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LOCARNO 2022 Piazza Grande

Delphine Lehericey • Réalisatrice de Last Dance

“Entre La Ribot et moi, ça a été un coup de foudre professionnel : on était comme des soeurs de travail”

par 

- Entretien avec la réalisatrice suisse installée en Belgique sur la manière dont les univers de la danse contemporaine et du cinéma se fondent parfaitement l’un dans l’autre dans cette histoire d’amour

Delphine Lehericey • Réalisatrice de Last Dance
(© Antonella Tarantino)

La réalisatrice suisse Delphine Lehericey a présenté son nouveau film, Last Dance [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Delphine Lehericey
fiche film
]
, au Festival de Locarno dans la section Piazza Grande. Nous l’avons interrogée sur son lien avec la chorégraphe espagnole installée en Suisse La Ribot et sur le fait que son grand-père a été une des principales sources d’inspiration pour ce film.

Cineuropa : Que représente la madeleine géante à laquelle rêve le personnage au début du film ?
Delphine Lehericey:
Je voulais ouvrir le film sur un rêve, de manière à ce que le ton de l’histoire soit clair d’emblée. L’aspect comique est là dès le départ. Je voulais montrer que le héros a un côté surréaliste et qu’il va vivre des aventures assez décalées.

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Qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?
Cela faisait un certain temps que j'essayais d’écrire une comédie. Au début, j’ai songé à faire un road movie, et puis ensuite j’ai compris que j'avais envie de concentrer sur un personnage âgé. Mon grand-père m'a fortement inspirée. Il m’a fait réfléchir à mes origines. Or mes origines sont aussi dans le monde du spectacle et de la danse contemporaine. Je suis convaincue que tout le monde peut danser, c’était une des idées principales quand j'ai entrepris de faire ce film.

Qu'est-ce qui vous a amenée à travailler avec la chorégraphe La Ribot ?
J’avais déjà écrit le personnage de la chorégraphe avant de la rencontrer et avant que nous décidions de travailler ensemble. Comme première source d’inspiration, j’avais pensé à la chorégraphe française Mathilde Monnier, mais ensuite j’ai vu plusieurs spectacles de La Ribot et j’ai beaucoup aimé, parce que je pense qu’il y a une complexité intéressante dans son travail. Elle est très intelligente et elle a le sens de l’humour. Entre nous, ça a été un coup de foudre professionnel, on était comme des sœurs de travail. Nous avons développé le film à partir d'anciens spectacles de La Ribot, avec les danseurs de sa compagnie. C’était formidable de faire se rencontrer ces deux mondes que sont la danse et le cinéma.

Pourquoi avez-vous choisi François Berléand pour jouer le rôle principal ?
J’aime la délicatesse et en même temps le côté burlesque de son jeu. Il n’a pas peur de paraître ridicule, il donne tout dans ses rôles. De plus, il était parfait physiquement. Il a un "non-corps" : il ne sait pas danser, il est assez maladroit. Seule la chorégraphe voit quelque chose de spécial en lui, voit qu’il y a des émotions dans son corps. Il est impossible de l’imaginer en train de danser au début, mais à la fin, il y parvient et émeut sa famille.

Vous racontez une histoire d’amour tendre. De quoi vous êtes-vous inspirée ?
Avant toute chose, je suis passionnée de lectrice, et je suis particulièrement férue des romans épistolaires. C’est pour cela que j’ai inséré une référence à Proust, par exemple. Mais au-delà de ça, là aussi, mon grand-père a été une importante source d’inspiration pour moi. Pendant le confinement, mon grand-père et ma grand-mère ont été séparés parce que ma grand-mère est tombée malade. Mon grand-père lui a écrit tous les jours, souvent des choses simples et quotidiennes, comme dans le film. À ce moment-là, j’étais en train d’écrire le scénario et ça m’a beaucoup touchée. Je me suis rendu compte que dans le deuil, il n’y a pas que de la souffrance : il peut aussi y avoir une aventure plus positive.

La famille est un sujet important dans vos films.
Oui, la famille m'inspire beaucoup et me fait penser à des images cinématographiques. La famille est la plus grande comédie, dans la vie. Quel que soit l’âge qu’on a, on reste les enfants de nos parents, même si on se traite, entre nous, comme les adultes que nous sommes vraiment.

Comme dans votre film précédent, vous réunissez ici des acteurs de plusieurs pays francophones. Ça semble fonctionner harmonieusement.
J’aime travailler avec des acteurs de France, de Belgique et de Suisse réunis, c’est un mélange fantastique. Je cherche à faire un cinéma européen plus que français. À vrai dire, je suis beaucoup plus inspirée par les comédies britanniques et italiennes que par les françaises, par exemple.

Est-ce que vous vous reconnaissez dans un des personnages ?
Un petit peu dans chacun, en fait, mais j'aime à penser que je suis comme la petite fille du personnage principal, qui est très proche de son grand-père et prête à être sa complice.

Il y a deux lieux de tournage principaux : l'appartement et le théâtre. Comment avez-vous procédé pour créer un lien visuel entre ces deux endroits ?
Nous avons organisé deux tournages séparés et j’étais un petit peu préoccupée par rapport à la manière dont nous allions faire s'emboîter les deux parties. Le lien est venu principalement à travers les couleurs. Dans l’appartement, il y a beaucoup de marron et de violet et les couleurs de La Ribot, qui a à mes yeux quelque chose d'almodovarien, sont similaires, avec plus de rouge.

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(Traduit de l'anglais)

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