email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

ART FILM FEST 2021

Martin Šulík • Réalisateur de The Man with Hare Ears

“Je pense que la vie de tout cinéaste se reflète dans ses films, que ce soit directement ou pas”

par 

- Dans son nouveau film, le réalisateur slovaque considère de plus près "l’homme aux oreilles de lièvre" du titre, et il engage le public à ne pas avoir peur de rire

Martin Šulík  • Réalisateur de The Man with Hare Ears

Certains prétendent qu’il n’est pas facile d’être vert, mais se laisser pousser une énorme paire d’oreilles à la suite d’un regrettable accident n’est pas mieux, imagine l’écrivain Josef (Miroslav Krobot). Et puis, les problèmes se poursuivent dans sa vie également. Son ami fait une tentative de suicide, sa petite-amie (Alexandra Borbély), une jeune femme bien plus jeune que lui, est enceinte et ses enfants, des adultes, ne cachent pas leur ressentiment à son égard. Martin Šulík nous en dit davantage sur The Man With Hare Ears [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Martin Šulík
fiche film
]
, présenté cette année au Art Film Fest.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : "Cinq auteurs slovaques sur quatre recommandent ce film," nous dites-vous au début. Comment souhaitiez-vous montrer ce problème, ce sentiment que tout ce que l’on a à dire l’a déjà été ?
Martin Šulík :
Cette première déclaration est teintée d’ironie. Elle doit immédiatement faire comprendre aux spectateurs qu’ils ne doivent pas avoir peur de rire. Le film est, pour moi, une pure comédie. Il est probablement impossible de saisir l’origine d’une œuvre d’art, que ce soit l’œuvre d’un écrivain ou celle d’un autre artiste. Mais cela n’avait aucune importance pour nous. À un moment donné, notre héros, Josef, qui est effectivement écrivain, commence à se rendre compte du décalage qui existe entre l’idée qu’il se fait de lui-même et la façon dont les autres le voient. Avec mon scénariste, Marek Leščák, nous voulions que l’histoire sur laquelle il travaille reflète cette soudaine sensation.

Être à nouveau père à cet âge-là est une expérience particulière. Mais le thème du film est l’acceptation de son âge, quoi qu’il arrive, n’est-ce pas ?
Oui, c’est ça. C’est également une réflexion sur les erreurs du passé et sur la possibilité de les rattraper, au moins un peu. Ou bien de savoir s’il est possible de transcender son propre égo et de renouer une relation sincère avec ses proches : femmes, enfants, amis.

L’image de Miroslav Krobot avec des oreilles de lièvre est franchement hilarante, surtout étant donné le sérieux avec lequel il joue. Aimez-vous ce genre d’humour pince-sans-rire ?
Miroslav Krobot est un acteur exceptionnel. Il a décidé de défendre son personnage tout au long du film. Il s’est emparé de tous les moments qui lui permettaient de rendre Josef un peu plus humain, de le rendre plus acceptable pour les autres et pour lui aussi. Et il l’a fait avec un minimum de moyens : peu de gestes, des expressions faciales très subtiles et des silences entre les répliques. Parfois, je me dis que j’aimerais aussi pouvoir faire un film avec Jean Gabin. J’adorerais voir quelque chose du même genre.

Pourquoi avoir décidé d’intégrer les confessions d’autres personnages ? Lorsqu'ils évoquent Josef, cela ressemble presque à des interviews tirées de documentaires. Sans compter que cette insinuation selon laquelle quelqu’un "ne peut écrire que sur lui-même", comme il le fait, est très courante.
En procédant ainsi, nous avons pu changer le point de vue du personnage principal et créer plus de tensions dans d’autres scènes. Et nous avons pu jouer avec les spectateurs en les faisant sortir de l’histoire, en leur rappelant qu’en fin de compte, un film est aussi un jeu. Je pense que la vie de tout cinéaste se reflète dans ses films, que ce soit directement ou pas. Mais il s’agit aussi d’aller au-delà de sa propre expérience et d’ajouter une autre dimension à son travail. Le matériau "volé" à la vie de l’auteur peut rendre l’histoire unique, spéciale, mais en même temps, être trop introverti est d’un ennui mortel. Je pense que les artistes devraient se soucier davantage des autres. Et si tous ceux qui souffrent ne peuvent pas faire un film dans l’immédiat, et bien, ils peuvent toujours aller consulter à la place.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy