quelque chose que j’aime bien faire : avoir ces œufs de Pâques que les gens peuvent ensuite tenter de décrypter en ligne. J’ai fait ça également dans mon film précédent, Hostile [+lire aussi :
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, où je n’expliquais pas l’apocalypse. Les spectateurs voient tellement de films aujourd'hui, ils sont habitués à ne pas avoir toutes les réponses. Ils aiment ça.

Dans la science-fiction, un des clichés est d’avoir beaucoup de LED. Je ne voulais pas de ce genre d’imagerie, donc nous nous sommes servis de ce métal bizarre, que nous avons dû fabriquer pour le film, et puis nous nous sommes concentrés sur la lumière de son bracelet. C’est notre seule source de lumière ! J’adore Premier contact, or l’intérieur de ce bateau pourrait être fait de métal ou de pierre. C’est futuriste, mais ça aurait aussi pu être fait par des hommes des cavernes. Ensuite, je voulais jouer avec les éléments (l'eau, le feu), et faire en sorte que tout cela se produise vraiment. Nous avions du vrai feu dans la scène, mais c’était notre dernier jour [rires].

Vous avez dit que vous étiez intéressé par le fait qu’elle ait été mère et que cette expérience domine tout le reste. C’est délicat, cependant, parce que dès qu'il y a des enfants dans une histoire, les choses peuvent tomber dans le sentimentalisme.
Quand les gens viennent voir un film sur des pièges et des situations d'enfermement, il faut s'y tenir fermement, au moins au début. Ensuite, on peut introduire quelques changements ; des émotions entrent en jeu. Je savais que je pouvais le faire, parce que je l’avais fait dans Hostile, qui était à moitié une histoire d’amour, à moitié un film post-apocalyptique. Il a beaucoup divisé : soit les gens adoraient, soit ils détestaient. Là, une fois qu’on voit à quel point elle se bat, avec un peu de chance, on a envie d’en savoir plus.

L'accent américain de l’acteur finlandais Peter Franzén est excellent. Pourquoi avez-vous décidé de l'intégrer au film comme une menace supplémentaire ?
Je voulais amener le public dans la mauvaise direction. Quand il intervient, au début, le spectateur se dit : "OK, encore un film sur une fille qui rencontre un type, et un type qui débloque et tente de faire des trucs dingues dans une bagnole". Mais ensuite, ça devient autre chose. C’est un symbole du deuil qu’elle a vécu, un deuil dont elle doit s'échapper – c’est du moins ce qu’elle pense. Elle doit l’affronter physiquement mais aussi mentalement, mais le chose reste toujours présente. Plus on s’enfuit, plus ça empire.

J’adore la manière dont vous suivez littéralement la lumière de son bracelet. Ça fait peur, d’avoir quelque chose comme ça attaché à vous, mais ça l'aide aussi à avancer.
Nous avons parlé de possibles changements de couleur, ce qu’on peut remarquer dans le film, et même si c’est un fardeau physique, et clairement une menace de mort, ce bracelet contient aussi certaines réponses et des choses dont elle peut se servir. Peut-être que ce qui vous retient peut aussi être votre arme. Et peut-être qu'on peut se servir de ses menottes pour se libérer.

Tellement souvent, notre esprit peut être notre prison. À présent, avec la pandémie, on entend tous ces reportages dans les médias et on se met à croire que c’est la fin du monde. Mais quelques fois, on peut tout simplement se dire : "Je peux choisir d’avoir une bonne journée". C’est quelque chose que j’aime dans la vie en général.

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(Traduit de l'anglais)

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