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LOCARNO 2021 Compétition

Lorenz Merz • Réalisateur de Soul of a Beast

“Mes films ne fonctionnent pas simplement au niveau de l'intellect”

par 

- Le jeune réalisateur suisse Lorenz Merz nous parle sur son deuxième long-métrage, en compétition au Festival de Locarno

Lorenz Merz • Réalisateur de Soul of a Beast
(© Locarno Film Festival)

Huit ans après son premier long-métrage, Cherry Pie [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, qui a été nominé dans la catégorie meilleure photographie aux Prix du cinéma suisse, Lorenz Merz a élaboré un nouveau film intrigant, Soul of a Beast [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Lorenz Merz
fiche film
]
, un récit visuellement puissant où convergent la sagesse des samouraïs japonais et la difficulté qu'il y a à devenir père quand on est encore adolescent. Le film a été projeté en compétition au Festival de Locarno.

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Cineuropa : D'où est venue l’idée de ce film intrigant et atypique ? J’ai lu que vous aviez confié que c’est un sujet qui vous tient particulièrement à cœur. Qu'entendiez-vous par là ?
Lorenzo Merz :
L'idée est née il y a longtemps, quand j’avais environ 27 ans et que j’ai commencé à enquêter sur mon passé. Je suis moi aussi devenu père très jeune, à l’âge de 18 ans, et tandis que je traversais l’expérience bouleversante de la naissance de mon enfant, mon meilleur ami est mort. Ce genre de sentiments mélangés, affronter la perte de mon meilleur ami et devenir père dans le même temps, m'a amené à voir le monde et ma vie différemment. Ça a été une chose très étrange et paradoxale que de faire l’expérience d'événements aussi forts et aussi rapprochés. J’ai développé une nouvelle manière de voir les choses ; je ne l’appellerais pas spirituelle, c’était plus un aperçu des coulisses de ces événements. Dans ce genre de périodes dures et intenses de la vie, il est difficile de prétendre qu’on garde le contrôle de son existence. Voilà les sentiments et idées réels qui m’ont donné envie de faire un film. Au début, l’histoire s’est développée avant tout autour des notions de naissance et de mort ; c'est ensuite que des questions liées à la liberté, et à ce que cela signifie, sont ressorties. Mon expérience personnelle a été profondément liée à une prise de conscience que la vraie liberté ne peut qu'être vécue dans le contexte de la liberté intérieure. Quoi qu’il arrive dans la vie, ce qui vous aide à survivre, c’est la liberté intérieure, c'est ça l'échappatoire. C’est le coeur du film, je suppose : ce que la liberté signifie dans un monde où l'on pense qu’on peut décider de tout alors qu'en vérité, on ne peut pas.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de mélanger autant de genres dans un même film ? D’où vous vient ce désir de vous aventurer en dehors des sentiers battus ?
J’ai développé le premier scénario très tôt ; il était totalement différent de la version finale. On y trouvait déjà les sujets de la naissance, la mort et la liberté mais finalement, le film s'est avéré être une histoire d’amour, une histoire d’amour simple, une représentation visuelle de l’expérience de tomber amoureux. C’est l’histoire d’un jeune homme qui tombe amoureux et de tous les sentiments qu’on ressent alors dans sa chair ; ça parle de la manière dont votre imagination et votre perception changent votre vie, du fait que l’amour exacerbe tout. C’est comme si on vous avait jeté un sort. Cela m’a rapproché du genre d’expérience intérieure que traverse le personnage principal. Je voulais rendre son expérience intérieure visible, montrer comment il vit les choses ; je voulais montrer en plein jour ses sentiments, qui étaient invisibles pour le public. Je pense que le mélange des genres est venu de cela, mais ce n’était pas vraiment une décision consciente : la forme visuelle du film a vraiment émergé à partir du monde intérieur du personnage principal.

D’où vient votre intérêt pour la culture japonaise et pourquoi avez-vous décidé de l’inclure dans votre film ?
En gros, je pense que presque tout ce que je fais est légèrement influencé par la culture japonaise. Depuis ma plus tendre enfance, je suis profondément affecté par l'histoire et l'esthétique de ce pays, par la manière dont la culture japonaise aborde certains problèmes, envisage certaines choses. C’était ça, ma source d'inspiration d'ensemble. Le film est aussi très librement inspiré de la série manga japonaise Lone Wolf and Cub des années 1970, qui est très sanguinolente et violente, mais aussi extrêmement poétique. Dans un sens, je voulais tracer un parallèle entre la relation entre les enfants qui observent leur environnement, assez violent, avec un regard très pur, et la scène du skate, jeune et urbaine. Le skate park évoque un peu le dojo : on s'y exerce, on y répète, on y médite, dans une certaine mesure. Tout cela remonte aux arts martiaux. Les histoires de samouraïs sont comme un appel venus de temps anciens pour le personnage principal. On pourrait aussi dire qu’il a une âme japonaise, qui grandit en lui et lui donne un air de samouraï. C’est comme une association de pensées, et chacun peut l’interpréter différemment.

Il est aussi très important de préciser que le film ne fonctionne pas simplement sur un plan intellectuel, sur un plan qui demande interprétation. Sans devenir trop cafouilleux non plus, j’aime bien essayer de procéder comme si j'étais un peintre qui ne peint que de très belles fleurs. Leur beauté n’a pas de logique. Mes films ne fonctionnent pas simplement au niveau de l'intellect.

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(Traduit de l'anglais)

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