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Suisse

Aldo Gugolz • Réalisateur de Anche stanotte le mucche danzeranno sul tetto

“À partir d’un certain stade, on ne peut plus sortir de la vallée de sa vie”

par 

- Le nouveau documentaire du réalisateur suisse suit la rude existence d’un homme qui travaille dans une ferme de montagne

Aldo Gugolz  • Réalisateur de Anche stanotte le mucche danzeranno sul tetto

Anche stanotte le mucche danzeranno sul tetto [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Aldo Gugolz
fiche film
]
d'Aldo Gugolz a remporté l'édition 2021 du Festival du film de Trente. Dans ce documentaire, le réalisateur suisse suit le quotidien de son sujet, Fabiano, qui vit en altitude dans les Alpes, dans des conditions très rudes et précaires. Gugolz nous parle de sa fascination pour ce mode de vie, menacé d'extinction, et des challenges auxquels il a été confronté pendant le tournage du film.

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Cineuropa : Comment avez-vous connu Fabiano et son histoire ?
Aldo Gugolz : J'avais déjà parcouru les Alpes une première fois en 1989, avec un ami. En 2016, nous sommes retournés dans le même coin pour faire de la randonnée. Nous nous sommes arrêtés dans l'alpage et nous avons eu l'idée de faire un film sur les hommes qui vivent ici. À ce moment-là, nous n'avions pas encore d'idée arrêtée sur la question, mais j'étais fasciné par ces hommes un peu étranges qui viennent de différents pays et vivent ensemble, là-haut. Six mois plus tard, nous allions commencer le film, mais entretemps, nous avions appris qu'un des travailleurs avait disparu, et qu'une de ses jambes avait été retrouvée dans la forêt. Cette histoire nous a fourni un bon point de départ émotionnel : Fabiano est rongé par un fort sentiment de culpabilité, parce qu'il n'a pas signalé la disparition de l'homme. Cette affaire devait toutefois rester à l'arrière-plan. Il fallait que la vie quotidienne de Fabiano, ses désirs et ses intentions occupent le premier plan.

A-t-il été difficile de convaincre Fabiano de participer au documentaire ?
Il a tout de suite accepté, ça l'intéressait beaucoup. Nous lui avons dit qu'il pourrait dépeindre sa propre situation, mais on a également établi clairement qu'il ne s'agissait pas d'en montrer une image lisse et reluisante. Nous voulions rendre fidèlement ce qu'est la vie dans une ferme. Au total, nous l'avons accompagné sur presque deux ans, en allant lui rendre visite régulièrement, pour quelques jours à chaque fois, mais en étalant les visites. Fabiano est le personnage principal parfait, car il ne mâche pas ses mots. Le seul challenge, c'est qu'il était très introverti.

Quel était l'idée, en faisant ce film ?
Le film était censé représenter le point de vue de Fabiano. De fait, il était clair dès le départ que toutes les autres personnes qui y apparaîtraient seraient montrées uniquement du point de vue de Fabiano. Nous avons choisi une manière peu spectaculaire de l'accompagner, mais on ne pouvait pas non plus laisser de côté l'aspect film policier par conviction journalistique.

Quelles ont été les plus gros challenges qui se sont présentés ?
D'un point de vue purement logistique, la production a été très éprouvante. Pour atteindre l'alpage, nous devions marcher trois heures à chaque fois, avec tout l'équipement. En termes d'alimentation électrique, nous avons souvent dû faire face à des conditions difficiles. Pour le tout dernier pan du tournage, nous avons dû aller là-haut en hélicoptère et prendre un petit générateur avec nous, parce qu'il n'y avait pas d'électricité du tout à ce moment-là.

Ensuite, lors du montage, la difficulté a été de trouver la bonne ambiance pour le film. Nous nous sommes rendu compte que la majestuosité de l'alpage et sa dangerosité ne pouvaient être rendus qu'en utilisant des images d'intempéries. Nous avions aussi des plans ensoleillées, qui montraient les beaux côtés de l'alpage, mais le film ne s'est mis à fonctionner que quand on les a coupés. Nous ne voulions pas faire un film sentimental sur le milieu rural, mais plutôt montrer à quelle point la vie est dure là-haut, et à quel point la ligne qui sépare la vie et la mort, la joie et la tristesse, est mince. Ce n'est que quand il pleut, quand il y a du tonnerre et des éclairs, que le vrai visage des Alpes apparaît.

Quel impact a eu sur vous le fait de travailler sur ce film ?
Je me suis souvent dit : "Pourquoi donc vais-je là-haut ? Pourquoi là et pas ailleurs ?". La situation de Fabiano m'a fait réfléchir. Dans la vie, on prend beaucoup de décisions qui nous amènent dans une certaine direction, sur un certain sentier et passé un stade, on ne peut plus sortir de la vallée de sa propre vie.

Dans quelle mesure la pandémie a-t-elle affecté l'exploitation du film ?
La première était censée avoir lieu à Nyon en 2020, mais le festival a dû se déplacer en ligne. Pour moi, c'était très décevant que le film soit présenté sans public réuni dans un salle. Ça m'a paru très abstrait, de vivre cette première de chez moi. Après cela, le film est sorti en Suisse en novembre, mais les cinémas ont de nouveau dû fermer. Ça a coûté au film sa carrière. Entre-temps, tout le bénéfice de la publicité et du travail avec la presse s'est évaporé. Aujourd'hui, de nouvelles sorties en salle sont prévues, donc on va réessayer.

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(Traduit de l'anglais par Alexandre Rousset)

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