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BERLINALE 2022 Compétition

Ursula Meier • Réalisatrice de La Ligne

“Généralement, au cinéma, la violence est montrée à travers les personnages masculins, et quand il y a des femmes, ce sont principalement des ados”

par 

- BERLINALE 2022 : La réalisatrice propose une comédie dramatique qui traite de la représentation de la violence féminine à travers un choix d’interprètes prenant à rebours les stéréotypes classiques

Ursula Meier • Réalisatrice de La Ligne
(© Raphael Zubler)

Après Sister [+lire aussi :
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, Ursula Meier est de retour en compétition à Berlin avec La Ligne [+lire aussi :
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, qui raconte l’histoire de trois sœurs confrontées à une mère égocentrique et difficile à gérer. Nous avons interrrogé la réalisatrice franco-suisse sur les principaux sujets du film et la manière dont elle a développé les personnages.

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Cineuropa : Ici, comme dans vos films précédents, particulièrement Sister, vous traitez des sujets de la famille et de la sororité.
Ursula Meier :
Le point de départ était le désir de raconter l’histoire d’une femme violente, de parler de violence au féminin. Stéphanie Blanchoud, avec qui j’ai écrit le film, connaît la boxe et elle a déjà écrit une pièce qui traite de ce thème. D’habitude, au cinéma, la violence est montrée à travers des personnages masculins, et quand il y a des femmes, ce sont principalement des ados. Normalement, dans ces cas-là, c’est aussi connecté à des sujets comme la drogue et la prostitution. Ce n'est pas ce qui m’intéressait. Je me suis demandé comment faire pour montrer la violence de ce personnage féminin sans donner trop d’explications. C'est ensuite que j'ai connecté l’histoire avec le motif de la famille, parce que c’est ce qui nous façonne comme individus, et parce que je ne voulais pas parler d’un autre sujet social ou politique.

Le rôle de Margaret, joué par Stéphanie Blanchoud, est très exigeant physiquement. Comment vous êtes-vous préparées à cela, elle et vous ?
Ça a été long. En écrivant le film, à un moment, il m'a semblé important de voir le visage abîmé de l’héroïne. C'était une image essentielle pour moi, afin de visualiser le film. Je suis partie de son corps : c’était l’inspiration pour le film et aussi, quelque part, son paysage. Voir son visage m’a permis de me rendre compte que c'était déjà une image si forte qu’il ne serait pas nécessaire de montrer davantage de violence au-delà de ça. Il a été très difficile de déterminer quelle quantité de violence il fallait montrer. Pour Stéphanie aussi il était important qu’elle se voie avec le maquillage, de manière à pouvoir construire son personnage. Une fois, elle est même allée dans la rue comme ça, pour observer les réactions des autres.

Pendant le film, on se rend compte que le personnage de la mère de Margaret est encore plus violent que Margaret elle-même.
Oui, on voulait que ceci apparaisse graduellement. C’est une autre sorte de violence : elle est abusive avec ses enfants, ce qui est une forme de violence plus cachée. Chacun des sœurs réagit différemment à cela. L'une essaie d’être particulièrement normale, mais en fait ne l’est pas. Une autre trouve refuge dans la religion, et puis il y a Margaret.

Comment le sujet de la religion a-t-il trouvé sa place dans l’histoire ?
Il s'est présenté très vite. On travaillait sur le personnage, et j’ai dit à Stéphanie que j’imaginais la soeur cadette en train de prier. Ça a vraiment été une intuition. La religion est ce qui la sauve : Jésus est son seul ami, comme elle le dit à un moment. Cela renvoie à un certain instinct de survie. J’aime réfléchir à ce genre de force qui l’aide à tout surmonter. Il était intéressant de la montrer comme un personnage qui absorbe toute la violence des autres et qui, à la fin, explose. C’est à ce moment-là, enfin, que la mère se rend compte qu’elle est allée trop loin, même si elle ne va pas beaucoup changer après ça.

Comment avez-vous trouvé la jeune actrice ?
Nous avons cherché pendant longtemps et nous avons vraiment eu de la chance de trouver Elli Spagnolo.

Est-ce que le sujet de la musique comme thème central s’est présenté dès le début de la phase d’écriture ?
Stéphanie est chanteuse, alors je me suis dit que ce serait bien qu'elle chante dans le film, je me suis dit que ça produirait un bel effet de contraste par rapport à son côté violent. Au début, elle ne voulait pas, mais ensuite elle a accepté. Le fait qu’elle chante renforce le personnage de l’héroïne, qui a aussi un côté très fragile et doux. Ensuite, chaque génération a sa propre musique qui la représente, et c’est la musique qui constitue le lien entre elles toutes. C’est la seule chose positive que la mère ait partagé avec ses filles. Ça crée aussi un autre lien entre Margaret et son ex.

Est-ce qu’on a besoin de ces lignes, visibles et invisibles, pour pouvoir vivre ?
Oui, je suppose. Il est parfois nécessaire de créer une distance entre soi et quelqu’un ou quelque chose. Dans mon cas, par exemple, j’ai besoin d’une certaine distance pour pouvoir observer la Suisse. Nous avons besoin des lignes, mais nous devons aussi être capables de les franchir.

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(Traduit de l'anglais)

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