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Belgique

Adeline Margueron • Distributrice, Le Parc Distribution

“Le secret est de toujours bien connaître son territoire, et quelle est la demande côté public”

par 

- La directrice de la distribution de la société liégeoise nous parle de son travail, tourné vers les films d’animation et les titres familiaux dans la partie francophone de la Belgique

Adeline Margueron • Distributrice, Le Parc Distribution

Nous avons rencontré Adeline Margueron, responsable de la distribution de la société liégeoise Le Parc Distribution. Nous avons évoqué la programmation et les stratégies de la société, les mesures d’aide mises en place pour pallier la crise sanitaire et la distribution de films d’animation et de films familiaux en Belgique francophone.

Cineuropa : Comment décririez-vous la programmation et la politique éditoriale de votre société ?
Adeline Margueron :
La distribution n’est qu’une des nombreuses activités de notre centre culturel, Les Grignous, situé à Liège, dans la partie francophone de la Belgique. Le centre a été fondé il y a plus de 40 ans et l’exploitation est notre principale activité. Nous possédons quatre cinémas, trois dans le centre de Liège et un dans le centre de Namur. Nous organisons des séances scolaires en matinée dans l’ensemble des cinémas de Belgique francophone et de Bruxelles. Nous avons établi des partenariats avec d’autres exploitants, centres culturels et écoles pour organiser ces projections. Nous possédons également deux cafés et un restaurant. Nous avons évidemment une branche distribution, avec 11 à 12 titres par an, majoritairement des films d’animation et des films familiaux. Nous distribuons principalement des films adaptés au très jeune public (des enfants de 3 à 5 ans) et sélectionnons surtout des films d’animation, des documentaires, parfois des films de fiction, à hauteur d’un à deux par an. Une large sélection de films, qui diversifie également notre travail. Pour la distribution, notre équipe se compose de deux personnes à temps plein, mais il va sans dire que nous collaborons avec les autres services du centre culturel, notamment ceux de la programmation, du financement et de la communication.

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Quelles sont les principales complexités et spécificités du marché local ?
À la différence des autres acteurs belges qui distribuent sur l’ensemble de la Belgique francophone et flamande, nous ne travaillons qu’avec les territoires francophones, à savoir la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un tout petit marché qui compte 4 millions d’habitants. Les enfants et les tout-petits sont notre public cible, une petite cible pour un petit marché (rires) ! Les cinémas des régions francophones belges sont généralement des multiplexes, propriétés de chaines comme UGC, Pathé et Imagix. Le nombre de cinémas d’art et d’essai est faible, moins de dix en fait. C’est un petit marché, et de ce fait, la sortie de nos films se limite 5 à 8 salles. Nous travaillons davantage sur la rediffusion de nos titres dans les petites villes. Finalement, l’une des particularités du marché francophone belge reste le manque de salles. De plus, nous dépendons beaucoup de la France. Il est très difficile de distribuer un film en Belgique francophone avant sa sortie en France. Il est essentiel que les films français et étrangers suivent le calendrier de distribution des salles françaises, surtout lorsqu’il s’agit de grosses sorties. Pour les plus petits films, comme les courts-métrages ou les films destinés aux tout-petits, il est possible d’attendre et de retarder un peu la sortie. Dans l’ensemble, c’est un marché complexe, nous sommes un pays bilingue, avec un nombre d’écrans limité et nous devons nous adapter aux fenêtres de notre principal voisin.

Quelle valeur ajoutée apporte votre travail de distributeur, en particulier en matière de promotion de films européens ?
Je pense qu’il est important de présenter des films d’auteur au public. Je crois que nous devons construire le public de demain, il en va de la survie des films de pouvoir être projetés en salle. Je pense que ce que nous faisons est essentiel et que cela favorise la circulation des œuvres et des idées. Quant aux films européens, le cinéma est, selon moi, un bon moyen de faire comprendre aux gens ce qu’est l’Europe, même si cela reste un concept difficile à définir. Et, c’est la raison pour laquelle, nous devons sortir plus de films européens.

