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KARLOVY VARY 2022 Compétition

Kristina Buožytė et Bruno Samper • Co-réalisateurs de Vesper

“Nous sommes des spectateurs aussi, après tout”

par 

- Nous avons rencontré les auteurs de cet ambitieux film de SF européen, un conte visuellement étonnant situé dans un monde anti-utopique où l’écosystème de la planète a volé en éclats

Kristina Buožytė et Bruno Samper • Co-réalisateurs de Vesper
(© Ieva Jura)

Après la première de Vesper [+lire aussi :
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fiche film
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en compétition internationale au Festival du film international de Karlovy Vary, nous avons rencontré Kristina Buožytė et Bruno Samper. Le duo nous a parlé de cet ambitieux récit de science-fiction, qui est une coproduction entre la Lituanie, la France et la Belgique et raconte l’histoire de la petite fille de 13 ans du titre (Raffiella Chapman), qui utilise son sens de la ressource pour survivre dans les vestiges d’un monde dystopique en train de s’effondrer aux côtés de son père malade, Darius (Richard Brake).

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Cineuropa : Quand et comment avez-vous commencé à imaginer le monde post-apocalyptique de Vesper ?
Bruno Samper :
On travaillait sur les thèmes de la biologie synthétique et de la génétique depuis des années, même avant Vesper. On a essayé de développer plusieurs autres projets après Vanishing Waves [+lire aussi :
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interview : Kristina Buozyte
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[2012], mais beaucoup d’entre eux n’ont pas vu le jour, pour diverses raisons. On a décidé de revenir à nos racines et de faire un film en Lituanie, afin de profiter des atouts du pays et d’optimiser la valeur de la production. Je suis français [Buožytė est lituanienne], mais chaque fois que je suis allé en Lituanie, j’ai été totalement émerveillé par cette atmosphère de conte de fées que le pays possède. On a l’impression d’être dans un conte des frères Grimm. […] On s’est dit : “Essayons de tourner ici". Petit à petit, on a rassemblé nos thèmes et commencé à construire l’histoire. On s'est lancé dans ce projet il y a environ six ans, et les choses se sont accélérées ces deux dernières années.

Kristina Buožytė : On voulait faire un conte de fées, un conte sombre, mais avec un message positif. L’idée principale était que même dans l’obscurité, il y a toujours de l’espoir.

Le film a hérité de qualités, de figures types et de choix stylistiques qu'on trouve dans de nombreux travaux de SF modernes, mais vous êtes parvenus à les assembler de façon unique et très nouvelle. Quelles étaient vos principales références artistiques ?
B.S. :
On en avait beaucoup. On ne voulait pas réinventer le mécanisme, mais créer un conte et travailler avec des archétypes : Jonas [le méchant, joué par Eddie Marsan] est l’ogre typique, par exemple. Nous voulions travailler avec ce genre de simplicité et faire quelque chose d’universel, pour nous concentrer surtout sur l’originalité du monde qu'on composait. Une de nos références était, par exemple, La Planète sauvage de Roland Topor (1973), mais on a eu plusieurs idées provenant d’autres films et documentaires, mais aussi du design, de l’architecture, de la bande dessinée et de la peinture…

K.B. : Il n'y a jamais que le cinéma.

Quelles indications avez-vous données à votre directeur de la photographie et à votre chef décorateur pendant l’élaboration de cette vision inquiétante du futur ?
K.B. :
Bruno collectionne depuis des années des visuels et références “organiques”. Avant même de travailler avec notre chef décorateur et notre artiste-concepteur, on a élaboré une “bible” réunissant des sources d’inspiration pour nous. On a ensuite commencé à collaborer avec un artiste-concepteur lituanien, Vilius Patrauskas. Ce travail a été très fructueux, et on a posé les bases pour la création de ce monde.

B.S. : En Europe, ce n’est pas si commun de travailler avec l’artiste-concepteur pour définir l’aspect visuel du film au préalable. C’est devenu notre plan détaillé, qu’on a pu utiliser pour communiquer avec le directeur de la photographie et le chef décorateur par la suite. […] Le mot clé était “organique”. On voulait que [le public] sente la matière du film, stimuler ses cinq sens à travers l’image. Pour les mêmes raisons, au [chef opérateur] Feliksas Abrukauskas, on a donné en référence, pour les éclairages, des peintres néerlandais comme Vermeer et Rembrandt.

Raffiella Chapman dans le rôle de Vesper fait preuve d’un grand charisme, et son interprétation est de bon augure pour l’avenir. Comment l’avez-vous choisie ?
K.B. :
Quand Bruno a vu Raffiella pour la première fois en vidéo, il a dit : “J’ai rêvé de Vesper comme ça !”. Elle est très déterminée et courageuse, en plus d'apprendre vite et d'être toujours prête à essayer de nouvelles choses. On était très heureux de travailler avec elle.

Comment avez-vous choisi Richard Brake, Rosy McEwen et Eddie Marsan pour leurs rôles respectifs ?
K.B. :
Quand on a vu Rosy, elle nous a époustouflés. Elle a vraiment beaucoup de talent : elle peut être n’importe qui, c'est un parfait “instrument”. Ça a été un plaisir de travailler avec elle. Richard joue habituellement le rôle du “méchant,” mais ici, il avait un personnage totalement différent à incarner. Après la fin du tournage, Richard a dit qu’il ne s’attendait pas à ce que son rôle soit si difficile. Il n’avait aucun moyen de s’exprimer à part ses yeux [Darius est paralysé]. Il n’y a donc aucun endroit où se cacher, vous devez juste être dans le “ici et maintenant” et fonctionner. C’était un vrai défi. Et… Eddie est Eddie [rires] !

B.S. : Chaque fois qu’on regardait ses rushes, on découvrait de nouvelles nuances, des choses qu’on n’avait pas remarquées pendant le tournage. En travaillant sur le montage, on était stupéfaits. Nous sommes des spectateurs aussi, après tout.

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(Traduit de l'anglais par Marine Régnier)

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