email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

France

Diastème • Réalisateur de Le Monde d’hier

"Un thriller politique, un conte gothique"

par 

- Après Un Français, le cinéaste replonge dans le chaudron politique avec le crépusculaire Le Monde d’hier qui arrive aujourd’hui à l’affiche des salles de l’Hexagone

Diastème • Réalisateur de Le Monde d’hier

Le Monde d’hier [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Diastème
fiche film
]
est le 4e long métrage de Diastème après Le bruit des gens autour [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(2008), Un Français [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(compétition Platform à Toronto en 2015) et Juillet Août [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(2016). Interprété dans les rôles principaux par Léa Drucker et Denis Podalydès, le film piloté par Marielle Duigou et Philippe Lioret pour Fin Août Productions, sort aujourd’hui en France grâce à Pyramide qui s’occupe aussi des ventes internationales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Le Monde d’hier plonge dans les coulisses de la présidence, à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, dans une démocratie d’autant plus menacée par l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite qu’une bombe politique encore secrète s’apprête à démasquer pour corruption le candidat le mieux placé du camp républicain. Pourquoi ce sujet et comment l’avez-vous développé ?
Diastème
 : Quand j’ai eu cette idée, je me me suis dit que c’était un bon sujet pour un thriller politique. J’avais déjà traité ce sujet avec Un Français, mais sous une forme vraiment différente. Ensuite, en termes d’écriture, je m’intéresse à la politique depuis 30 ans, mais je n’avais pas toutes ou pas assez de cartes, donc j’avais besoin de collaborateurs. Or, les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet m’avaient contacté après la sortie de Un Français pour adapter au cinéma un de leurs livres. Ce projet ne s’était pas fait, mais nous étions restés liés, donc je suis allé les voir avec mon idée en leur demandant s’ils accepteraient de travailler avec moi. J’écrivais et tous les 10 jours, je leur faisais lire, on prenait un café, ils me faisaient des remarques, je leur posais beaucoup de questions et nous avons avancé comme cela pendant toute la durée de l’écriture. Ils m’ont apporté des précisions, mais aussi beaucoup de liberté dans l’écriture au niveau du langage. Car je savais que ce serait un film très écrit, très dialogué. Je voulais connaître la manière dont ces gens [ndr. présidente, premier ministre, secrétaire général de la présidence, candidats des partis, etc.] se parlent. Quels sont les liens ? Les rapports protocolaires ? À partir de quel moment ils se vouvoient et se tutoient ? etc. Ils m’ont raconté énormément d’histoires et sur cette base, j’ai imaginé ce que je voulais.

Pourquoi une présidente en fin de mandat et non un président ?
C’était assez pratique car je ne voulais pas du tout que cela soit un film à clé : avec une présidente, on n’aurait pas cette envie de comparer avec quelque président de la Vème République que ce soit. Et surtout, comme j’avais envie d’écrire un drame élisabéthain, avoir une présidente qui s’appelait Elisabeth, cela marchait très bien. J’aimais bien aussi l’idée qu’il n’y ait pas trop de virilité, que ce soit vraiment un combat d’idées entre elle et son secrétaire général surtout. Et même si c’est un thriller politique, un conte gothique, ou ce que l’on veut, dans le sous-texte, c’est également une histoire d’amour.

Le personnage du secrétaire général de la présidence, offre un contraste assez captivant entre sa position de haut fonctionnaire moteur et de rouage de tout, mais gardant néanmoins toujours une bonne dose d’opacité.
C’est l’éminence grise. Sans vouloir donner d’exemples récents, certains sont même allés en prison pour leur opacité. Ce sont des personnages fascinants qu’on peut retrouver dans des films de mafia : ils sont à la fois omniscients et très obscurs. Et dans les faits, le secrétaire général de l’Élysée, même si dans mon film ce nom n’est pas employé puisque je parle de palais présidentiel, est clairement le personnage le plus puissant de France.

Pourquoi le choix de cette forme légèrement décalée par rapport au réalisme qu’est le drame élisabéthain ?
J’avais envie d’une tragédie grecque, d’un drame élisabéthain, de quelque chose de cet ordre là, en tous cas  que le film ne soit pas forcément réaliste, mais qu’il ait la force du drame comme la courbe de l’histoire y menait. C’est aussi pour cela que j’ai aussi appelé le film Le Monde d’hier, en référence à la vie de Stefan Zweig. En plus, il y a une force un peu théâtrale dans le récit puisque tout se passe en trois jours.

Quid de l’atmosphère très crépusculaire ? Le reflet d’une vie politique malade ? Et cette menace de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, est d’un réalisme très contemporain.
Je savais que le film serait très noir. C’était une volonté de départ très liée à la tragédie grecque, mais aussi l’idée cinématographique du film. Pour le reste, quand j’ai écrit Un Français il y a six ans, la montée de l’extrême-droite et du fascisme en général, qu’il soit politique ou religieux, était déjà assez envahissante et cela n’a fait qu’empirer depuis. C’est très difficile pour moi, même en étant réalisateur et scénariste, donc en ayant la possibilité de faire autre chose, de ne pas regarder ce qui se passe dans le monde dans lequel je vis : j’avais du mal à détourner le regard. C’est la plus grande menace à court terme pour notre société.

Quels sont vos prochains projets ? En solo, mais aussi éventuellement pour d’autres puisque vous êtes également parfois co-scénariste ?
Maintenant, je vais faire un peu de théâtre. Au cinéma, mon prochain film sera très différent, de l’ordre de la comédie. Récemment, j’ai aussi écrit pour deux films actuellement en montage : l’adaptation du livre Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson qu’a réalisée Denis Imbert [sous le titre Les chemins de pierre et avec Jean Dujardin dans le rôle principal – lire l’article] et celle du roman La Maison d’Emma Becker pour la jeune réalisatrice Anissa Bonnefont [article]. J’ai la chance qu’on m’appelle beaucoup en tant que scénariste. J’ai quelques amis comme Christophe Honoré (que j’ai crédité sur Le monde d’hier) et Samuel Doux qui font la même chose. Nous nous faisons lire nos projets respectifs, nous échangeons, nous travaillons un peu ensemble. Je trouve d’ailleurs que cela devrait se faire beaucoup plus souvent car c’est bien que ce ne soit pas un métier solitaire, même si ce sont des films d’auteur et qu’on est évidemment auteur à chaque fois de son travail. Le regard de l’autre est toujours intéressant.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy