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BERLINALE 2022 Encounters

Arnaud des Pallières • Réalisateur de Journal d’Amérique

“Les films d’archives nous donnent accès aux mystères les plus fondamentaux de l’être”

par 

- BERLINALE 2022 : Nous avons discuté avec le réalisateur français pour en savoir plus sur son film-essai à partir d’images d’archives, dix ans après Poussières d’Amérique

Arnaud des Pallières • Réalisateur de Journal d’Amérique
(© Cécile Burban)

Dix ans après s'être immergé en profondeur dans la riche iconographie des États-Unis, à travers ses vidéos amateurs et son historicisation, Arnaud des Pallières revient avec un nouveau film-essai réalisé à partir d'images d'archives. Après Poussières d’Amérique, il s'intéresse dans Journal d'Amérique [+lire aussi :
critique
interview : Arnaud des Pallières
fiche film
]
 au carnet de bord d'un Américain. Inspiré par les écrits de célèbres penseurs et auteurs, il fait un vaste parcours à travers le pays, non seulement au sens géographique mais aussi sur le plan temporel, passant de souvenirs d’enfance à la dévastation de la guerre. Le film a fait sa première dans la section Encounters du Festival de Berlin. Nous avons interviewé des Pallières en ligne.

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Cineuropa : Journal d'Amérique est une suite spirituelle donnée à Poussières d’Amérique. Ce film est-il parti d'images qui vous restaient de son prédécesseur ou êtes-vous reparti de zéro ? Et comment avez-vous décidé quel serait le sujet central ?
Arnaud des Pallières : Je voulais m'essayer à l’expérience du carnet de bord, avec un montage qui se fait au fur et à mesure, qui s'improvise. Je voulais m’asseoir chaque matin à la table de montage, sans savoir ce que nous allions mettre là-dedans, et juste laisser les choses se produire. On ne fait jamais ça au cinéma ; on ne peut pas se permettre d’improviser, de se tromper ou d'échouer, parce que ça coûte cher, de faire un film. Dans notre cas, le projet n'était pas nécessairement de faire un film, c’était de voir de quoi aurait l'air un journal de bord monté à partir d'archives. Pas un journal intime, cependant : je ne voulais pas faire part de mes actions et mes gestes, ou de mes humeurs. Je ne pensais à rien en particulier. Les images, les sons et les fragments de texte se sont assemblés dans mes mains chemin faisant. Un personnage est apparu, et je l’ai suivi aussi loin que je pouvais. Au bout d'un moment, le producteur a dit que c’était un film.

Vous êtes ici le réalisateur et le monteur, mais les images ne sont pas les vôtres. Comme vous le dites vous-même, "ce film est mien et il n'est pas mien". Est-ce que les cartons qui interviennent dans le film s'appliquent à vous, ou est-ce que vous utiliseriez une description complètement différente de vous-même, en l'espèce ?
Qui parle dans le film ? Le réalisateur ? Le narrateur ? Le personnage ? Je ne sais pas. C’est un mystère, je crois, et j’espère que c’est un des charmes du film. Peut-on prétendre, quand on fait un film à partir d’images d’archives, que le film est à nous ? Est-ce que ce n'est pas un peu illégitime que d'affirmer en être l'auteur ? Cela dit, si on y pense, pas plus que pour tout autre film. Dans un documentaire, on ne peut pas prétendre être l’auteur des événements qu’on filme, puisqu’on saisit ce qui est offert à la caméra. Même dans le champ de la fiction, les images et les sons sont le produit du travail des techniciens.

La même chose vaut pour la phrase : "C’est mon enfance et ce n’est pas mon enfance". Il est presque impossible, pour n’importe quel adulte, d’établir un lien entre la personne qu’il est aujourd’hui et celle qu’il était enfant. Nous ne sommes en rien ce que nous étions quand nous étions enfants. Ainsi, les films d’archives nous permettent d’accéder à un des mystères les plus fondamentaux de l’être et de la manière dont toute forme cinématographique essaie d'en rendre compte.

Vous utilisez beaucoup le poisson comme une référence à une connaissance qu’on peut obtenir, et comme synonyme pour les enfants et les hommes. Quel est le symbolisme particulier du poisson ?
Il y a certainement beaucoup à dire sur le symbolisme du poisson, de la mer et de la pêche dans beaucoup de cultures, à travers la littérature et les arts en général, mais ici, il se trouve que se filmer en train d’attraper du poisson était une des activités préférées des Américains du XXe siècle. Certaines de ces images de la mer et de la pêche ont invoqué des histoires que j’ai glanées ici et là au fil de mes lectures, et le poisson est devenu un motif qui parcourt presque tout le film.

Il vous a fallu dix ans pour faire Poussières d’Amérique. Combien de temps vous a-t-il fallu pour faire American Journal ?
Dix ans et dix semaines. Il m’a fallu dix semaines pour produire American Journal, mais le film est fondé sur des matériaux que j’ai collectés sur toutes ces années et qui m'avaient déjà permis de développer mes deux films d’archives précédents : Diane Wellington [court-métrage, 2010] et Poussières d'Amérique [long-métrage, 2011].

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(Traduit de l'anglais)

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