Quelle a été votre meilleure campagne de promotion pour un film européen ? Quel en a été l’ingrédient secret ?
Le secret est de toujours avoir une bonne connaissance de son territoire et des exigences du public. Il faut travailler à l’échelle locale et organiser des événements pour que les films d'art et d'essai et les films européens puissent rencontrer le public. Le marché dans lequel nous travaillons est très concurrentiel avec des majors et autres grands studios qui ont les moyens d’investir d’énormes sommes d’argent dans les campagnes marketing, des moyens dont nous ne disposons évidemment pas. Nous avons un petit catalogue, mais nous sommes en mesure de toucher un public ciblé et de le sensibiliser. Nous devons pour cela nouer des relations très étroites avec les exploitants et les associations susceptibles de promouvoir les films. Notre meilleure campagne a peut-être été celle de Demain [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(2015) de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Avec quasiment 200 000 entrées, le succès a été retentissant. Nous avons travaillé main dans la main avec des collectivités, des associations et des syndicats. Nous avons effectué plus d’une centaine de partenariats de ce genre pour ce film. Le travail a été considérable, mais il a également été très intéressant de voir comment nous avons attiré dans les salles des spectateurs de régions isolées. D’une certaine façon, nous avons abordé les préoccupations des citoyens et avons tenté de répondre à leurs questions en les invitant à regarder le documentaire.

Comment se fait la répartition des revenus entre chaque sortie de films ?
Nous ne distribuons des films que dans les salles de cinéma. C’est l’une de nos spécificités. Nous sommes une petite équipe et la manière dont la distribution a été définie dans le cadre de nos activités implique que nous faisons uniquement l’acquisition des droits de diffusion en salle.

En matière d’urgence sanitaire, quelles ont été les mesures d’aide mises en place par le gouvernement pour les distributeurs ?
Le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles a soutenu les exploitants et les distributeurs. Chaque fois que nous avons été contraints de fermer, nous avons pu solliciter des subventions exceptionnelles. Le centre a également fourni une aide supplémentaire pour promouvoir les sorties de films prévues après la réouverture. En tant qu’exploitant et distributeur, nous avons donc été aidés. C’était en deçà de nos attentes, mais suffisant pour nous permettre de maintenir l’entreprise à flot.

Comment envisagez-vous l’avenir de la circulation des films européens à l’étranger et la diffusion auprès des publics ?
À ce jour, je ne sais pas comment nous allons passer l’hiver. J’ai bien peur que la situation sanitaire ne s’aggrave. Donc, si nous arrivons à rester ouverts et à fonctionner, je pense que nous nous en sortirons. Les relations avec les plateformes, la situation économique, tout cela est très compliqué, et les distributeurs de films d’art et d’essai ont vraiment beaucoup de mal. Mais sans eux, les films d’auteur européens ne pourront pas se retrouver dans les cinémas. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin du soutien du public. C’est, selon moi, une question de survie. Je pense que le plus dur reste à venir, et que les deux ou trois prochaines années seront cruciales pour nous.

Qu’est-ce qui vous a amené à travailler dans la distribution ?
J’ai étudié l’histoire du cinéma. Puis, à un moment de ma vie, je me suis retrouvé à chercher du travail et j’en ai trouvé un dans le secteur de la distribution. J’ai donc commencé à travailler comme distributeur. Avant de postuler, je n’y connaissais pas grand-chose. L’apprentissage par la pratique s’est avéré très intéressant. C’était une expérience de terrain. En tant que distributeur, vous vous situez à la croisée de plusieurs domaines. Vous devez avoir une connaissance globale, notamment en communication, gestion des droits, presse, exploitation… Le travail est finalement très enrichissant. Cela fait dix ans que j’ai commencé. J’ignore le nombre de films que j’ai distribués en tant que responsable de la distribution. Cela fait cinq ou six ans que j’occupe ce poste, je dirais donc que le nombre avoisine les 60 à 70.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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