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ARRAS 2021

Nadia Paschetto • Directrice, Arras Film Festival

"Nous devons aider les spectateurs à retrouver le chemin des salles"

par 

- Rencontre avec la directrice du festival français, qui ne cache pas sa joie de relancer l’événement après une année de disette pandémique sur place

Nadia Paschetto • Directrice, Arras Film Festival
(© Aurélie Lamachère)

Directrice du Arras Film Festival dont la 22e édition démarre aujourd'hui (lire l’article) et qu'elle a fondé avec le délégué général Éric Miot, Nadia Paschetto ne cache pas sa joie de relancer l’événement après une année de disette pandémique sur place (seuls les jurys avaient pu œuvrer en délocalisé et en salles à Paris en 2020).

Cineuropa : Comment se présente cette 22e édition du Arras Film Festival ? Le public local, habituellement très enthousiaste, sera-t-il au rendez-vous alors que la fréquentation dans les salles françaises peine encore à retrouver son niveau pré-Covid ?
Nadia Paschetto : Sur le plan artistique et de la programmation, tout se présente très bien, avec de très beaux films et un très beau tapis rouge : de nombreuses équipes vont faire le déplacement à Arras. Du point de vue des films européens, on craignait un peu qu’avec la pandémie, tout se soit un peu figé en termes de production, mais pas du tout : le niveau de la compétition est excellent avec des œuvres fortes, très différentes, et toujours évidemment notre prédilection pour les films d’Europe Centrale et du Nord. Sur la question des festivaliers, comme toutes les salles de cinéma et tous les événements aujourd’hui, nous savons que certaines personnes ne sont pas vaccinées, ne veulent pas se faire contrôler via le pass sanitaire, etc., mais depuis que la billetterie est ouverte, cela se passe plutôt bien, même s’il faut être réaliste : on ne pourra sans doute pas échapper à une baisse de fréquentation à l’image de tous les événements qui se déroulent actuellement. Mais il a un engouement, un bon bouche-à-oreille et une vraie attente du public après le choc de ne pas avoir pu profiter du festival l’an dernier. Car je le rappelle, nous avons été obligés de tout abandonner à cinq jours de l’ouverture à cause de la décision de refermer à nouveau les salles.

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Dans votre phase de prospection des films, notamment ceux issus d’Europe de l’Est, avez-vous constaté de grandes disparités de continuité de la production dans les différents pays confrontés à la pandémie ?
C’est compliqué de généraliser car même en temps normal, certains pays sont parfois plus prolifiques que d’autres et cela peut facilement changer d’une année à la suivante. Cependant, et sans vouloir pointer du doigt certains pays (ceux qui suivent l’actualité les reconnaitront sans peine), là où la production a vraiment été nettement freinée, c’est là où les gouvernements ont gelé ou nettement réduit les soutiens. D’ailleurs, certains professionnels attendent encore d’avoir une visibilité dans ce domaine pour savoir s’ils peuvent lancer ou non la production de leurs films. En France, cela a été beaucoup plus fluide car le secteur a été largement aidé par les pouvoirs publics et il a davantage de sources de financements. En revanche, partout, il y a énormément de projets dans les tuyaux. Ainsi, pour notre Bourse d’aide au développement des Arras Days (lire la news), nous avons réuni très facilement un line-up incluant beaucoup de projets intéressants.

Un festival comme le vôtre a-t-il un rôle essentiel à jouer pour amplifier le retour des spectateurs en salles ?
Essentiel, je ne sais pas, puisque nous avons longtemps été considérés comme non-essentiels au pic de la pandémie. Mais nous devons aider les spectateurs à retrouver le chemin des salles, leur montrer qu’on peut vivre une expérience collective sans que cela soit dangereux, que c’est important de partager les moments de convivialité, les échanges autour des films, les rencontres : c’est essentiel dans la vie ! C’est le festival qui provoque ces moments et j’aimerais qu’on soit fédérateur autour de cette idée que se retrouver, se rencontrer, échanger, c’est ce qui est au coeur de ce qui fait les relations humaines. Les gens se sont repliés sur eux-mêmes pendant des mois, certains ne sortent pas de chez eux : j’aimerais leur donner un peu envie de ressortir, même si ce n’est pas gagné d’avance.

L’aide financière au distributeur éventuel du film gagnant le Grand Prix suffit-elle à assurer une sortie ultérieure dans les salles françaises ?
Nous sommes très heureux car nos Grand Prix des années précédentes sont tous sortis en salles, même si cela a parfois été un peu en décalé comme pour La saveur des coings [+lire aussi :
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des Bulgares Kristina Grozeva et Petar Valchanov. Et notre Grand Prix 2020, car notre jury avait quand même pu oeuvrer en salles et à huis clos, La Voix d’Aïda [+lire aussi :
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de la Bosnienne Jasmila Žbanić est sorti en salles le 11 septembre dernier. Notre aide de 12 000 euros à la distribution du film gagnant est très certainement la bienvenue et j’espère que le Grand Prix 2021 trouvera lui aussi un distributeur et sa place sur les écrans en France. Dans quelle temporalité, on ne sait pas car il y a encore beaucoup de films sur les étagères des distributeurs et beaucoup de reports successifs, une valse terrible pour les producteurs et les cinéastes.

Au rayon très bien fourni des avant-premières françaises, vous avez toujours accueilli de nombreuses équipes artistiques, la proximité avec Paris et la réputation conviviale du festival facilitant leurs venues. Qu’en est-il dans le panorama post-pandémique ?
Les cinéastes ont besoin de retrouver le public, d’échanger sur leurs films car ils ont été en souffrance pendant des mois, des mois d’isolement. Les Européens que nous allons accueillir ont répondu favorablement tout de suite à notre invitation. Quand on fait un film, on ne le fait pas pour soi, on le fait pour les autres, pour le partager, pour en parler et cela a manqué terriblement aux cinéastes. Comme à nous d’ailleurs car on ne fait pas une programmation pour se retrouver avec la frustration terrible de tout voir partir à la trappe tout d’un coup. C’était douloureux pour nous, mais pour des cinéastes et des producteurs qui ont mis trois ans de leurs vies dans des projets, c’était un arrache-cœur et c’est donc une joie d’autant plus grande d’enfin se retrouver.

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