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Serbie / Croatie / République tchèque

Srđan Keča • Réalisateur de Museum of the Revolution

“J’essaie d’être souple et ouvert sur ce qu’un film peut être”

par 

- Le réalisateur serbe détaille la manière dont il a créé son nouveau film, qui se réfère dans son titre à un film inachevé de la période yougoslave, mais s’épanouit pour former un récit plus intime

Srđan Keča  • Réalisateur de Museum of the Revolution

Museum of the Revolution [+lire aussi :
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, du Serbe Srđan Keča, prend comme point de départ le projet inachevé du titre, qui remonte à l’époque yougoslave, mais il se mue ensuite en une histoire intime qui reflète l’état actuel des sociétés de cette région. Nous avons interrogé le réalisateur sur la manière dont il a fait ce film, dévoilé en première mondiale à l'IDFA et projeté la semaine dernière au Festival du film sur les droits de l'Homme de Zagreb (5-12 décembre).

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Cineuropa : Comment avez-vous découvert le Musée de la Révolution et les personnages qu'on suit dans le film ?
Srđan Keča :
En 2014, je me suis lancé dans une installation vidéo à plusieurs écrans spécialement conçue pour un site, le Pavillon serbe de la Biennale d’architecture de Venise, autour de l'ambitieux projet, ensuite abandonné, de faire un Musée de la Révolution à Belgrade. Quand j’ai commencé à tourner dans les sous-sols (c’est ce qu’il reste de ce projet), j’ai rencontré des gens qui vivaient là, notamment la vieille dame, Mara. Les deux années qui ont suivi, mon assistant et moi avons continué d’y aller, et nous nous sommes liés d’amitié avec Mara et son compagnon, à présent décédé. J’ai eu le sentiment que quelque chose d’autre pouvait être fait dans cet espace, mais je ne savais pas exactement quoi, ou comment l’aborder.

Et puis un jour, j’ai vu Mara en train de jouer avec une petite fille que je n’avais jamais vue avant. C'est à ce moment-là que je me suis dit "il y a un film ici", et nous avons commencé à tourner dès le lendemain. Ensuite, j’ai rencontré la mère de la fillette (je connaissais déjà son père d'avant) et à partir de là, tout le projet m'a fait l’effet d’être une extension naturelle de la relation que j’avais déjà avec la communauté qui vit là.

Comment avez-vous établi le lien entre le musée inachevé et les gens qui vivent à cet endroit ?
À l’intérieur de cet espace, qui est un projet utopique abandonné, nous avons essayé d’établir un monde d’enfance protégé, avec la vieille dame et la petite fille et les jeux entre elles, et ensuite de voir comment les choses s'érodaient au fil du temps dans le film. Ce qui est entré en jeu à ce stade, c'est cette structure, faite de départs et d’arrêts soudains, de rêves qui ne vont nulle part, ce qui met en parallèle les vies des personnages et le musée lui-même. Le musée aussi est un rêve inachevé qui, pour moi, représente les projets et des rêves spécifiques à l’espace yougoslave, mais il reflète aussi la vie précaire des gens qu'on voit dans le film.

C’est pour cela que j’ai utilisé ce proverbe, au début : "Le vent s'est levé pendant la nuit et il a emporté nos plans". Je l’ai trouvé dans un essai de John Berger sur la pauvreté. Il décrit la structure d’une vie de pauvreté comme une série incessante de départs et d'arrêts soudains ; on est constamment en train de faire des plans qui ne vont nulle part. C’était tellement vrai, par rapport à l'expérience que j'ai faite de tout le temps que nous avons passé avec les gens qui sont dans le film : chaque jour, toute l’idée qu'on a de la vie change. On arrive avec la caméra le lendemain et tout ce qu’on avait prévu de faire, quoi que ce soit, ne se produit pas, tout simplement.

Comment se sont passés le développement et la production du film ? Quels éléments ont été fondamentaux pour obtenir les financements ?
[Ma productrice] Vanja Jambrović et moi avons pitché le projet à beaucoup d’endroits, mais deux en particulier se démarquent : East Doc Platform 2019, où le projet a gagné le prix principal et où nous avons rencontré nos coproducteurs tchèques, Nutprodukce, et puis le Forum IDFA la même année. Les retours positifs que nous avons reçus là-bas nous ont encouragés à soumettre le projet au Fonds Sundance d'aide au documentaire, alors que nous pensions avant qu'y postuler serait un peu trop ambitieux pour un film comme celui-ci. À ce stade, nous avions déjà beaucoup de matériel à montrer ; ainsi, ils nous ont accordé une bourse d'aide à la post-production.

Bien que vous soyez un nom établi dans l’industrie du film depuis plus d'une décennie, grâce à vos courts- et moyens-métrages, et comme producteur et monteur de Flotel Europa [+lire aussi :
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bande-annonce
fiche film
]
, qui a été présenté à Berlin en 2015, c'est votre premier long-métrage. Comment cela se fait-il ?
On fait des films, et finalement, ils arrivent à une certaine longueur… Si mon objectif était de faire un long-métrage, j'en aurais probablement fait un avant, mais au départ, mon désir était juste de faire des films. Même dans le cas de celui-ci, je n’étais pas certain, jusqu’à un stade avancé du processus, que ce serait un long-métrage. À présent, il est probable que je ne fasse plus de courts ou de moyens-métrages... Non, je plaisante, mais c'est vrai que c'est l'effet que ça fait : j'ai d'autres projets que j'ai entamés en me disant que ce serait des courts, mais qui sont en train de devenir des longs-métrages. J’essaye d’être flexible et ouvert par rapport à ce qu’un film doit être.

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(Traduit de l'anglais)

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