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TRIBECA 2021

Thomas Daneskov • Réalisateur de Wild Men

“On élève les garçons dans l’idée qu’ils ne doivent pas parler de leurs sentiments”

par 

- Oubliez les motos : dans Wild Men, crise de la quarantaine rime avec tir à l’arc et peaux de bêtes

Thomas Daneskov  • Réalisateur de Wild Men
(© Petra Kleis)

Présenté en avant-première dans le cadre de la compétition internationale du film de fiction du Festival de Tribeca, Wild Men [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Thomas Daneskov
fiche film
]
raconte l’histoire de Martin (Rasmus Bjerg), qui laisse derrière lui le confort de sa petite vie pour se cacher dans les montagnes. Et ce, sans le dire à sa femme, du moins pour l’instant. Mais lorsqu’il rencontre Musa (Zaki Youssef), un fugitif en cavale blessé, les choses vont se compliquer. Nous avons discuté du film avec le réalisateur Thomas Daneskov.

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Cineuropa : Le spectateur a l’impression de connaître Martin. Nous avons tous rencontré quelqu’un comme lui. Tout ce que ces gars-là souhaitent, c’est qu’on les laisse tranquilles.
Thomas Daneskov :
L’histoire sur laquelle ma productrice, Lina Flynt, et moi avons travaillé raconte comment les hommes réagissent face à une crise. La décision de cet homme de revenir au temps des cavernes en est peut-être la version la plus extrême. Mais il s’agit en fait de la manière dont nous élevons nos enfants, la manière dont nous élevons les garçons, sans jamais les encourager à exprimer ce qu’ils ressentent et en leur disant "d’être des hommes". Ils ne savent pas communiquer, mais arrive un moment où la vie les rattrape. Ils vont divorcer, être licenciés ou malades, et ils ne seront pas armés. Je pense que c’est un problème très grave. Ces hommes-là boivent plus et se suicident davantage. Ils se sentent si seuls.

Ce qu’il fait, ce retour volontaire à la vie primitive, est simplement absurde. D’autant plus qu’il ne tient pas ses promesses dans ce domaine-là non plus, il continue d’utiliser son smart phone ou d’aller au supermarché lorsqu’il en a besoin.
Il pensait probablement : "si seulement ma femme arrêtait d’être sur mon dos, si je pouvais avoir du temps pour moi, avec une hache, je leur montrerais." Il pense n’avoir besoin de rien ni de personne, sauf de cette hache, mais, bien entendu, il se trompe. Les gens en Suède et en Norvège sont nombreux à rejoindre le village viking que nous montrons dans le film. Ce phénomène finira peut-être par toucher le Danemark aussi, après la sortie de ce film. Il s’agit d’un travail temporaire. Ces hommes font semblant d’être des Vikings pendant six mois, coupés du monde, sans internet, car ils veulent vivre quelque chose d’authentique. Nous avons trouvé de nombreux endroits où vous pouvez vivre cette "expérience authentique", mais cela a un coût.

L’idée de vouloir payer pour être privé de tout confort moderne, c’est, comme on le sait, un privilège de Blancs. Est-ce la raison pour laquelle vous souhaitiez qu’il ait un compagnon qui a mené une vie complètement différente ?
Je ne crois pas que Musa n’ait jamais eu le temps d'avoir des préoccupations comme celles de Martin. Je suppose que toute sa vie, il a été davantage question de survivre. Cet égocentrisme semble être un "privilège de Blancs", avec cet irrépressible besoin de se réfugier dans les montagnes et de créer ses propres obstacles. Mais là encore, le phénomène est assez courant. Un cinquantenaire chevauchant une nouvelle moto. Et puis, Martin veut aussi ressentir quelque chose, plutôt que regarder Netflix et ne pas parler à sa femme.

Ils ne semblent pas apprendre grand-chose l’un de l’autre, et ce pourrait pourtant être le sujet d'un buddy movie américain.
L’histoire se déroule sur quatre jours, alors que peut-on apprendre en si peu de temps ? En ce sens, nous voulions que l’histoire reste réaliste. Une fois le scénario écrit, nous sommes allés voir un psychiatre spécialisé dans le comportement des hommes confrontés à une crise. Selon lui, lorsque les hommes sont déprimés, se faire de nouveaux amis et relancer son réseau social aident. Personne ne peut le faire seul. Lorsque vous faites un film en partant du principe que les hommes sont incapables de parler de leurs problèmes, il est difficile de les amener à se confier. Nous utilisons les autres personnages comme des miroirs, qui reflètent la situation de Martin. Musa pourrait être lui plus jeune et le policier à leurs trousses une version de lui dans trente ans.

Une fois que vous parlez de l’enquête, on se croirait dans un film des frères Coen, avec des locaux malheureux et désœuvrés et un chien policier qui ne travaille jamais.
Nous sommes allés en repérage en Norvège avec Lina. Nous voulions voir comment fonctionnait la police locale, mais impossible de la trouver ! Ses bureaux étaient ouverts deux heures, un mercredi sur deux. L’endroit rappelait l’univers de Fargo, qui est l’un de mes films préférés. Cela nous a beaucoup inspirés.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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