email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BRIFF 2021

Fred De Loof • Réalisateur de Totem

"Je voulais un rendu de cinéma très classique pour contrebalancer l’humour un peu appuyé et les vannes à répétition"

par 

- Rencontre avec le cinéaste belge, qui nous parle de son premier long métrage déjanté tourné en conditions légères, une comédie délicieusement grossière

Fred De Loof  • Réalisateur de Totem

Rencontre avec Fred De Loof, réalisateur de Totem [+lire aussi :
critique
interview : Fred De Loof
fiche film
]
, présenté en Compétition Nationale au Brussels International Film Festival. Le cinéaste belge nous parle de ce premier long métrage déjanté tourné en conditions légères, comédie délicieusement grossière sur une troupe de quarantenaires soudain mis face à leur responsabilité dans la disparition de l’un de leurs camarades, alors qu’ils étaient encore scouts.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Quelles sont les origines du projet ?
Fred De Loof :
Ça vient d’abord d’une image, celle d’adultes dans leur tenue de scout, devenue trop petite pour eux, des quarantenaires qui semblent ne pas vouloir vieillir. Et puis il y avait cette envie de faire un film de science-fiction, et plus spécialement de voyage dans le temps. Finalement c’est une question qui taraude tout le monde, que serait ma vie si je n’avais pas fait cette erreur ? Je voulais aussi de parler de harcèlement. Des deux côtés. Moi j’ai un peu une tête à claques, et je m’en suis pris plein la gueule en étant ado, et en même temps, j’emmerdais moi-même d’autres gosses dans la classe. J’étais un peu harceleur, un peu harcelé, même si ce n’était jamais bien méchant. Ce qui me marquait, c’est qu’alors que pour les harcelés, c’est un drame dont on sous-estime souvent le poids, c’est que pour les harceleurs, c’est de la blague, il y a un effet de groupe qui anesthésie l’empathie, et déresponsabilise. Le challenge, c’était de faire une comédie de ce scénario dramatique. Le tout en respectant ce qu’on appelle des "conditions légères", faisant suite à un appel à projets lancé par le Centre du Cinéma de la FWB pour des films au budget limité, à réaliser rapidement.

Il fallait donc respecter l’unité de temps et de lieu, ce que la réunion scout dans un bois rendait possible ?
Un peu naïvement, je m’étais dit que pour faire un film qui ne coûte pas cher, j’allais prendre un décor unique. Une forêt c’est chouette, y’a pas besoin de décor… Alors oui, les quelques éléments de décor liés au scoutisme n’ont pas coûté bien cher. Par contre, sur le plan logistique et infrastructure, c’est un enfer !

Et au niveau du ton, comment vouliez-vous situer le film ?
Au tout début, je voulais faire un film très premier degré, notamment au niveau du jeu. Je joue le rôle principal, et au début j’ai commencé comme ça, très premier degré, mais dès que les enjeux sont devenus plus sombres, et que ça a commencé à me toucher personnellement, je ne pouvais plus le jouer comme ça. Il fallait que j’ajoute un petit décalage. C’est comme ça que le ton s’est installé finalement. J’ai l’impression que j’ai été pris à mon propre piège en voulait faire une comédie d'un drame qui me touchait tellement. Et la parodie s’est imposé pour désamorcer ça.

Comment avez-vous choisi de filmer la forêt ? C’est une vraie forêt de cinéma !
En fait je travaille aussi beaucoup en publicité, et j’aime les belles images entre guillemets, assez travaillées. Avec de la symétrie, des cadrages un peu graphiques. Je ne mets pas trop d’amorce, je tourne souvent en larges focales. J’aime bien aussi la prise de vue anamorphique et le flou derrière. Pour Totem, je voulais un rendu très cinéma classique, qui contrebalance le ton, l’humour un peu appuyé et les vannes à répétition. J’aime bien ce décalage, cette insolence, mettre de beaux moyens esthétiques en oeuvre pour faire les cons, c’est un peu irrévérencieux, j’aime bien. Au niveau de l’image, de la palette de couleurs, on a essayé de trouver un ton particulier, ni trop desaturé, trop naturaliste, ni trop coloré et trop comédie. On cherchait quelque chose entre les deux, en jouant les contrastes chaud-froid, les personnages plus chauds, la forêt plus froide. Les scènes dans le passé sont un peu plus bleutées aussi, pour appuyer le côté mystique, hors du temps. On a aussi fait quelques nuits américaines pour le côté fantastique.

Vous mettez en scène une rencontre bien particulière : celle d’ados avec l’adulte qu’ils sont devenus.
En fait j’ai repensé à moi quand j’étais adolescent, je m’imaginais que j’allais être punk, que j’allais refaire le monde. J’avais de grandes ambitions, comme beaucoup d’ado. Et puis dix ans plus tard, je me retrouve à faire des pubs. Mon moi ado n’aurait jamais pu imaginer ça, je crois. J’étais même radicalement contre la pub. Je ne peux que me demander comment je me serais jugé. C’est presque pire que d’être jugé par son propre enfant ! Dans le film, on illustre ce choc de façon comique, évidemment, mais ça n’en reste pas moins un choc. Ça rappelle aussi qu’on ne peut pas se mentir à soi-même. Quand il s’agit de se justifier envers soi-même, il n’y a plus de faux-semblants possibles.

Quels sont vos projets ?
Baraki, la série que j’ai co-écrite et réalisé pour la RTBF, et dans laquelle je joue également, vient de sortir en ligne et sera diffusée à la télévision à partir du week-end prochain. Je vais également réaliser un court métrage pour la saison 2 de La Belge Collection. Je continue à écrire la version longue de mon court, Les Pigeons ça chient partout. Mais je dois dire que j’ai tellement de projets, notamment la saison 2 de Baraki, que l’écriture de projets perso passent parfois au second plan, ou s’insèrent dans les interstices.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy