email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FANTASIA 2022

Raúl Cerezo, Fernando González Gómez, Javier Trigales et Rubén Sánchez Trigos • Réalisateurs et scénaristes de Viejos

“Nous avons aimé le thème des personnes âgées qui se rebellent contre une société qui les dénigre”

par 

- Les réalisateurs et les scénaristes de ce nouveau film assez tordu, où de vieilles personnes décident qu’elles en ont marre d’être ignorées, nous en parlent

Raúl Cerezo, Fernando González Gómez, Javier Trigales et Rubén Sánchez Trigos • Réalisateurs et scénaristes de Viejos
Les réalisateurs Raúl Cerezo et Fernando González Gómez, et les scénaristes Javier Trigales et Rubén Sánchez Trigos

Les personnes âgées en ont assez d’être ignorées dans le long-métrage espagnol Viejos [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Raúl Cerezo, Fernando Gonz…
fiche film
]
, qui vient d’être projeté au Festival international Fantasia. Une famille y vient lentement à un constat simple : après la mort de la grand-mère, le grand-père (Eguileor Zorion) ne se sent pas tellement bien non plus, et il répète continuellement à ses enfants et petits-enfants qu’ils vont mourir. Raúl Cerezo et Fernando González Gómez, les réalisateurs du film, et Javier Trigales et Rubén Sánchez Trigos, les scénaristes, nous en parlent.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Nous avons tous une relation compliquée avec le troisième âge, c’est indéniable. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’explorer ce sujet ?
Raúl Cerezo :
Tout a commencé avec un court-métrage. Pendant très longtemps, tout ce qu’on avait, c’était la scène du dîner, quand le grand-père annonce comme si de rien n’était à sa famille qu’ils vont tous mourir. Nous avons aimé l’idée et continué à la développer. Nous avons aussi aimé le motif des personnes âgées qui se rebellent contre une société qui les rabaisse.

Fernando González Gómez : Ce qui est vraiment terrifiant, quand on pense que tout est parti d'une idée développée il y a dix, c'est que la position de nos aînés reste exactement la même, du moins dans notre société.

Javier Trigales : Il y a aussi une autre raison, d'ordre cinématographique : nous adorons les films d’horreur et nous adorons voir ces gens assis dans le noir, comme connectés à la mort. Nous avons pensé à des films comme The Shining, Rosemary's Baby ou Poltergeist 2, qui comportait le personnage puissant du Révérend Kane. Ils sont plus proches de la mort, pourrait-on dire, donc ils amènent quelque chose de plus sombre à ces histoires.

Oui, mais on se sent presque coupable d'avoir peur d"eux. Après tout, ils sont juste plus vieux !
Ruben Sanchez Trigos : Nous voulons respecter les vieilles personnes mais encore une fois, quand on pense à une histoire comme Rosemary’s Baby, on voit qu'ils peuvent aussi cacher des choses. C’est la même chose dans ce film. Au bout du compte, on a peur de quelque chose qu'on ne devrait pas craindre.

R.C. : C’est pour cela que le titre du film en espagnol est un peu péjoratif. Il y a de nombreuses années, j’ai parlé à une grosse société de production latino-américaine. Quand j’ai pitché l’idée, ils ne se sont pas montrés intéressés du tout : ils ne voulaient montrer cette image des personnes âgées. Ça les dégoûtait, même. Le fait qu’ils le ressentent ainsi m’a donné encore plus envie de travailler sur ce scénario.

C'est en réponse à cela que vous avez ajouté une scène de nudité qui ne cache vraiment rien ?
F.G.G. :
Pour montrer qu’ils avaient tort, oui ! Il me semblait important de montrer ça aussi, parce que c’est naturel. C’est la vie. C’est des gens qui vieillissent. Du côté de Zorion, qui est un acteur hors pair, quand nous avons tourné la scène de la douche, les gens courait vers lui pour essayer de le couvrir. Il a refusé et continué de se trimbaler complètement nu [rires]. Pour lui, ce n’était pas un problème. Quant aux autres, nous avons dû leur faire comprendre que c’était important. Nous voulions vraiment prendre soin de ces personnages, nous assurer qu'ils cadrent tous avec ce monde.

J.T. : C’est important, aussi parce que le corps change énormément quand on vieillit. Il est plus faible, on devient malade, on ne reconnaît pas son reflet dans le miroir. Ça reste un tabou dans notre culture, donc nous voulions mettre ça en avant.

R.S.T. : J’avais toujours trouvé terrifiante la scène de The Shining où une jeune femme dans une baignoire vieillit soudain très rapidement. Elle me faisait plus peur que les jumelles ! À cause de la manière dont le film montre son corps.

F.G.G. : Il y a des scènes qui expriment une vulnérabilité dingue : quelqu'un est exposé, là comme ça, et soudain, il ne s'agit pas juste de quelqu'un de "fou". C’est un vieil homme qui parle à une petite fille du passé. On voit cette évolution dans le film, tous ces différents moments. On voit qu’il demande à sa petite-fille : "Combien de fois je t’ai dit ça ?". "Beaucoup", dit-elle, et il dit : "Merci". Il est reconnaissant, parce que normalement, les gens se contentent de se montrer agacés d’entendre la même histoire encore et encore.

L'idée, c'est que si on ne peut pas faire confiance à nos aînés, à qui, alors ? Mais la famille ne constitue pas ici une protection.
R.C. :
En effet, la famille qu'on montre dans le film est brisée. Ils ont une foule de problèmes, et d'un coup tout finit par imploser, mais ce qui est très révélateur, c’est qu’il ne se soutiennent pas vraiment les uns les autres. Chacun gère ses problèmes seul.

F.G.G. : Nous voulions prendre le temps de faire monter la tension. Ils dînent et puis quelque chose de bizarre se produit. Ils regardent par la fenêtre et quelque chose de bizarre se produit. Des tas d’éléments se mettent à envahir cette routine quotidienne normale. Ils prennent de l'ampleur et très vite, il devient clair que quelque chose se passe, quelque chose de plus grand. Le problème n'est pas seulement que leur grand-père est soudain devenu fou.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy